L’affaire de l’attribution litigieuse de marchés publics à l’ONAS soulève de sérieuses interrogations sur la transparence et la gestion des ressources publiques au Sénégal, par l’équipe gouvernementale nouvelle. Les différentes sorties de l’ex-Dg de l’ONAS Cheikh Tidiane Dieng ainsi que des défenseurs du ministre Cheikh Tidiane Dieye ont semé énormément de doutes.
TRIBUNE – En cause, des contrats controversés attribués à VICAS et DELTA, deux entreprises qui ont déjà fait l’objet de critiques et d’annulations de la part des autorités de régulation. Cette situation ne peut que renforcer le sentiment d’opacité et d’impunité au sein de l’administration, malgré les promesses de changement et de bonne gouvernance.
L’intervention du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans ce dossier, bien que dépourvue de base légale, a engendré une véritable polémique. En effet, l’ONAS, en tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial, dispose d’une autonomie de gestion administrative et financière. Toute ingérence ministérielle dans la procédure de passation de marchés publics, en dehors des cadres établis, constitue une violation des lois en vigueur.
Les précédents concernant les entreprises VICAS et DELTA n’améliorent pas la situation. Au cours de la période 2019-2020, plusieurs marchés publics attribués à ces sociétés ont été annulés par le Comité de règlement des différends ou par la Cour suprême. Malgré ces annulations, l’ONAS a persisté à octroyer des contrats à ces entreprises, suscitant des suspicions de favoritisme et de collusion.
Le rôle du ministre Cheikh Tidiane Dièye dans cette affaire est particulièrement préoccupant. En intervenant directement pour choisir les entreprises et pour arrêter la procédure de passation de marchés, il a outrepassé ses prérogatives légales.
Cette immixtion non justifiée pose la question des motivations derrière de telles décisions, d’autant plus que les justifications avancées par le ministère ne sont ni claires ni convaincantes. Le ministre, qui a écrit un livre sur la transparence, n’a toujours pas répondu, depuis l’éclatement de l’affaire, aux exigences de clarté. Pourquoi ?
Cette affaire met en lumière des dysfonctionnements profonds dans la gestion des marchés publics au Sénégal. Elle appelle à une réponse ferme des autorités judiciaires et à une enquête transparente pour élucider les faits. Une action judiciaire rigoureuse est nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs institutions et pour prévenir de futurs abus de pouvoir.
Il est vraiment temps d’instaurer une culture de rigueur et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Au-delà des discours sur la rupture et la bonne gouvernance, il est essentiel d’adopter des pratiques transparentes et de garantir la reddition des comptes pour consolider la démocratie et le respect de l’État de droit au Sénégal. Le Jub, Jubbal, Jubbanti sera testé dans cette affaire. Si l’Etat ferme les yeux, nous saurons que les mêmes pratiques qui ont longtemps ruiné le Sénégal vont continuer.
Dr Madior LY
Cellule de communication de LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS.
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