LEADERSHIP – L’élection ce vendredi à Erevan, en Arménie, de la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Mme Louise Mushikiwabo, 57 ans, au poste de Secrétaire général de l’Organisation de la francophonie, a confirmé le leadership sans égal du président Paul Kagamé sur le continent africain et ses intentions affirmées dans la géopolitique mondiale. Même la France, jadis régisseur en force et sans fioritures des affaires africaines auxquelles elle accorde toujours son regard de maître unilatéral, s’est mise dans les rangs. Pour plaire et faire les yeux doux à un chef d’Etat africain, qui a pris le loin de se mettre en évidence, d’avoir surtout de la consistance là où ses pairs du continent en souffrent beaucoup. Pour des raisons aussi évidentes que leurs économies extraverties et les conflits internes orchestrés depuis les bureaux hexagonaux et d’ailleurs, ne leur permettent pas de s’inscrire dans une démarche indépendante. Pris de plus entre les feux des recommandations affligeantes des politiques d’austérités et de nationalisation tous azimuts imposés par les bailleurs de fonds et institutions monétaires, bien nombre de chefs d’Etat africains, plus enclins à s’agripper au pouvoir qu’à fortifier les institutions, procéder aux réformes et assurer le développement des masses, n’ont pas vu Paul Kagame et son plan personnel de trôner sur le continent. Après avoir procédé au branding national de son pays dans le monde du foot anglais, fait parler de lui dans tous les journaux, chaînes radio et tv du continent, Paul Kagame qui s’est refait une virginie en dépit de ses relations difficiles avec les droits de l’homme dans son pays; de sa proximité avec la problématique congolaise en RDC, impose sa ministre des Affaires étrangères à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis ce vendredi lors du Sommet d’Erevan, en Arménie. Une élection qui offre non seulement un succès diplomatique de premier ordre au Rwanda, mais encore, montre l’influence que le premier Rwandais compte imprimer sur le continent après ses efforts personnels. Kagame veut briller en Afrique. Conscient que la disparition du patriarche Nelson Mandela laisse un vide qu’il faut combler, le premier Rwandais s’est mis en ordre de bataille pour aller chercher la couronne du roi d’Afrique, aimé des peuples noirs en mal de champions politiques nationaux. Une victoire personnelle en l’occurrence pour le président Kagame sur ses pairs africains, il est vrai plus démocrates et donc plus fragiles. Tout le monde en Afrique n’a pas connu les tourmentes et le génocide rwandais en 1994. Ailleurs sur le continent, il n’y pas de quoi mettre un flic et une surveillance suffocante derrière chaque Sénégalais, Kenyan, ou Malien. Cela dit, comment les Africains francophones ont-ils pu aussi dire oui à Kagame pour la francophonie alors qu’il a décidé de tourner le dos à la langue française en 2008 au profit de l’anglais, pour des raisons dont on pourrait convenir mais qu’il conviendrait d’assumer aussi ! Le grand écart entre le Commonwealth, dans lequel il fait entrer son pays en 2009, et la Francophonie, qu’il harponne par le sommet depuis ce vendredi, montre renseigne sur la détermination du leader à placer son pays et ses intérêts au dessus de tout. Croire que Kagame lutte pour le continent c’est faire fausse piste. Le Commonwealth ne règle pas tous ses besoins et Kagamé n’a pas le même impact dans sa zone anglophone plus fermée et surtout monétairement plus instable que les zones CFA, surtout en Afrique de l’Ouest. Faut-il rappeler que Nigerians, Marocains, Tunisiens, et maintenant Gabonais et Egyptiens installent des banques dans les zones CFA. Au leadership politique, s’ajoute le besoin du leadership économique dans lequel s’inscrit une économie rwandaise pour s’implanter, devenir concurrentiel et servir sa population sensiblement égale à celle du Sénégal, avec un territoire 8 fois plus petit que le nôtre, un PIB deux fois moins important tout comme le budget que celui de notre pays. Sacré Kagame ! Charles FAYE ]]>
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