Actuellement, on fait tout pour casser du journaliste, comme si c’était une mode. Il y a quelques années, c’était Karamokho Thioune et Kambel Dieng, il y a quelques semaines c’était Absa Hanne aujourd’hui c’est Maimouna Ndour Faye. Qui est le prochain sur la liste ?
TRIBUNE – Si ce ne sont pas les forces de l’ordre, ce sont des militants de partis politiques qui s’attaquent à des journalistes parce qu’ils ont exprimé des pensées qui ne militent pas en leur faveur. Il faut que les menaces et autres intimidations pour faire taire les journalistes cessent. Trop c’est trop ! Et pourtant les professionnels des médias ne font que leur travail. Comment, diable, un homme peut-il infliger de tels actes aussi odieux, ignobles, lâches, mesquins…, à une femme sans défense. L’heure est vraiment grave.
Quelqu’un a dit lors du rassemblement de soutien, de compassion et de solidarité, initié par la Cap devant les locaux de 7tv, que Maimouna Ndour Faye est tombée sur le champ de bataille. A mon sens, elle a juste trébuché sur un chemin parsemé d’embûches de toutes sortes. Mais ses confrères sont là pour l’aider à se relever pour continuer ensemble le combat et la marche vers la liberté de la presse.
Le constat est là et le mal est beaucoup plus profond qu’on ne peut l’imaginer. Est-ce, spécifiquement contre la presse ? On ne connait pas encore les mobiles de cette “vacherie” perpétrée contre Maimouna certes, par contre, ce que l’on peut affirmer, c’est qu’au Sénégal, on n’aime pas les contradictions. La démocratie est, de nos jours, un sentiment d’insécurité alors que la liberté d’expression et la liberté de la presse sont des piliers de la démocratie. Aujourd’hui, quand la position d’un journaliste n’est pas en phase avec la position d’un homme politique, qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition, il est l’homme à abattre.
Ces agressions contre les journalistes ne datent pas d’aujourd’hui. Rappelez-vous des saccages des locaux de L’As, 24 Heures, Walfadjiri, … entre autres du temps de Wade. Ils sont très nombreux les journalistes à avoir fait l’objet de menaces et d’injures de toutes sortes. Et ce qui est curieux et bizarre, est que toutes ces victimes qui ont fait l’objet de menaces de mort ont eu à porter plainte devant les autorités policières et judiciaires avec les numéros de téléphone de ces personnes mais, malheureusement, les dossiers dorment toujours dans les tiroirs.
Finalement, tout est confus dans ce pays où rien du tout n’est certain, alors pourquoi cherche-t-on à en rajouter ? Rien ne justifie cette barbarie infligée à notre sœur Ndour Faye. Quelle mentalité nous anime pour manquer à ce point d’humanisme et de respect des plus humbles à une femme. La haine est de nos jours érigée en règle et on laisse faire puisque personne ne fait rien. Nos élites se taisent comme si l’humiliation était trop grande et le fardeau très lourd à porter.
Avec cette insécurité constante et grandissante, le pays est finalement plongé dans une stupeur qui ne dit pas son nom. Les sénégalais sont embarqués dans une aventure aux lendemains incertains.
Et puis, l’auteur de cet acte ignoble perpétré sur la patronne 7tv n’a rien trouvé de mieux que de s’attaquer sauvagement à une femme vulnérable en ce début du mois de mars dédié aux femmes. Quelle triste façon de célébrer la donneuse de vie, oh quelle honte !
Pour la route, nos prières et souhaits de prompt rétablissement accompagnent notre sœur, dans l’espoir que la justice va, pour cette fois-ci, sévir afin que le coupable soit retrouvé le plus vite possible et puni à la hauteur de son crime.
Aly Saleh
Maderpost