Ramaphosa est réélu président d’Afrique du Sud, mais il partagera le pouvoir. Les radicaux de l’Economic Freedom Fighters ont été mis en minorité, mais l’ANC sera partagé entre la pression de réformes sociales du parti pro-Zulus et les attentes des politiques pro-marchés de la Democratic Alliance, rapporte samedi l’agence Ecofin parcourue par Maderpost.
AFRIQUE DU SUD – Cyril Ramaphosa a été réélu président de l’Afrique du Sud en ce début de weekend, après des négociations complexes. Il a remporté 283 voix contre 44 pour Julius Malema, le chef radical des Economic Freedom Fighters (EFF). Mais, cette victoire marque un tournant notable.
Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid, l’ANC ne gouvernera pas seule. Elle a dû former une coalition politique pour garantir la stabilité du pays, après avoir perdu sa majorité absolue lors des dernières élections.
Les résultats des élections du 29 mai ont révélé une baisse notable du soutien populaire pour l’ANC, qui n’a obtenu que 40,2 % des voix. Ce déclin est attribué à la frustration des électeurs face aux coupures d’électricité fréquentes, aux révélations de corruption et à l’effondrement des services publics.
L’ANC, autrefois le parti libérateur sous Nelson Mandela, se trouve maintenant dans l’obligation de collaborer avec d’autres partis pour maintenir sa position au pouvoir.
Pour assurer sa réélection, Ramaphosa a conclu un accord de partage du pouvoir avec l’Alliance démocratique (DA), un parti historiquement constitué de l’électorat blanc, mais qui de plus en plus s’affiche comme un mouvement pro-marchés. L’autre soutien est venu du Parti de la liberté Inkatha (IFP), dominé par les Zoulous. Cet accord a été scellé après des négociations prolongées jusqu’à 2 heures du matin le vendredi.
En vertu de cet accord, Thoko Didiza du parti pro-Zulu deviendra le président du parlement, tandis qu’Annelie Lotriet du DA a été élue vice-présidente.
Ramaphosa a décrit cet accord de partage du pouvoir comme « la naissance d’une nouvelle ère », rappelant la formation du premier gouvernement d’unité nationale en 1994 après la fin de l’apartheid.
Il a affirmé que ce gouvernement n’était pas une simple coalition de partis, mais une véritable unité nationale visant à unir le pays et à promouvoir la réconciliation.
Le leader de l’IFP, Velenkosini Hlabisa a déclaré que son parti soutiendrait les décisions justes du gouvernement, tout en s’opposant aux mesures qu’il jugerait inadéquates. Le résultat du vote étant survenu un weekend, la réaction des marchés, notamment la Bourse de Johannesburg qui est de loin la plus importante d’Afrique, sera à suivre dès lundi.
Les investisseurs redoutaient une possible alliance de l’ANC avec des partis plus radicaux comme l’EFF de Malema ou le nouveau parti uMkhonto weSizwe de Jacob Zuma.
La monnaie sud-africaine, le rand, s’est renforcée, passant de R19 à R18,33 par rapport au dollar américain. Certains observateurs voient dans cet accord une opportunité pour la relance économique du pays après des années de stagnation, avec des réformes économiques prioritaires visant à promouvoir une croissance rapide, inclusive et durable.
Maderpost / Agence Ecofin / Idriss Linge