Les dirigeants mondiaux qui ont participé cette semaine au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial ont félicité la Banque africaine de développement (BAD) d’avoir trouvé une solution qui permettrait aux pays riches de réallouer une partie de leurs droits de tirage spéciaux (Dts) aux pays à faible revenu par l’intermédiaire des banques multilatérales de développement.
Selon un communiqué de presse, cette solution technique préserve le statut de réserve d’actifs des Dts et permettrait de débloquer des centaines de milliards de dollars pour l’Afrique. La même source informe que la Banque africaine de développement et la Banque interaméricaine de développement ont lancé des appels en faveur de la réallocation des Dts par l’intermédiaire de banques multilatérales de développement – comme elles-mêmes -, afin d’aider à reconstruire les moyens de subsistance face à l’impact des changements climatiques et d’autres défis mondiaux.
« La Banque africaine de développement a lancé une initiative visant à canaliser les Dts vers les banques multilatérales de développement, ce qui multiplierait leur impact par cinq — cette initiative devrait être une source d’inspiration », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres qui s’exprimait jeudi à l’ouverture du forum tenu avant le sommet.
Le président français Emmanuel Macron a convoqué ce sommet afin de trouver une feuille de route pour alléger le fardeau de la dette des pays à faible revenu tout en libérant davantage de fonds pour le financement de la lutte contre les changements climatiques. Le secrétaire général de l’Onu a déclaré que les dirigeants mondiaux pourraient mettre en œuvre un mécanisme permettant l’émission automatique de Dts en cas de crise et leur distribution selon les besoins.
M. Macron a suggéré quatre piliers qui doivent sous-tendre le nouveau pacte financier mondial, soulignant qu’il doit avoir le soutien des personnes les plus touchées par les changements climatiques.
« Premièrement, aucun pays ne devrait avoir à choisir entre lutter contre la pauvreté et protéger la planète. Deuxièmement, chaque pays doit suivre sa propre voie parce qu’il n’y a pas de modèle unique. Troisièmement, nous devons faire face à un choc du financement public. Et quatrièmement, nous avons besoin d’une plus grande participation du secteur privé pour mobiliser beaucoup d’argent », a indiqué le président français.
La secrétaire au Trésor américain, Janet Yellen, a souligné l’importance des banques de développement régionales pour relever les défis du financement du développement et réduire les vulnérabilités dans les pays en développement.
« D’importantes innovations commencent à prendre forme au sein de la Banque africaine de développement, de la Banque asiatique de développement, de la Banque islamique de développement et d’autres institutions », a déclaré Mme Yellen, appelant à la poursuite du partenariat entre la Banque mondiale et ces banques de développement régionales.
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, qui a pris ses fonctions au début du mois, a reconnu le rôle crucial des banques de développement régionales et s’est engagé à établir un partenariat plus étroit avec la Banque africaine de développement.
« Ma première visite en tant que candidat a été en Côte d’Ivoire pour rencontrer Akin [Akinwumi Adesina]. Je pense donc qu’à bien des égards, nous devons travailler en partenariat », a déclaré M. Banga.
S’exprimant lors d’une table ronde intitulée « Dette et canalisation des Dts : où en sommes-nous et comment aller plus loin ? », M. Adesina a déclaré que les banques multilatérales de développement avaient un rôle important à jouer dans la gestion de la dette. Les banques multilatérales de développement pourraient exercer un effet de levier sur une allocation de 200 milliards de dollars [à titre d’exemple] et transformer ce montant en mille milliards de dollars, a-t-il indiqué.
« Les banques multilatérales de développement sont des machines à effet de levier », a poursuivi M. Adesina ajoutant qu’« elles peuvent multiplier la valeur des Dts par trois ou quatre. Cet effet de levier est donc très important ».
La directrice générale du Fmi, Kristalina Georgieva, a annoncé que le Fonds avait atteint son objectif de mettre 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux à la disposition des pays vulnérables.
Maderpost / Lejecos