Le basket sénégalais se joue sans Directeur technique national depuis la démission de Moustapha Gaye, au lendemain de l’Afrobasket féminin à Kigali, au Rwanda.
La finale perdue face au Nigeria, les nombreux incidents entre le technicien sénégalais et certaines de ses joueuses, à l’image de Fatou Pouye ou encore de la meneuse américaine, Cierra Dillard, auront finalement précipité le départ du double champion d’Afrique.
En plus de quitter la Direction technique nationale, Tapha Gaye laisse vide le banc des Lionnes. Deux gros dossiers sur la table du président de la Fédération sénégalaise de basket, Me Babacar Ndiaye, et de son équipe qu’il faudra vider le plus rapidement possible. En attendant, des acteurs de la balle au panier dressent le profil idéal du futur Dtn, avec des mots qui reviennent souvent : « un homme de consensus », « un rassembleur ».
Cheikh Fall, Dtn de la Jeanne d’Arc
« Etre un rassembleur, un homme de consensus »
« Il ne faudrait pas que les gens soient trop nostalgiques. Un Dtn doit être un rassembleur. Il doit avoir de l’éthique. Il ne doit pas être rancunier. Il faut qu’il accepte les contradictions, les critiques. Ce ne sont pas toutes les critiques que les gens vont prendre, mais des critiques positives. Il faut qu’on arrête de dire que les non-professeurs ne doivent pas être des entraîneurs.
Ce n’est pas normal. Je n’ai rien contre eux, mais c’est cet état d’esprit qui a tué notre basket qui a toujours été fait par des Sénégalais et des techniciens sénégalais. Il faut que le nouveau Directeur technique accepte de rencontrer l’Amicale des entraîneurs, l’ensemble des Ctr (Comités techniques régionaux), de discuter avec tous les directeurs techniques des clubs.
Qu’il comprenne qu’il reste un fonctionnaire des entraîneurs et ne pas écouter seulement les administratifs. C’est quelqu’un qui doit avoir des idées et partager son programme avec tous ses directeurs techniques, tous les Ctr, l’Amicale des entraîneurs. Chacun a son mot à dire. »
Pathé Keïta, président Guédiawaye Basket Academy
« Le prochain Dtn devrait un peu s’écarter des équipes nationales »
« Il faut que ce soit quelqu’un qui a une expertise reconnue, respectée, quelqu’un qui peut faire l’objet d’un consensus, même si c’est difficile. Il y a beaucoup de profils qui sont présents au niveau de notre basket et qui peuvent occuper le poste. Il y en a qui sont partis et qui peuvent bien revenir. Dans tous les cas, le plus important, ce n’est pas le choix de la personne, mais plus sa feuille de route, les missions conformément aux textes et les moyens pour les accomplir.
Parfois, on a l’impression que les directeurs techniques nationaux font plus focus sur les équipes nationales. Le prochain Dtn devrait un peu s’écarter des équipes nationales et doit plus être tourné vers la formation des cadres, des entraîneurs, de la petite catégorie, la maîtrise du calendrier des compétitions, les équipes nationales jeunes. Mais surtout, essayer de plaider au niveau de la Fédération pour la participation des jeunes aux compétitions internationales.
Le système actuel, avec les managers généraux, peut bien fonctionner. Ils seront focus sur leur travail, et le Directeur technique pourra se charger des autres missions. Il faut aussi une bonne organisation des compétitions de la petite catégorie. Avec le basket, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. On ne parle souvent que des équipes nationales, mais on voit bien que depuis plusieurs années, on a un problème de maîtrise du calendrier du championnat.
On est pratiquement à la fin du mois d’août. Ce qui veut dire qu’on ira jusqu’en octobre pour finir le championnat de première division. La deuxième division, c’est sûr qu’on ira jusqu’en novembre-décembre, comme d’habitude, et la petite catégorie, pratiquement, elle est inexistante. Donc, il faut un bon Dtn pour coordonner tout cela afin qu’on puisse retrouver notre lustre d’antan. »
Lamine Savané, Dg Vision 21 Sports Consulting
« D’abord définir la vision du basket sénégalais »
« A mon avis, avant de rentrer dans le profil d’un poste, il faut d’abord définir la vision du basket sénégalais. C’est ce qui permet d’avoir des objectifs intermédiaires, à court, moyen et long termes, parce qu’il y a des échéances pour différentes catégories et pour différents niveaux du point de vue masculin et féminin. Et c’est à partir de là qu’on peut commencer à voir quels sont les besoins et avoir un profil qu’on peut dégager avec certains critères. Aujourd’hui, la communication étant tellement importante que si elle n’est pas bilingue, c’est un handicap. Même si ce n’est pas impossible de faire le job en ne parlant que français. Le niveau de compétence de l’individu est lié aux années d’expérience.
Ensuite, il faut voir s’ils ont une expérience dans un club. Et bien sûr, en tant qu’entraîneur, à l’échelle des équipes nationales, leur expérience en termes de compétitions internationales qui leur permet de connaître les règlements, d’avoir un réseau dans le monde de la Fiba, qui leur permet de comprendre les enjeux, les pièges à éviter, mais aussi les critères de performances afin d’atteindre les objectifs sportifs. Mais tout cela dépend du rôle qu’on donne au Dtn.
J’ai toujours cru à l’importance d’avoir un vrai Manager général des équipes nationales qui gère tout ce qui est autour des équipes nationales, plutôt que ce soit le Dtn qui, lui, devrait plutôt être son collègue ou son superviseur, quelqu’un qui est dans le planning, l’exécution de la stratégie et qui peut justement s’adjuger des ressources humaines additionnelles lui permettant de bien cerner ce qu’il faut pour le basket sénégalais, en termes de Cv, de profils de joueurs, d’identité du basket sénégalais.
Et après, de travailler sur comment mettre en place les systèmes et canaux, en commençant par la petite catégorie et en montant jusqu’à l’élite. De la même manière que quand on voit le basket serbe, croate, américain ou français, et même espagnol aujourd’hui, on doit pouvoir définir l’identité du basket sénégalais et des basketteurs sénégalais. »
Maderpost / Le Quotidien