La filière de l’anacarde dont la campagne vient de démarrer, connaît déjà des difficultés, alors qu’il y a 2000 tonnes de la campagne précédente qui sont en souffrance dans les magasins de stockage. Pour espérer s’en sortir, les acteurs demandent la levée de la mesure d’interdiction d’exportation par voie terrestre.
CAMPAGNE DE COMMERCIALISATION – La campagne de l’anacarde a démarré avec un peu de retard à Ziguinchor. Un retard qui s’explique, entre autres, par l’existence dans le marché, des noix de l’année dernière qui n’ont pas pu être écoulées.
«Aujourd’hui, il y a des noix de l’année dernière qui sont là et n’ont pas trouvé preneurs, surtout des noix stockées dans le cadre du système de récépissé d’entrepôt et qui se trouvent entre les mains de certaines coopératives et certains acheteurs», a confirmé Boubacar Konta. Le président de l’Interprofession cajou du Sénégal s’exprimait vendredi dernier, en marge d’un atelier sur la gestion durable pour la lutte intégrée contre les ravageurs et les maladies des manguiers, des anacardiers et du maïs en Casamance. A son niveau, l’Interprofession est en train de voir comment évacuer ces noix de la précédente campagne. «Il y avait une quantité de presque 5 mille tonnes. On a pu exporter les 3 mille, il reste 2 mille tonnes actuellement», confesse M. Konta.
L’autre raison est que jusqu’à présent, il n’y a pas encore de mesure claire sur l’exportation. Selon le président de l’Interprofession cajou, il y a une mesure interdisant l’exportation par voie terrestre.
Les acteurs, qui se sont retrouvés pour discuter de cette mesure pendant deux jours, demandent de libérer la circulation. «L’exportation, c’est d’un pays à un autre. Si on quitte Ziguinchor pour aller à Dakar, je ne vois pas pourquoi on doit bloquer la circulation», s’interroge M. Konta.
A l’en croire, cet état de fait explique la méfiance des Indiens et autres Vietnamiens qui achetaient la production. «L’année dernière, les noix sont restées ici des mois et des mois sans être exportées et cela a causé beaucoup de pertes, la qualité des noix a fait défaut dans les magasins», se désole notre interlocuteur.
Selon cet acteur, le Sénégal, qui avait l’habitude d’avoir des noix de qualité, s’est retrouvé l’année dernière, avec des cajous de qualité dégradée dans des magasins. Ce qui n’honore pas la filière. Par ailleurs, ce problème décourage les acheteurs qui craignent que les producteurs mélangent les noix de l’année dernière avec celles de la présente campagne.
Les grands perdants dans cette situation sont les producteurs, puisqu’à pareille période, le kg était à 500 francs bord-champ, alors qu’aujourd’hui, les prix varient entre 300 et 325 francs le kg. «Certains disent que les producteurs ne sont pas motivés pour aller faire le ramassage des noix dans les champs», informe M. Konta. Les inquiétudes de l’Interprofession s’expliquent en outre par le fait que le Conseil interministériel sur la campagne agricole de façon générale ait occulté le cajou, qui traverse pourtant une situation difficile.
L’année dernière, le Sénégal a exporté presque 102 mille tonnes d’anacarde, l’équivalent de plus de 60 milliards de francs Cfa. «Nous ne comprenons pas le fait que cette filière ne soit pas prise en compte lors du Conseil interministériel. L’Etat doit revoir sa potion», s’indigne le président de l’Interprofession.
Tout en reconnaissant les mesures prises et efforts consentis par l’Etat pour l’accompagnement de la filière, il exhorte le gouvernement à se pencher sur la question de la commercialisation de l’anacarde, qui pose problème.
Maderpost / Le Quotidien