Dans sa déclaration de politique générale (DPG) devant les députés de la XVème législature, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé sept (7) ruptures majeures, que le Sénégal mettra en valeurs pour redéfinir ses orientations économiques, politiques et sociales entre autres.
GOUVERNEMENT – Le Premier ministre a procédé, ce vendredi, à sa déclaration de politique générale devant les députés de la 15e législature. A l’entame de son propos, Ousmane Sonko a annoncé 7 ruptures, relayées par Actusen ci-dessous et reprises par Maderpost.
La première, c’est le retour de l’ambition : nous sommes capables de nous développer, et nous ne le ferons que par nous-mêmes. L’histoire sur les 2 derniers siècles fleurit d’exemples de Nations qui ont su en une à deux générations passer de la pauvreté absolue au développement, où du « tiers au premier monde » pour citer ’ancien Premier Ministre de Singapour Lee Kwan Yew. Voilà l’ambition que nous avons pour notre pays.
Pour cela, nous devons commencer par nous regarder autrement, pour croire en nous-mêmes : 3 siècles de traite, d’asservissement et de dépendance ont sournoisement diffusé un « complexe du colonisé ». Nous devons en sortir et inculquer à nos enfants une culture de fierté et d’ambition. Nous devons en outre sortir de la défiance mutuelle et voir l’avenir en confiance. Nous devons avoir une confiance paisible mais inébranlable en nous-mêmes et au génie de notre Peuple : confiance en nos compétences locales pour penser notre développement, confiance en notre secteur privé national, dans le cadre d’un patriotisme économique réfléchi, stratégique et assumé, pour valoriser pleinement nos ressources locales et développer des moteurs de croissance endogènes et compétitifs
Passage d’une logique d’urgences et de saupoudrage à court terme à une logique de vision et de planification à long terme
La seconde rupture est celle du passage d’une logique d’urgences et de saupoudrage à court terme à une logique de vision et de planification à long terme : Si nous voulons être développés dans une (1) à deux (2) générations, c’est maintenant qu’il faut définir ce que nous voulons devenir, et commencer pas-à-pas, mandat après mandat, à poser les briques successives vers ce Sénégal de demain. Nos classes politiques ont pris l’habitude de faire miroiter des miracles d’ici la prochaine élection. Comme nous avons des élections, tous les deux (2) à cinq (5) ans, la vision et l’action sont focalisées sur le court terme. Dès lors, en lieu et place d’une vision ambitieuse, construite progressivement et méthodiquement, nous voyons une ribambelle de projets, d’urgence parfois douteuse, qui poussent comme des champignons et évoluent au fil de l’actualité et des inaugurations sur catalogue.
Au final, l’action publique se résume essentiellement à du saupoudrage : elle mobilise le temps et l’énergie de nombreux acteurs, coûte cher, mais a peu d’impact. Ainsi, en rupture avec cette culture, notre gouvernement définira de façon précise le Sénégal que nous voulons pour demain, non pas en nous confinant à deux (2) ans, cinq (5) ans, ou la prochaine élection, mais armés d’une vision à vingt-cinq (25) ans, qui nous permette de nous attaquer de façon résolue aux batailles prioritaires pour sa mise en œuvre
Une logique des dépenses à une logique de résultats
La troisième rupture est celle d’une logique de dépenses à une logique de résultats. Le sentiment largement diffusé aujourd’hui, c’est que l’impact d’une activité se mesure aux montants dépensés. Ce qui compte, ce n’est pas de dépenser des milliards, c’est de bien dépenser, pour changer dans les faits, et pour le mieux, la vie de chaque Sénégalais. Ainsi, notre gouvernement travaillera à réorienter notre administration vers une culture de résultat. Notre priorité, ce ne sera plus combien de milliards ont été dépensés, mais bien l’impact relatif de chaque franc dépensé. Nous allons bâtir un État sénégalais capable, avec moins de faire mieux.
Du reste, cette logique du résultat et de l’impact ne sera pas seulement valable pour les dépenses issues de nos ressources publiques, elle le sera tout autant pour les ressources issues de nos partenaires au développement. A cet effet, nous avons commencé à mettre en place un nouveau dispositif d’identification et de sélection des investissements publics, en évitant d’engager des opérations d’investissements que le secteur privé pourrait et devrait réaliser.
La quatrième rupture : d’une logique de gestion partisane à une logique de participation citoyenne. Nous ne voulons plus d’une gestion du pays qui se résume à la gestion partisane d’une clientèle politique. Nous ne voulons plus d’un pays où les richesses sont accaparées par un clan. Nous voulons au contraire un Sénégal où les ressources du pays sont gérées au profit de tous, et où le mérite est plus important que l’appartenance familiale, ethnique ou politique.
Une logique de gestion partisane à une logique de participation citoyenne
La cinquième rupture consacre le passage d’une gestion centralisée à outrance à une logique de gestion déconcentrée, disons territorialisée. Faire reculer le centralisme au profit de la gestion de proximité. Notre action sera, dès lors, de procéder à de profondes réformes en matière de décentralisation, de fiscalité et de gestion budgétaire entre autres, afin de libérer le potentiel de nos terroirs. Au sein de ces pôles, les villes-épicentres seront au cœur de la nouvelle stratégie ; elles bénéficieront d’investissements conséquents en matière d’eau et d’assainissement, d’électrification, de gestion des déchets, d’infrastructures de transport et numérique et j’en passe. Dans la même foulée, la décentralisation sera approfondie, en renforçant les compétences, les capacités et les moyens financiers des collectivités territoriales. La charte de la déconcentration sera intégralement mise en œuvre, afin de rapprocher l’Administration des usagers du service public
La sixième rupture consiste à bannir la logique d’accaparement au bénéfice d’une minorité au profit d’une logique d’équité et de justice.
La reddition des comptes, puisque c’est de cela qu’il s’agit, ne doit plus être perçue comme une exception aux règles de gestion de la chose publique, mais plutôt un principe de transparence et une exigence de gouvernance. Nous nous inscrirons dans ce cadre, aussi bien pour l’audit de l’utilisation des fonds publics, antérieurement à notre arrivée au pouvoir, que pour la gestion des affaires publiques durant les années de notre gouvernance. L’Etat veillera à ce que les structures de contrôle et les juridictions compétentes puissent exercer leurs missions respectives, conformément aux lois et règlements, mais également en application des principes de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence. Nous mettrons ainsi en œuvre les conclusions des Assises de la Justice ayant fait l’objet de consensus, et poursuivrons les consultations et le dialogue pour bâtir un pacte social durable. Nul ne pourra désormais se prévaloir d’une proximité partisane pour accéder à des faveurs indues ou se protéger de sanctions méritées.
Enfin, la septième rupture implique le passage d’une Administration bureaucratique à une Administration moderne et performante.
L’Administration doit être le fer de lance de la conduite du changement auquel nous invite le Chef de l’Etat. Elle sera plus attentive et orientée vers la satisfaction de l’usager. Le clientélisme y sera aboli.
Maderpost