La baisse des prix des denrées de première nécessité vient d’être actée sur fonds de résistance des industriels meuniers. Nos parents sereres risquent de garder leur mal en patience à moins que le Ministre du Commerce se « Malickise » à l’image du coup de force du Minsitre des transports terrestres à la veille de la fête de Tabaski.
TRIBUNE – En réalité, ces denrées sont-elles si nécessaires.
D’ailleurs, qui en a fait des denrées de première nécessité? Elles ne l’étaient pas jusqu’au siècle dernier où Le riz et le blé ont détrôné notre cher mil et sorgho dépravant ainsi notre modèle de consommation au bénéfice du paysan asiatique et ukrainien.
Faut-il revoir notre modèle de consommation ou révolutionner notre modèle de production? Consommer ce que nous produisons ou produire ce que nous consommons?
Là n’est pas la question. Il faut juste « produire assez pour avoir de quoi consommer », car en réalité, notre problème c’est que NOUS NE PRODUISONS PAS ASSEZ.
Ni pour nous-mêmes ni pour vendre.
Les rendements de nos principales céréales locales n’ont pas évolué depuis 1960. Nous avons des chercheurs qui cherchent mais nous cherchons des chercheurs qui trouvent.
Les 240.000 hectares de la vallée du Sénégal attendent toujours d’être entièrement aménagés.
Nos producteurs ont abandonné la terre pour venir déambuler dans les rues de la capitale en quête de pitance.
Depuis la dissolution de la SONAGRAINE, nos graines et engrais subventionnés ont déserté les parcelles pour prendre des raccourcis. Nos statistiques agricoles sont extrapolées et contredites par des importations en hausse.
Dans cette situation, baisser les prix à coup de subventions et renoncement fiscal restent les seuls moyens conjoncturels pour alléger, je veux dire, alourdir le panier de la ménagère. Que nenni! Il faudra compter avec la résistance des industriels et importateurs. On aurait pas trouver mieux pour les mettre en mal avec une population en mal de RUPTURE.
La véritable rupture voudrait que nos politiques agricoles soient plus orientées vers la création de richesse pour les ruraux qu’essayer de lutter contre la pauvreté.
À l’image de la révolution verte en Inde ou le plan Maroc vert avec leurs lots de contradiction, notre agriculture a besoin d’un bon coup de fouet pour se réveiller de sa torpeur.
Depuis l’accession des nouvelles autorités à la tête du pays, on en a que pour l’agriculture dans la communication gouvernementale en tant que solution à la souveraineté alimentaire et à la création d’emplois.
La souveraineté ne veut pas forcément dire l’autosuffisance.
Produisons ce que l’on sait produire le mieux comme l’a fait la Malaisie dans les années 70 en abandonnant la politique d’autosuffisance en riz pour se consacrer au palmier à huile et le caoutchouc et devenir aujourd’hui l’un des plus grands producteurs mondiaux de ces denrées.
Arrêtons de subventionner des intrants mais plutôt des équipements pour augmenter les surfaces irriguées chez nos producteurs.
Les banques se chargeront de financer les intrants dans une approche chaîne de valeurs où les marchés seront captifs avec de véritables locomotives à la tête de chaque filière agricole.
Le rôle de l’Etat se limitera à mettre en place les mécanismes de garantie et de bonification de taux d’intérêt.
Faisons plus d’économie que de social en agriculture en transformant nos paysans en entrepreneurs.
Ne me parlez plus de retour vers l’agriculture. On y a jamais été. Faire partir de jeunes citadins en milieu rural ne marchera jamais. La main-d’œuvre viendra forcément à l’agriculture quand les emplois l’y inviteront mais pas le contraire.
L’agriculture n’est pas une affaire de masses. Ce sont les réussites individuelles qui attiseront les appétits et feront venir les investisseurs. Le mimétisme en business est bien sénégalais.
C’est dans ces conditions que les denrées et leurs prix seront à la portée des sénégalais de manière structurelle.
À défaut, la conjoncture nous rattrapera toujours.
La guerre du pain aura-t-elle lieu ?
Cheikh Ahmet Tidiane Sy Al Amine
Maderpost