Ce 09 octobre, lors de la réunion annuelle des Grands Challenges 2023, tenue à Diamniadio, Bill Gates, Co-président de la Fondation Bill & Melinda Gates, a annoncé de nouveaux investissements visant à favoriser l’accès à la recherche sur l’ARNm et à la technologie de fabrication de vaccins.
PRODUCTION DE VACCINS – Ces investissements soutiendront la capacité des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) à développer à grande échelle des vaccins efficaces, qui sauvent des vies. Cette initiative s’appuie sur les leçons que la fondation a tirées de plus de 20 ans de collaboration avec les fabricants de vaccins dans les PRFI et sur la possibilité de profiter des avancées scientifiques récentes pour mettre au point des outils sanitaires peu coûteux et de grande qualité, dont pourra bénéficier un plus grand nombre. La technologie ARNm est considérée comme révolutionnaire pour toute une série de maladies infectieuses comme la tuberculose, le paludisme ou la fièvre de Lassa, qui touchent de manière disproportionnée les populations dans les pays à faible revenu. Cette nouvelle technologie peut réduire considérablement les coûts de recherche et de fabrication de l’ARNm et permettre de le rendre plus accessible, contribuant ainsi à combler ces lacunes critiques.
« En mettant la technologie innovante de l’ARNm entre les mains des chercheurs et des fabricants en Afrique et dans le monde entier, nous ferons en sorte qu’un plus grand nombre de personnes bénéficient des vaccins de nouvelle génération», a déclaré le Dr Muhammad Ali Pate, ministre coordinateur de la santé et de la protection sociale du Nigeria et expert mondial en matière de vaccins. « Cette collaboration est une étape encourageante qui facilitera l’accès aux technologies sanitaires essentielles et aidera les pays africains à mettre au point des vaccins qui répondent aux besoins de leurs populations», a-t-il ajouté.
La fondation a annoncé lors de la cérémonie d’ouverture des Grand Challenges, un financement total de 40 millions de dollars (environ 25 milliards Francs Cfa) pour faciliter l’accès à la plateforme de recherche et de fabrication d’ARNm à faible coût de Quantoom Biosciences, qui a été développée grâce à une subvention Grand Challenges octroyée à sa société mère, Univercells, dans le cadre d’une recherche préliminaire. L’Institut Pasteur de Dakar (IPD) et Biovac, des instituts de recherche basés respectivement au Sénégal et en Afrique du Sud et ayant tous deux une expérience dans la fabrication de vaccins, recevront chacun 5 millions de dollars américains (plus de 3 milliards francs Cfa) pour acquérir la technologie qu’ils pourront utiliser en vue de mettre au point des vaccins adaptés au contexte local. Afin de faire progresser davantage la technologie et réduire les coûts de commercialisation, la fondation mettra également 20 millions de dollars (plus de 12 milliards francs Cfa) à disposition de Quantoom Biosciences, ce qui permettra aux PRFI de bénéficier d’outils sanitaires nouvelle génération à base d’ARNm. La Fondation Gates accordera 10 millions de dollars supplémentaires (plus de 6 milliards francs Cfa) à d’autres fabricants de vaccins de PRFI dont le nom sera communiqué ultérieurement. Ce nouveau financement vient s’ajouter à l’investissement précédent de 55 millions de dollars américains de la fondation dans la technologie de fabrication de l’ARNm.
« Le développement de notre capacité à découvrir et fabriquer des vaccins à ARNm abordables en Afrique est une étape importante et nécessaire vers l’autosuffisance en matière de vaccins dans la région », a déclaré le Dr Amadou Sall, PDG de l’IPD qui magnifie à sa juste valeur les efforts consentis pour financer l’innovation.
« Nous nous félicitons de ce nouveau financement qui favorisera le développement de technologies vitales sur le continent tout en contribuant à la sécurité sanitaire mondiale grâce à un élargissement de l’offre et de l’accès aux vaccins, ce qui nous permettra de parvenir à une plus grande équité sanitaire dans le monde. », a-t-il assuré.
Les vaccins ARNm ont des processus de recherche et de fabrication plus simples que les vaccins traditionnels. Le fait d’élargir l’accès à cette technologie de nouvelle génération peut donc aider des pays comme le Sénégal et l’Afrique du Sud à acquérir l’autonomie nécessaire pour découvrir et mettre au point des vaccins qualitatifs et peu onéreux contre des maladies telles que le paludisme et la tuberculose, qui correspondent à leurs priorités en matière de santé.
« L’innovation peut être transformatrice, seulement si elle est accessible pour les personnes qui en ont le plus besoin », a déclaré Morena Makhoana, PDG de Biovac. Selon l’autorité, cette collaboration contribuera à combler les lacunes critiques en matière d’accès aux vaccins à ARNm prometteurs contre les maladies qui affectent de manière disproportionnée les habitants les plus pauvres de la planète.
« Elle nous aidera également dans notre mission d’établissement d’une capacité de production de vaccins complète et à grande échelle en Afrique pour l’approvisionnement mondial. », a dit M. Makhoana.
La technologie modulaire d’ARNm de Quantoom s’attaque aux problématiques courantes des technologies actuelles de recherche et de fabrication d’ARNm, ce qui la rend plus simple et moins chère à utiliser. Par exemple, le coût de production d’un vaccin avec la plateforme de Quantoom pourrait ainsi diminuer de plus de 50 % par rapport à la technologie ARNm traditionnelle. Elle pourrait, également, réduire considérablement la nécessité de recourir à des experts hautement qualifiés, ce qui constitue toujours un obstacle à la production de vaccins en Afrique et ailleurs, tout en maintenant, voire en augmentant, la qualité du produit.
« Accroître la disponibilité de vaccins de haute qualité abordables et adaptés aux besoins des communautés locales est l’un des meilleurs moyens d’améliorer les résultats en matière de santé mondiale et de réduire le nombre de décès évitables », a déclaré Trevor Mundel, président de la Division Santé mondiale de la fondation. A l’en croire, en réduisant les obstacles à l’accès pour les PRFI, un plus grand nombre de personnes dans le monde pourraient bénéficier des innovations
sanitaires salvatrices.
« Le développement de nouveaux vaccins est coûteux, il nécessite beaucoup de ressources et se concentre dans les pays à revenu élevé », a déclaré de son côté José Castillo, PDG de Quantoom Biosciences qui se réjouit du partenariat avec l’IPD et Biovac.
« Nous sommes ravis de nous associer à IPD et Biovac pour développer notre technologie au Sénégal et en Afrique du Sud et contribuer à améliorer l’accès aux nouveaux vaccins à ARNm, l’un des nouveaux dispositifs médicaux les plus prometteurs», a-t-il affirmé.
Le financement supplémentaire pour Quantoom s’appuie sur une subvention initiale accordée en 2016 à Univercells à la suite d’un appel de Grand Challenges aux contributions pour la fabrication de vaccins. La proposition d’Univercells portait sur le développement de principes d’ingénierie modulaire qui faciliteraient la fabrication décentralisée de vaccins sur de petites plateformes. L’IPD prévoit de commencer à fabriquer des vaccins essentiels contre la rougeole et la rubéole en utilisant la technologie originale de fabrication de vaccins d’Univercells, ce qui augmentera la capacité de la région à mener des campagnes de vaccinations systématiques.
A noter que la famille des programmes Grand Challenges découle d’une idée lancée il y a un siècle selon laquelle les solutions de financement participatif pour trouver une solution à un ensemble de problèmes déterminé peut stimuler l’innovation et accélérer le progrès.
La Fondation Bill & Melinda Gates et ses partenaires financiers de Grand Challenges ont utilisé pour la première fois Challenges (des appels à subventions) en 2003 afin de concentrer l’attention et les efforts sur les problèmes mondiaux urgents de santé et de développement pour ceux qui en ont le plus besoin. Ensemble, les partenaires de Grand Challenges ont octroyé 1,6 milliard de dollars US sous la forme de 3 800 subventions à un panel diversifié de personnes chargées de résoudre ces problèmes dans plus de 118 pays, tout en favorisant l’émergence d’un écosystème mondial d’innovation là où son impact sera le plus important.
Maderpost / Dakaractu