En réalité, les “militaires” ont toujours été et/ou sont toujours au pouvoir dans beaucoup de pays d’Afrique! Simplement, parce qu’en Afrique, le pouvoir exécutif est souvent confisqué par ceux qui détiennent les moyens de la violence.
TRIBUNE – Directement, parce qu’ils sont des militaires. Et/ou indirectement parce qu’ils comptent sur des militaires qu’ils contrôlent.
En Afrique, contrôler les moyens de la violence peut aussi mener au dévoiement des institutions comme résumé ci-dessous.
1. “Politiser” l’administration et la corrompre pour la mettre au service du pouvoir politique.
2. Soumettre la justice au pouvoir exécutif pour en faire un instrument de terrorisme insidieux.
3. Asservir le pouvoir législatif par des modes de scrutin anti-démocratiques qui font que des députés sont réellement choisis par le pouvoir exécutif.
4. S’accaparer des structures et systèmes qui fondent l’état républicain pour rendre caduque la séparation des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif.
5. Utiliser l’infrastructure d’état ainsi dévoyée pour créer des lois iniques qui permettent de truquer des élections sur tous les maillons de la chaîne, en amont et en aval.
6. Créer des lois qui font de toute forme de contestation, une atteinte à la sûreté de l’état ainsi dévoyé et légaliser la répression.
Cette méthode de confiscation du pouvoir permet d’installer la dictature au travers d’institutions dévoyées.
Elle peut donner la perception de haute trahison, décrite comme le détournement des moyens de poursuivre la sécurisation des intérêts vitaux d’une nation, par une œuvre consciente et préméditée de destruction de son état.
Elle a pu être à la base de l’irruption de militaires idéologues comme Thomas Sankara ou Jerry Rawlings, sur la scène politique en Afrique.
De tels modèles d’instauration de monarchies républicaines croient ne pas avoir besoin de faire du développement économique et social, une méthode d’accès au/ou de conservation du pouvoir.
C’est pourquoi l’industrie de la politique politicienne semble la seule à offrir des perspectives de survie économique et de réussite sociale dans des états dévoyés.
À la fin, de tels modèles ne peuvent que produire de la pauvreté de masse, des troubles sociaux et de l’instabilité qui peuvent déboucher sur:
1. des révoltes populaires qui finissent par pousser les militaires à s’emparer du pouvoir pour rétablir l’ordre ou;
2. la prise de pouvoir opportuniste par des militaires qui disent vouloir remettre les institutions à l’endroit, pour en finir avec l’aventure des politiciens.
Ces deux types de prise de pouvoir sont de plus en plus soutenues par des populations qui n’en ont finalement rien à perdre en le faisant. Parce qu’elles ont déjà tout perdu!
J’entends beaucoup de gens prédire que les militaires qui prennent le pouvoir feront pire ou de même que les civils qu’ils renversent. Je ne suis pas sûr.
Simplement, parce qu’ils peuvent comprendre que les populations qui les soutiennent ne les laisseraient plus faire!
Pape Demba Thiam
Maderpost