FINANCE – En dépit d’un intérêt « de plus en plus croissant », la finance islamique reste au stade embryonnaire au Sénégal où le secteur bancaire est en croissance avec un total bilan de 6 238 milliards de FCFA à fin décembre 2016(Rapport annuel de la Commission Bancaire 2016- Site BCEAO), rapporte le spécialisé en économie Financial Afrik visité ce vendredi par Maderpost.
Le secteur compte actuellement 25 banques et 4 établissements financiers et les données sur la Finance Islamique sont très modestes comparées à celles de la finance classique.
Il s’agit de la Banque Islamique du Sénégal, et la Branche Islamique de Coris Bank International du Sénégal CBI Baraka dénommée CBI BARAKA.
Concernant les acteurs de la micro finance, seul le Partenariat pour la Mobilisation de l’Epargne et du Crédit Au Sénégal (PAMECAS) est actif à travers son Département Finance Islamique (DEFI), la Mutuelle d’épargne de Crédit Islamique du Sénégal (MECIS) ayant suspendu ses activités, nous apprend le site spécialisé.
Relevant que sur le secteur de l’intermédiation financière CGF Bourse a mis sur le marché une offre de Fonds Communs de Placement(FCP) conformes charia dénommée « FCP Al Baraka », auxquels viennent s’ajouter les offres de TAKAFUL avec la société SEN ASSURANCES à travers SENVIE qui est une solution d’assurances vie conforme aux principes et règles de la Finance Islamique.
Pourtant, les Etats de l’UEMOA ont « montré » un intérêt de plus en plus pour les produits de la Finance Islamique, en l’occurrence les obligations conformes charia, les Sukuk. L’Etat du Sénégal est à sa deuxième émission, qui lui a permis de lever des fonds pour soutenir sa croissance pour un Sénégal émergeant.
Sur le plan de la formation, trois programmes de masters sont disponibles à ce jour. Il s’agit du Master en Finance Islamique lancé par l’Institut de Formation en Administration et en Création d’Entreprises (IFACE) de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de l’UCAD, en partenariat avec CIFIA Academy ; le Master en Finance Islamique lancé par le CESAG en partenariat avec la BID et celui initié par BEM Management business School.
Le Sénégal constitue aujourd’hui une place de référence de l’espace UEMOA dans l’offre de produits financiers islamiques.
Toutefois, force est de reconnaitre que cette offre reste encore limitée pour une population de seize (16) millions d’individus, à 95% de confession musulmane. Des résultats d’études (Rapport 2011-2012 relatif à l’étude sur la revue du cadre réglementaire du système financier en vigueur pour le développement de la finance islamique au sein de l’UEMOA commanditée par le Ministère de l’Economie et des Finances du Sénégal) disponibles confirment l’existence du besoin qui tient d’abord au faible taux d’inclusion financière(enquête sur la situation de Référence de l’Inclusion Financière au Sénégal (ESRIF) commanditée en 2017 par le Ministère de l’Economie et des Finances du Sénégal dans le pays). Le taux de bancarisation à fin Décembre 2016 ressort à 18,5%(note d’information 4ème trimestre 2017 N° 52 de la BCEAO – Site BCEAO)
Les résultats d’une enquête sommaire témoignent d’un intérêt pour 61.5% de l’échantillon interrogé.
L’offre de produits financiers constitue une réelle opportunité pour ceux qui désirent mener des activités financières en conformité avec leurs convictions religieuses ou tout simplement pour sa qualité de service (la Finance islamique : enjeux et opportunités au Sénégal : mémoire de fin d’études 7ème promotion 2012-2014 du CESAG de M Ibra Ndiaye sous la direction de Dr Abdou Diaw).
Le marché sénégalais de la finance islamique a un bel avenir devant lui. En effet avec l’entrée en vigueur le 21 Mars 2018 du cadre règlementaire, une population à majorité musulmane(95%), la finance Islamique à travers ces différents instruments constituent une véritable opportunité pour le financement de l’économie, la relance de l’emploi, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie des citoyens et le développement des régions les plus défavorisées.
Pour atteindre ces résultats, il appartient aux différents acteurs de mettre en place un cadre propice pour une bonne vulgarisation par la sensibilisation et la communication.
La finance islamique vise l’ensemble des activités financières et commerciales qui respectent les principes du droit et de la jurisprudence islamiques, communément appelés Charia ou loi islamique. Elle est une finance éthique, non spéculative et basée sur l’économie réelle.
La BCEAO dans son Instruction 002-003-2018 rentrée en vigueur le 21 Mars 2018 distingue deux catégories les Etablissement de Crédit exerçant exclusivement l’activité Bancaire conforme aux principes et règles de la Finance Islamique et les Etablissements de Crédit l’exerçant partiellement à travers une Branche dédiée.
Dans l’espace UEMOA, les expériences dans le secteur bancaire restent limitées à la Banque Islamique du Sénégal, la Banque Islamique du Niger, et plus récemment celle du Groupe Coris avec la mise en place de la Branche Islamique à CBI SA en Juillet 2015, suivie de celle du Mali et du Sénégal en Mai 2018, la Côte d’Ivoire et le Bénin en Juin 2018.
L’un des grands problème de la Finance islamique au Sénégal réside certainement dans la faiblesse de sa communication auprès des masses et de la classe intermédiaire. L’absence de liens avec les medias et services hors médias, l’explique sûrement.
Ass NDIAYE avec Financial Afrik