La torture a “beaucoup diminué” dans les prisons sénégalaises, même si les mauvaises conditions de détention peuvent être considérées comme une forme de “maltraitance”, a affirmé lundi à Thiès, l’Observateur des lieux de privation de liberté (ONLPL) Josette Marceline Lopez Ndiaye.
TORTURE – “Sans nous vanter, nous pouvons dire qu’elle (la torture) a beaucoup diminué”, a dit Mme Ndiaye, en marge d’une session de formation de cinq jours à l’intention de 500 élèves agents de police de la 45-ème promotion de l’Ecole nationale de police et de la formation permanente. L’atelier se déroule à l’annexe de l’Ecole nationale de police de Thiès.
“Nous avons parcouru presque tout le Sénégal. Nous n’avons pas rencontré beaucoup de cas de torture”, a-t-elle indiqué, avant d’ajouter : “On ne peut pas dire qu’elle ait disparu, mais en tout cas les cas de torture ont diminué”. Josette Marceline Lopez Ndiaye a été nommée à la tête de l’Observatoire des lieux de privation de liberté en 2017, en remplacement du premier à occuper ce poste, le magistrat Boubou Diouf Tall.
“La torture, a dit l’ONLPL, se définit comme le fait pour un agent public d’exercer volontairement des violences physiques ou psychologiques sur une personne dans le but d’obtenir d’elle des renseignements ou des aveux, de lui faire subir des représailles ou des actes d’intimidation ou de discrimination quelconque”.
“C’est une méthode, hélas, utilisée jusqu’à présent par les forces de l’ordre”, a-t-elle relevé. Josette Marceline Lopez Ndiaye a rappelé les cas de “Dominique Lopy, décédé des faits de tortures dans les locaux du commissariat de Kolda 13 avril 2007, Ibrahima Samb, qui aurait été torturé à mort par quatre policiers à Mbacké en 2013”.
Le dernier en date est celui de Saliou Sarr “qui aurait perdu la vie, suite à des brûlures causées par une matraque électrique au commissariat d’arrondissement de Thiaroye 14 juillet 2018”. “A part la personne morte d’électrocution, on n’a pas connu beaucoup de cas de torture. Il y a des gens qui meurent en prison, mais ils ne meurent pas à cause des tortures, mais parce qu’ils sont malades”, a dit l’ONLPL.
Elle dit suivre ces différents cas, en se rendant sur les lieux, pour déterminer les causes de décès de ces personnes, qui “en général” sont liées à la maladie, selon elle.
“Le respect des droits humains par ceux qui détiennent la puissance publique ne va pas de soi”, a-t-elle cependant fait valoir, se disant “convaincue que c’est uniquement par le bais de la formation, voire de la sensibilisation que nous pouvons inculquer aux agents d’exécution des lois la culture des droits humains”.
De cette manière, on arrive à ériger “un rempart contre toute atteinte à la dignité humaine”, a-t-elle poursuivi.
Source : APS