La salée réplique du Premier ministre Ousmane Sonko à Emmanuel Macron qui a décidé de considérer six des nombreux tirailleurs massacrés par l’armée française à Camp Thiaroye (1944), comme « morts pour la France » est un acte fort qui mérite plus d’échos auprès de la presse et de l’espace public.
TRIBUNE – Cette sortie est une occasion en or pour la presse sénégalaise en particulier et africaine en générale de saisir la balle au rebond pour marquer la césure avec les pratiques héritées de la colonisation sur tous les prismes.
Oui monsieur le Premier ministre, la France doit « revoir ses méthodes », car les temps ont bien changé, les paradigmes aussi.
Un nouveau vent d’émancipation, de souveraineté souffle en Afrique avec une génération décomplexée prête à faire changer le cours de l’histoire jusque-là imposée par l’oppresseur, le pilleur…
La presse et l’intelligentsia africaine sont en train de rater le train de la souveraineté et du respect de soi dans cette rocambolesque prise de conscience de la France sur le massacre de Thiaroye 44.
L’heure est à l’écoute des peuples opprimés, torturés, humiliés après avoir défendu une France morose, à des fractions de secondes de capituler devant la furie impitoyable et inhumaine de l’armée hitlérienne.
Le temps de respecter les mémoires des peuples martyrisés a sonné. Nous n’avons pas le droit –nous de la presse, de l’intelligentsia et des panafricanistes- de continuer à laisser l’initiative à l’oppresseur de manœuvrer telle une girouette notre histoire commune en fonction des intérêts du moment.
C’est le moment de tirer le chapeau encore une fois à Ousmane Sonko et à tous ceux qui ont su se mettre à la hauteur du défi et des enjeux comme Seydi Gassama qui, au moins, a admis que « sur les questions mémorielles, les Etats africains devraient être plus exigeant envers les anciennes puissances coloniales. La lumière doit être faite sur les nombreux crimes commis par les puissances coloniales notamment celui perpétré au camp de Thiaroye le 1er décembre 1944 ».
La rupture ne doit pas seulement être l’apanage des gouvernants. Elle doit être le lot quotidien de tous citoyens conscients des enjeux et le quatrième pouvoir doit être le cheval de Troie.
Ce combat serait presque voué à l’échec si la presse africaine tourne le dos à ses dirigeants à tort ou à raison. Sur des questions de souveraineté, de patriotisme et de panafricanisme la presse africaine doit être le fer de lance comme elle l’est sur la démocratisation des Etats africains. La force et l’élégance d’un Etat se mesurent à la qualité de sa presse.
Nous n’avons pas de leçons à recevoir ni de la France encore moins de Macron. Le Sénégal vient de démontrer le 24 mars dernier toute la splendeur de sa démocratie en réussissant une troisième alternance sans anicroches alors que tous les clignotants étaient au rouge.
Au même moment le président français, Emmanuel Macron cherche désespérément à confisquer le vote des français lors des législatives anticipées ayant consacré la victoire du Nouveau Front populaire en refusant de désigner un Premier ministre issu de la volonté populaire des français.
Basta, plus rien ne sera comme avant gatsa-gatsa rek !
Maderpost / Mamadou Ba