Comme il y a dix ans en Espagne, lorsque le Sénégal participait pour la quatrième fois en Coupe du monde de basket, les Lions de Desagana Diop qui défendent les couleurs nationales dans les qualifications de la prochaine Coupe d’Afrique ont rencontré les mêmes galères, revivant les humiliations de leurs aînés, comme si jouer pour leur pays n’est rien d’autre que de vivre la répétition des ratés administratifs et financiers.
BASKET – Alors que les Sénégalais se félicitaient de la troisième victoire consécutive de l’équipe nationale de basketball à domicile lors de la troisième journée des éliminatoires de l’AfroBasket masculin 2025, Desagana Diop artisan de ces performances encourageantes, vivait les incohérences de la gestion du sport de haut niveau dans son pays.
En patriote, le technicien s’est tu, avalant la gamelle, mais une fois les bons points arrachés au Cameroun (87-83) après la promenade de parquet face au Rwanda et le Gabon, il n’a pas caché sa colère contre les dysfonctionnements dans la gestion de l’équipe nationale.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la victoire face au Cameroun dimanche 24 novembre 2024, Desagana a dénoncé les nombreux problèmes rencontrés lors de la préparation.
« Je suis venu en équipe nationale grâce à Boniface Ndong et Makhtar Ndiaye. Quand j’étais joueur, il y avait toujours ces problèmes de primes, de transport, entre autres.
Je sais les efforts consentis par la fédération qui a financé le stage au mois d’août. Je n’ai pas de problème, mais je n’accepte pas certaines choses. Il y a des joueurs qui ont reçu leurs billets tardivement ; ce n’est pas normal. Certains ont passé des heures dehors, parce qu’on n’a pas payé l’hôtel. Ils sont restés de 12 h à 15 h en attendant qu’on règle le problème », a-t-il confié aux journalistes.
Desagana Diop est allé plus loin, menaçant de quitter son poste si les conditions ne s’améliorent pas.
« Les joueurs ont reçu tardivement leurs billets. Certains les ont reçus la veille de leur voyage. Les clubs demandent ce document pour leur planification. Je devais voyager avec Amadou Mbodj, mais on est passé un peu partout pour venir. On n’est pas une équipe de quartier. On ne peut plus continuer avec ces légèretés. Je ne voulais pas parler de ça avant la compétition. On veut préparer l’Afrobasket en Europe, mais si on ne peut pas financer ce camp, je ne vais pas coacher l’équipe », a-t-il dit.
Comme Boniface Ndong qui l’a précédé sur le banc, un certain Cheikh Sarr qui a vécu avec les Lions l’humiliation d’Espagne en 2014 et tant d’autres techniciens et générations de Lions, Desagana Diop et ses poulains revivent les mêmes dysfonctionnements et galères, comme si le Sénégal n’apprenait pas de ses impairs. Les ratés se multiplient comme une marque de fabrique. Rarement, les choses ont été différentes.
En août et septembre 2014, nous étions en Espagne pour la 17e édition de la Coupe du monde basket qui réunissait 24 équipes dont trois africaines, l’Angola, l’Egypte et le Sénégal, respectivement sur le podium de l’Afrobasket 2013. Contre toute attente, le Sénégal frappait un grand coup en arrachant le 31 août 2014 sa première victoire lors de la deuxième journée de la phase de poule aux dépens de Porto-Rico (82-75).
Pour participer à ces mondiaux, le Sénégal avait dû payer une forte somme à la FIBA. On parlait à l’époque de 300 millions FCFA. C’était du temps où les pouvoirs Wade et Macky Sall conjuguaient la gestion du sport en comité de normalisation.
Serigne Mboup qui dirigeait le CNBS expliquait : « Entre 2012 et 2013, le Sénégal ne s’est pas acquitté de ses frais administratifs et autres liés à ses engagements à la FIBA. Aujourd’hui, le Sénégal est dans l’obligation de payer cette amende faute de quoi, on ne peut pas espérer participer à une quelconque manifestation de la FIBA ».
En décembre 2013, la FIBA avait suspendu le Sénégal qui avait dissolu sa fédération de basket en raison d’une mauvaise gestion pour mettre en place un CNBS.
Avant cela, l’instance fédérale sénégalaise avait reçu de la FIBA une sanction pécuniaire de 300 millions de francs CFA suite à des cas de fraudes sur l’âge intervenues lors des Afrobasket U18 chez les garçons et les filles.
Ça c’est pour la petite histoire administrative. Dans les coulisses de l’hôtel en Espagne en 2014, les Lions vivront la galère, allant jusqu’à être sortis de leurs chambres.
Gorgui Sy Dieng compté dans le top 5 des meilleurs joueurs lors du Mondial 2014 disait à la fin de la compétition sa décision de ne plus répondre aux convocations de l’équipe nationale, si les conditions ne changeaient pas.
Du pain-thon au menu
Pire, on demandait à des internationaux mesurant deux mètres et plus de se « coucher sur des lits avec leurs jambes qui débordent », de « voyager en classe économique, ce qui est contraire aux règlements de la Nba ». Quand on fait deux mètres et plus, on ne peut voyager qu’en classe affaire et pour cause.
« Pendant le voyage, la plupart des joueurs ont dû se tenir debout ou mettre leurs jambes dans les couloirs, gênant les autres passagers et l’équipage de l’avion », disait le capitaine des Lions, Malèye Ndoye.
Qu’est-ce qui a changé depuis ?
Maderpost / Charles Faye avec Wissport et Senenews