Acte1- Procès politique – Quelques raisons objectives du rejet de la politique de Macky Sall. Les actions de l’opposition ont certes contribué à la fragilisation du régime du Président Macky Sall. Mais il faut surtout prendre en compte la déception du peuple qui est encore sur sa faim et qui ne cautionne pas les errements et les revirements spectaculaires qui sont intervenus dans la gouvernance politique du régime de Macky Sall depuis 2012.
TRIBUNE – On peut alors dire que l’opposition n’a fait que s’incruster dans un grand corps malade qui semblait ne pas trop résister aux assauts répétés d’agents pathogènes que le régime de Macky Sall a secrétés dans son organisme.
Ces agents pathogènes ont pour noms la cherté de la vie, les malversations financières et les pratiques malsaines qui ont installé ce pays dans la mauvaise gouvernance .
Et la ligne de défense du régime de Macky Sall n’a pas été en mesure de produire des anticorps efficaces pour sauver cet organisme qui était tellement affaibli, qu’il ne pouvait plus tenir sur ses deux pieds.
Après onze ans de pouvoir si le régime de Macky Sall n’a pas réussi à soulager la souffrance des Sénégalais, c’est qu’il y a eu de sérieux problèmes dans les grandes orientations et la mise en oeuvre de son programme politique.
Beaucoup de spécialistes du développement sont d’accord que pour mettre ce pays dans la trajectoire de décollage économique, il faut lutter contre toutes les formes d’inégalité, de favoritisme, de népotisme ou de mal gouvernance. Comme il faut également mettre en place des mesures structurelles efficaces, pour se départir de cette politique de délabrement économique et de déliquescence sociale qui empêche ce pays de sortir définitivement de la situation morose et d’incertitude où il se trouve.
Il faut voir pourquoi les Sénégalais avaient élu Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal en 2012. Parmi les candidats de l’opposition qui étaient partie prenante à cette joute électorale, il y avait Idrissa Seck, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Macky Sall, pour ne citer que les plus célèbres.
Alors qui peut dire que Macky Sall maîtrise plus les arcanes de la politique qu’Idrissa Seck? Qui ose affirmer que Macky Sall est plus compétent que Moustapha Niasse? Qui peut certifier que Macky Sall connait mieux les rouages de l’administration et le fonctionnement de L’Etat qu’Ousmane Tanor Dieng?
Alors pourquoi c’est Macky Sall qui a été choisi dans ce lot de candidats composés d’hommes expérimentés, aguerris, chevronnés et qui avaient une grande popularité dans ce pays?
On peut souligner parmi les raisons qui ont contribué à l’élection de Macky Sall en 2012, sa constance dans son opposition au régime de Abdoulaye Wade, contrairement à Idrissa Seck par exemple qui n’a pas été régulier dans son combat politique, et les mésententes entre Moustapha Niasse et Tanor Dieng sur le choix du candidat qui devait représenter la coalition Benno Siggil Sénégal à la Présidentielle de 2012.
Les Sénégalais pensaient aussi que Macky Sall ne ferait pas moins que le candidat sortant Abdoulaye Wade en matière de mal gouvernance. Ce que les Sénégalais espéraient alors avec Macky Sall c’est une rupture avec les injustices et les pratiques malsaines qui avaient écorné l’image du Président Abdoulaye Wade, avant de précipiter son éviction du pouvoir en 2012.
Il faut également relever qu’au-delà de son programme Yonnu Yokkute et le soutien de ces candidats précités au deuxième tour, l’opinion publique pensait que Macky Sall, une fois élu ferait de la lutte contre la mal gouvernance l’une de ses priorités.
C’est cette image de nettoyeur de l’espace politique que Macky Sall avait vendue au peuple sénégalais, qui avait fini par être preneur de ses idées et de son combat politique.
Avec le régime de Macky Sall plusieurs formules ont été utilisées par les différents premiers ministres, sans qu’elles soient opérationnelles ou qu’elles se traduisent par des actions concrètes au profit du grand nombre des Sénégalais.
Comme on a pu le constater avec ” la gestion sobre et vertueuse” ou “ la patrie avant le Parti du Président Macky Sall lui-même, ” la gestion efficiente, efficace et transparente” de Abdoul Mbaye, ” on accélère la cadence” de Aminata Touré, ” au travail” de Boun Abdallah Dione ou ” équipe d’attaque et de combat” de Amadou Ba.
Il faut accepter que ces slogans ont manqué d’efficacité sur le terrain. Ils n’ont pas en tout cas fait bouger les lignes. Le régime de Macky Sall ne pouvait alors être jugé que sur les promesses, engagements, slogans et programmes qui ont été distillés durant toute cette période, sans qu’ils soient effectifs ou efficaces, et au grand dam des populations, qui ont été à l’attente de la satisfaction de leurs besoins et aspirations.
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe