La bonne réputation du Sénégal de pays de l’hospitalité («Teranga») souffre de la montée vertigineuse de la violence inouïe et disproportionnée au sein de la société. Ce qui installe un climat de peur et de terreur ambiante dans presque toutes les Collectivités territoriales du Sénégal. Les dernières scènes de carnage et de justice populaire corroborent la profondeur de ce mal viscéral en l’homme «senegalensis». La pauvreté maladive, le manque d’éducation et l’emprise des drogues sont les forces réactives de cette boucherie humaine. Entre mesures structurelles et retour de la peine capitale, la puissance publique est ardemment attendue sur le sujet pour abréger la hantise des citoyens qui n’arrivent plus à dormir poings fermés.
CHRONIQUE DE MOUSSA DRAME – Ôter la vie à son semblable par voie de décapitation renvoie à une scène d’horreur difficilement admise par l’imaginaire à plus forte raison de poser le regard sur une telle cruauté d’un autre âge. Le constat est choquant et heurte la conscience collective. Et pourtant, cette montée de la violence extrême est devenue banale dans nos sociétés, comme en attestent les descriptifs sur les réseaux sociaux des plus jeunes aux plus âgés. Les derniers épisodes survenus à Thiès et à Pikine Technopole suffisent comme baromètre pour mesurer le degré de méchanceté et de lâcheté d’une société en déliquescence.
La contagion ne date pas d’aujourd’hui et traverse toutes les collectivités du pays, sans perspective immédiate d’un éventuel affaiblissement de la tendance. En d’autres termes, le curseur de la paix sociale reste planqué sur la tête de chacun, sous la hantise d’être la prochaine cible. Convenons-en sans naïveté coupable ; l’affaire est grave et écorne l’image du Sénégal dans le concert des nations, avec son étendard de pays de la «Teranga».
Intéressons-nous aux mobiles socio-anthropiques de cette montée de la violence caractérisée. Des sociologues présentent un tableau de pauvreté grandissante, accentuée par les inégalités et injustices sociales ; mais la voie de l’abîme est surtout creusée par l’usage des stupéfiants. Très vite l’emprise de la drogue chance les règles d’une conduite normative et élève le délinquant au rang de superman guidé par le démon du mal à accomplir son forfait sans cœur ni heurt et parfois sous le regard coupables de passant plus enclins à prendre des photos et vidéos plutôt qu’à s’interposer.
Ce chanteur n’a-t-il pas vraiment raison de poser la question de savoir «est-ce que ce monde est sérieux ?» Dans tous les cas, l’Etat doit prendre les choses au sérieux, en faisant tout simplement prévaloir ses obligations de garant de la sécurité publique. La proactivité en amont et les sanctions idoines en aval y compris l’ensemble des mécanismes et instruments de répression apparaissent comme un impératif catégorique au Léviathan.
Ceux qui pensent soigner le mal par le mal prônent déjà le retour à la peine capitale au cas par cas d’un crime capital, étant entendu que celle-ci a été abolie au Sénégal par la loi constitutionnelle du 23 février 2007.
Dans tous les cas, il faut dans l’absolu trouver une solution structurelle donc durable car la paix se définit comme une absence de peur et de besoin dans un pays où tout ou presque se conjugue à l’impératif. A défaut et la nature ayant horreur du vide, c’est une justice populaire qui va s’installer, à l’image du supposé voleur/agresseur lynché à Thiès. Les tenants de l’état de nature, selon la perspective de Thomas Hobbes, qui s’abreuvent à l’offrande de l’anarchie, n’attendent que çà pour déclencher la bataille de chacun contre chacun. Et chacun doit y réfléchir avant que ce ne soit tard car, plus tard, ce sera trop tard et une tare pour la nation.
Maderpost / Sud quotidien