Le procès de Karim Wade a été un des moments forts dans la gouvernance politique du régime de Macky Sall. Pour la petite histoire ou la grande, c’est selon, le substitut du procureur de la République Antoine Diome avait annoncé en novembre 2012, que le sieur Karim Wade avait mis en place ce qu’il avait qualifié de « véritable ingénierie financière frauduleuse ».
TRIBUNE – Karim Wade fut alors arrêté dans le courant du mois d’avril 2013, pour un motif de détournement de fonds, qui était d’abord de l’ordre de 1000 milliards de francs CFA, avant que cette somme soit arrêtée à 694 milliards de FCFA.
Karim Wade était ainsi sous le coup d’une poursuite judiciaire à cause des transactions financières dites frauduleuses qu’il aurait faites, à travers des sociétés qui étaient sous le contrôle de prête-noms ou de sociétés offshores qui travailleraient de connivence avec des sociétés de droit sénégalais.
Il était dit à ce propos que ces dites sociétés devaient permettre à Karim Wade de sortir des capitaux du pays, afin de les parquer dans des paradis fiscaux comme les Îles vierges britanniques, le Panama et le Luxembourg.
Sans compter avec les fameux comptes bancaires de Karim Wade, qui auraient été découverts par l’expert-comptable Pape Alboury Ndao, qui était en mission pour le compte de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI).
Il était encore annoncé que Karim Wade détiendrait 86% des actions de la filiale Dubaï Ports World Dakar SA qui était localisée aux Îles vierges britanniques.
Mais la chose la plus troublante dans cette affaire, c’est parmi les 25 caciques du Parti démocratique sénégalais (PDS) qui étaient inculpés par la justice, seul Karim Wade fut finalement jugé et emprisonné à la prison de Reubeuss.
On peut également prendre en compte le volteface de l’opinion publique qui pensait dès le départ à un simple exercice de contrôle sur les mouvements financiers de Karim Wade, avant de réviser sa position pour croire à une tentative de liquidation d’un adversaire politique.
Encore qu’il y eût vice de forme dans le déroulement des opérations, et c’est cette fenêtre grande ouverte qui avait permis à la Cour de la CEDEAO de relever le non-respect des règles de la procédure. Et dans ce cas d’espèce il ne semblait pas pertinent de douter de l’impartialité de cette structure ouest-africaine qui n’avait aucun intérêt à protéger Karim Wade.
Si on se permet d’analyser les choses sous un angle purement politique, et au regard du contexte politique et des réalités de l’époque, on pourra très vite comprendre, qu’au-delà des accusations de malversations financières, les réelles motivations du pouvoir pouvaient bien se trouver ailleurs.
Comme on ne peut également affirmer que Karim Wade n’a commis aucune faute de gestion. Malgré ses sorties devant le public, les deux doigts en l’air sous forme de V, et brandissant en même temps son fameux 0+0=0.
Loin de nous l’idée de vouloir défendre Karim Wade, mais si on s’aventurait à traquer les acteurs politiques qui ont été dans les hautes sphères de l’Etat, et qui n’ont pas commis des malversations financières, il n’en resterait que très peu dans ce pays.
Karim Wade s’était quand même bien comporté devant la barre du tribunal, même si la sentence qui était finalement prononcée à son endroit fut complètement en sa défaveur.
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe