Instituée par la loi n°60-44 du 20 août 1960, l’Assemblée nationale du Sénégal a évolué au fil du temps, tant en nombre de membres qu’en termes de parité. Cependant, jusqu’à ce jour, aucune femme n’a accédé au perchoir, bien qu’Aminata Touré, directrice de campagne de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, ait manqué de peu, lors de la dernière législature, de devenir la deuxième personnalité de l’État sénégalais.
ASSEMBLEE NATIONALE – De 1960 à nos jours, l’effectif de la représentation parlementaire a doublé. En 1960, l’Assemblée comptait 80 députés ; ce nombre est passé à 100 en 1978, puis à 120 en 1983 et à 140 en 1998. En 2001, les députés furent ramenés à 120, avant d’atteindre 150 en 2007, puis 165 depuis 2017. Avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade à la présidence, la parité a été adoptée en mai 2010, faisant progresser la proportion des élues à l’Assemblée nationale de 22 % en 2007 à 43,3 % aux législatives de 2012. Cette loi sur la parité impose une « parité absolue hommes-femmes dans toutes les institutions électives » et des « listes de candidatures constituées de façon alternée par des personnes des deux sexes », sous peine d’irrecevabilité. Moustapha Niasse, élu président de l’Assemblée nationale pour la 13e législature, a ainsi présidé un hémicycle composé de 69 députées sur un total de 165 sièges, soit 41,82 % de femmes, ce qui dépasse largement la moyenne mondiale (24,1 %) ainsi que celle de l’Afrique subsaharienne (23,8 %). Cette vitalité démocratique a été confirmée par l’Union interparlementaire (UIP), qui a classé le Sénégal au douzième rang mondial et à la troisième place en Afrique pour la représentativité féminine, derrière l’Afrique du Sud et le Rwanda, leader mondial avec 62 % de femmes à l’hémicycle.
Le perchoir : un bastion encore sous domination masculine
Bien que le Sénégal soit perçu comme un modèle démocratique et républicain en Afrique et dans le monde, force est de constater que le poste de présidente de l’Assemblée nationale demeure inatteignable pour les femmes. Parmi les différentes personnalités qui ont eu à diriger le perchoir au Sénégal, la gente féminine est l’abonnée la plus absente. Lors des élections législatives de 2022, Aminata Touré, ancienne tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar, fut écartée de la présidence de l’Assemblée nationale, à la dernière minute et pour des raisons politiques, par le président de la République Macky Sall, au profit Amadou Mame Diop. Ce choix stratégique du régime sortant a privé le Sénégal d’un progrès considérable dans sa trajectoire politique et démocratique.
Avec cette 15ème législature à l’horizon et la configuration des têtes de liste des coalitions et partis politiques, rien ne semble présager l’accession d’une femme à la présidence de l’Assemblée nationale. Dès lors, il est légitime de se demander quand ce verrou cédera-t-il.
Maderpost / SudQuotidien