Le Premier ministre sénégalais a sèchement répliqué au chef de l’État de la République française Emmanuel Macron à la suite d’un discours au cours duquel il a affirmé que des gouvernants de l’Afrique de l’Ouest ne seraient pas « aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région. »
POLITIQUE EXTERIEURE – Les prochaines heures seront non seulement à surveiller entre la France et certains pays de la sous-région, notamment les membres de l’Alliance des Etats du Sahel, mais encore entre l’Elysée et le Plais de l’ex-avenue Roume, particulièrement après la réplique salée du Premier ministre Ousmane Sonko au chef d’Etat Macron.
Dans un post sur sa page Facebook, le Premier ministre a rappelé dans la soirée que la décision de mettre un terme à la présence de militaires étrangers et donc français sur le sol sénégalais « découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain ».
« Le Président Emmanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France.
Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur de l’annonce à ces pays africains.
Je tiens à dire que, dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée.
Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain », dit Ousmane Sonko.
Le Premier ministre sénégalais est allé plus loin, faisant la leçon à Emmanuel Macron.
« Il déclare, enfin, ‘qu’aucun pays africain ne serait aujourd’hui souverain, si la France ne s’était déployée’. Constatons que la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. »
Sonko de poursuivre : « Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel ».
« C’est enfin le lieu de rappeler au Président Macron que si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la deuxième guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, Allemande. », conclut le chef du gouvernement sénégalais.
C’est la première fois qu’un président de l’hexagone tient ouvertement un discours aussi antagoniste vis-à-vis des anciennes colonies et reçoit de la part d’une haute autorité sénégalaise une réplique aussi cinglante.
Par ailleurs, les réactions sur le continent sont unanimes. Macron est « allé trop loin ».
« Non, la France n’est pas en recul en Afrique, a affirmé le chef de l’État. Elle est simplement lucide, elle se réorganise. On a choisi de bouger, parce qu’il fallait bouger. Nous avions une relation sécuritaire. Elle était de deux natures, en vérité : il y a une partie, c’était notre engagement contre le terrorisme depuis 2013.
On avait raison. Je crois qu’on a oublié de nous dire « merci ». Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme.
Mais je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage vis-à-vis de leurs opinions publiques de le porter : aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région. », avait dit des heures avant le président français en ouverture de la conférence des ambassadeurs, ce 6 janvier 2025 à Paris.
Maderpost