Avec une population de moins de 12 millions d’habitants et un PIB de 10,35 milliards de dollars en 2018, le Bénin est souvent éclipsé par son immense voisin, le Nigéria. Pourtant, alors que les pays africains tentent de revitaliser leur secteur énergétique, de mobiliser des capitaux privés et de développer l’électricité à partir du gaz, c’est en Afrique de l’Ouest et au Bénin que les observateurs devraient se mettre à la recherche de bonnes nouvelles.
Par Mickaël VOGEL
ENERGIE – Avec les réformes législatives récentes et une volonté politique forte, le petit pays d’Afrique de l’Ouest renforce sa position de capitale du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain (EEEOA) et se positionne comme une grande plaque tournante du gaz et de l’électricité dans la sous-région.
Le 24 juillet, Total a signé un accord de fourniture de gaz et un accord-cadre avec le Bénin et sa Société béninoise d’énergie électrique (SBEE).
L’accord prévoit la mise en place d’un terminal flottant d’importation de gaz naturel liquéfié de 0,5 mtpa pour un coût de 51 milliards de francs CFA (78 millions d’euros), le premier en Afrique de l’Ouest. Les approvisionnements en GNL provenant du portefeuille mondial de Total devraient commencer en 2021 et durer 15 ans.
Ce n’est pas une mince affaire pour une région qui a tenté à plusieurs reprises de développer son infrastructure de GNL pour alimenter des projets de génération d’électricité, mais qui est restée confrontée à des défis de financement, de manque d’infrastructure et de réglementations jugées inappropriées.
Entre la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Sénégal, jusqu’à 7 750 MW d’installations de conversion du gaz en électricité pourraient être installés d’ici 2030, d’après Power Africa.
Cependant, en pratique, des approvisionnements irréguliers provenant du gazoduc ouest-africain, l’absence d’infrastructures gazière et de transport et de distribution d’électricité, des structures de tarification peu attrayantes et des stratégies nationales dépassées font que ce potentiel risque de rester sous-exploité.
Dans ce contexte, la signature récente d’accords avec Total donne de l’espoir à une région avide d’énergie. C’est d’abord le résultat d’une volonté politique forte.
Sous la direction du Président Patrice Talon, le Bénin a mis en œuvre un Plan d’action gouvernemental solide depuis 2016, qui fait de la revitalisation du secteur de l’énergie du pays et du capital privé des piliers du développement économique.
La formule fonctionne : le Bénin a enregistré une croissance de près de 7% l’année dernière et devrait croître de 6,5% cette année (FMI), ce qui le place dans le top 15 des économies les plus dynamiques du monde.
Et la vision politique a conduit à une amélioration du climat des affaires.
Le Bénin a révisé son Code de l’électricité, et son Conseil des ministres a approuvé le mois dernier le nouveau cadre d’intervention pour les producteurs indépendants d’électricité, améliorant les conditions d’investissement et d’opération des investisseurs privés dans le secteur de l’électricité du pays.
En conséquence, l’accord avec Total ne se traduira pas seulement par le développement du premier terminal d’importation de GNL d’Afrique de l’Ouest, à moins que les projets similaires du Ghana ne voient le jour avant 2021, il ravive également l’espoir de voir du GNL propre alimenter les futurs foyers et industries de la région.
Le nouveau projet d’importation de gaz alimentera en effet des centrales électriques béninoises, comme la nouvelle centrale de 127 MW de Maria Gléta, avec l’infrastructure de regazéification développée et exploitée par Total.
L’Afrique subsaharienne dispose actuellement d’une capacité de production d’électricité à partir du gaz d’environ 18 000 MW, dont 70% est installée au Nigéria.
Sur la base de réserves connues, il existe un potentiel d’environ 400 GW de capacité de production d’électricité à partir de gaz en Afrique subsaharienne, avec un potentiel de développement de 16 GW d’ici 2030.
Selon Power Africa, une telle capacité supplémentaire de transformation du gaz en électricité nécessiterait un investissement de 113 milliards de dollars en infrastructures, de 35 milliards de dollars en création de demande, et 28 milliards de dollars en génération d’offre.
Avec son équipe d’avocats et d’experts en gaz et électricité, Centurion (CenturionLG.com) est prêt à aider les régulateurs, les développeurs et les financiers à concrétiser cette ambition.