Dans la plupart des secteurs de la fonction publique, le budget est consacré au fonctionnement, les salaires y compris. Les bailleurs de fonds l’ont souvent décrié́, prônant une rationalisation et plus d’investissements. La fonction publique elle-même est dans ce cas. Un monstre pour l’État.
MASSE SALARIALE – Il y a quelques mois, le ministre de la Fonction publique et de la transformation du Secteur public a annoncé que le recrutement dans la fonction publique est passé de 167 218 agents entre 2012 et 2022. « Le Sénégal a enregistré́ 59 987 agents de 1960 à 1980, 95 883 agents de 2000 à 2012 et 167 218 agents entre 2012 et 2022 », avait indiqué́ le ministre Gallo Ba lors de son passage à l’Assemblée nationale. Naturellement, cela a un impact considérable sur la masse salariale. « En 2000, celle-ci était de seulement 173 milliards FCFA pour 65 887 agents publics. En 2018, 135 000 agents étaient relevés pour un montant global de 683 milliards de FCFA. Les salaires sont passés de 72,8 milliards de FCfa au mois de décembre 2021 à 76,5 milliards au mois de janvier 2022 », révélait-il. Le 12 décembre 2022, lors de sa Déclaration de politique générale, le Premier ministre Amadou Ba avait indiqué́ que la masse salariale s’établira à 1273 milliards F CFA en 2023, le justifiant par le recrutement en masse des jeunes dans la fonction publique et la revalorisation « significative », la rémunération de l’ensemble des agents, en 2022, à hauteur de 120 milliards F CFA.
C’est devenu donc un boulet pour l’Etat qui n’a pas le choix. Il est condamné à rationnaliser aussi bien les structures que les personnels. Mais une telle décision requiert des audits. A son arrivée au pouvoir en 2012, le Président Macky Sall en avait fait son cheval de bataille en instruisant son Premier ministre Abdoul Mbaye à prendre toutes les dispositions utiles en relation avec le ministre de la Fonction publique et du travail.
1169 agents payés indûment, plus de 5 milliards en 2014
Le ministre de la Fonction publique, du travail, du dialogue social et des organisations professionnelles alors géré́ par Mansour Sy du Pit, avait réalisé́ un audit physique et biométrique des agents de la fonction publique. Résultat : « 1169 agents de l’Etat ont été́ soumis à la domiciliation de leur salaire au Trésor public et ne se sont jamais présentes ou n’ont pu justifier leur situation. Ils étaient payés indûment. Cela a coûté́ à l’Etat 5 milliards 679 millions 906 mille 708 FCFA ».
Autant d’économie donc, mais peut-être qu’il faudrait, 10 ans après, procéder à un autre audit après les nombreux emplois crées ou supposés souvent annoncés par le gouvernement. D’autant plus que le chef de l’Etat, Macky Sall, a lui- même dénoncé́ les « recrutements abusifs et anarchiques » dans certaines entités de l’administration, lors de la remise de certification ISO 9001 version 2015 décernée à la Présidence par AFNOR international. Et Alioune Tine avait réagi : « La Fonction publique n’a jamais été́ autant politisée et le recrutement et les nominations autant politisés. Auditer la Fonction publique, c’est une urgence signalée. Réduire le fait partisan qui détruit et décrédibilise l’Administration », avait tweeté le président de Afrikajom Center.
Maderpost / Emedia