Dans les camps de déplacés d’Ituri, province déchirée de l’est de la République démocratique du Congo, il règne chez ces familles de réfugiés, un sentiment de désespoir.
Rescapés d’Ituri – Comme tous ceux qui ont fui leur village, Henriette a dû quitter sa maison à Walense-Vokutu, quand, un soir d’avril 2021, les Forces démocratiques alliées, affiliées au groupe Etat islamique, ont attaqué. Elle raconte :” Quand nous avons été forcés de fuir, nous avons tout abandonné. Nous avons tout quitté et ils ont mis le feu à toutes les maisons. Ce jour-là, ils ont tué quatre personnes, dont ma sœur, deux hommes et une autre femme. Ils les ont poursuivis dans la brousse et les ont tués là-bas”.
Les acteurs humanitaires et les agences de l’ONU sont dépassés ; l’aide ne suffit plus, et les besoins ont augmenté du fait de nouveaux conflits ou de la résurgence d’autres, comme la rébellion du M23 au Nord-Kivu.
Selon les Nations unies, 1,7 million de personnes sont déplacées en Ituri.
Cela représente 40% de la population de la province. C’est un chiffre vraiment choquant, déclarait le 30 août Bruno Lemarquis, coordonnateur des agences humanitaires de l’ONU en RDC, au terme d’une visite de terrain.
Cette crise humanitaire en RDC dure depuis 25 ans, c’est l’une des plus sérieuses, des plus complexes et des plus longues au monde, mais aussi la plus négligée, a-t-il ajouté.
Les déplacés reprochent au gouvernement de ne rien faire pour eux. Le gouverneur de la province, le général Johnny Luboya N’kashama, assure le contraire, tout en évoquant les moyens limités de l’Etat : “Aujourd’hui le gouvernement donne, mais les Nations unies n’y arrivent pas parce que bon, ça fait au moins, et c’est un déséquilibre quoi donc et nous tous nous avons ce problème là-bas et donc c’est tout à fait vrai que ces derniers temps, il n’y a pas une certaine régularité, mais si les Nations unies ont apporté beaucoup d’aide, le gouvernement (lui) aussi a apporté de l’aide. “
Des affrontements entre milices communautaires ont fait des milliers de morts en Ituri entre 1999 et 2003 et, après plus d’une décennie d’accalmie, ont repris en 2017.
Ils y rivalisent de barbarie avec des milices communautaires, dont les Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), accusés d’avoir encore tué au moins 15 personnes fin août dans un camp de pêcheurs.
La RDC compte plus de 6 millions de déplacés internes, dont la majorité se concentre dans l’Ituri, le Nord et le Sud Kivu. Sur plus de 2 milliards de dollars requis pour leur venir en aide, seuls 747 millions étaient disponibles au 16 août, selon le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU.
Maderpost / Africanews