Le pouvoir nigérien issu du coup d’État a exigé mardi que le plus haut fonctionnaire des Nations unies sur place quitte le pays dans les 72 heures, à la suite d’accusations selon lesquelles le Niger aurait été exclu de l’Assemblée générale de l’ONU à New York en septembre.
NIGER – Le régime militaire issu du coup d’État au Niger a ordonné mardi 11 octobre à la coordonnatrice de l’ONU dans ce pays, Louise Aubin, de quitter le territoire dans les trois jours, dénonçant notamment les “entraves” des Nations unies à sa reconnaissance internationale.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres “regrette profondément” l’ordre d’expulser Louise Aubin, a déclaré mercredi son porte-parole. Cette expulsion “va entraver les capacités de l’ONU à accomplir son mandat et perturber le travail essentiel” au Niger où 4,3 millions de personnes “ont besoin d’aide humanitaire“, a insisté Stéphane Dujarric, ajoutant que cet ordre était contraire aux règles internationales applicables aux représentants des Nations unies.
La décision du régime militaire a été prise au lendemain de l’annonce par les États-Unis de la suppression de quelque 500 millions de dollars d’aide économique au Niger, et alors que la France commence à retirer ses soldats du pays, à la demande des militaires au pouvoir depuis le 26 juillet.
“Le gouvernement décide d’ordonner à l’ambassadeur, coordonnateur résident du système des Nations unies, son excellence madame Louise Aubin, de prendre toutes les dispositions utiles pour quitter Niamey sous soixante-douze heures“, a écrit le ministère nigérien des Affaires étrangères dans un communiqué daté de mardi et transmis à l’AFP mercredi.
Louise Aubin, de nationalité canadienne, avait été nommée à ce poste en janvier 2021. Le pouvoir nigérien a motivé sa décision par des “entraves” mises selon lui par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, “en vue de contrarier la participation pleine et entière du Niger” à la 78e Assemblée générale de l’organisation qui a eu lieu en septembre à New York.
Les généraux nigériens au pouvoir y avaient envoyé leur nouveau ministre des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, qui était avant le coup d’État du 26 juillet le représentant du pays à l’ONU. Celui-ci n’avait pas pris la parole lors de l’Assemblée générale.
Retrait français
De son côté, la France retire du Niger ses quelque 1 400 soldats et aviateurs français qui étaient jusqu’ici déployés pour lutter contre les jihadistes aux côtés des Nigériens. Environ 1 000 étaient à Niamey et 400 sur deux bases avancées dans l’Ouest, à Ouallam et Tabarey-Barey, au cœur de la zone dite des “trois frontières” avec le Mali et le Burkina Faso.
Selon un reportage de la télévision nationale nigérienne diffusé mercredi soir, “ce sont au total 116 soldats français et du matériel qui ont quitté Niamey en direction de N’Djamena au Tchad” entre lundi et mardi.
Lundi a décollé un avion avec “un premier contingent de 49 soldats“, a indiqué Télé Sahel. Mardi, trois vols ont eu lieu. Les deux premiers “entre 12 h 50 et 13 h 30“, le “premier ayant à son bord 48 soldats et le deuxième transportant du matériel“, précise le reportage. “Aux environs de 20 h, un autre vol” transportait “19 passagers et de la logistique“, ajoute la télévision nigérienne. Mercredi, “en début d’après-midi, un quatrième vol a eu lieu avec à son bord 14 militaires“, selon la même source.
Les journalistes indiquent que “tous ces vols ont été effectués dans des avions de marque A400M à partir de l’aéroport Diori Hamani de Niamey en direction de N’Djaména au Tchad“. “Pour le moment, au moins trois vols par jour sont prévus jusqu’au départ définitif des troupes françaises du Niger“, conclut Télé Sahel.
À l’issue d’un bras de fer avec les généraux nigériens, qui exigeaient de la France le retrait de ses soldats et de son ambassadeur à Niamey, Paris avait annoncé fin septembre leur départ, précisant que l’ensemble de ses forces seraient rapatriées d’ici la fin de l’année.
Après le départ de la France du Mali puis du Burkina Faso ces 18 derniers mois, le Niger était devenu le partenaire clé des opérations antijihadistes françaises, dans une région où sévissent les groupes armés affiliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda.
Mardi, les États-Unis, qui comptent eux quelque 1 100 soldats au Niger, ainsi qu’une importante base de drones à Agadez (dans le centre du pays), ont formellement qualifié la prise de pouvoir par les militaires de “coup d’État“, entraînant la suppression de leur importante aide économique. Les États-Unis vont en revanche et pour l’instant garder leurs troupes au Niger.
Maderpost / France 24