Disséquant les liens entre l’Europe et l’Afrique, l’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) , Pr Ibrahima Thioub affirme que l’économie a toujours besoin d’une « périphérie » en Afrique où il n’y a pas de loi de l’offre et de la demande. C’est pourquoi, indique l’historien, les marchés des entreprises françaises comme Elf, Bolloré ou encore Orange n’obéissent pas à la loi de l’offre et de la demande.
ECONOMIE – Comment refonder les relations entre l’Europe et l’Afrique ? telle est la problématique proposée par le Gingembre littéraire, rencontre organisée par le journaliste El Hadji Gorgui Wade Ndoye à Paris. Et cette refondation, de l’avis d’Ibrahima Thioub, doit nécessairement passer par une décolonisation d’un certain discours sur l’Europe sur le plan économique avec la politique de la canonnière du système monde. « Avec la loi de l’offre et de la demande, le capitalisme a dans les périphéries un espace où on n’applique pas la loi de l’offre et de la demande. Derrière les marchands, il y a toujours des missionnaires et à côté il y a des militaires pour imposer une loi qui n’est pas celle du marché », explique-t-il avant d’ajouter : « vous comprenez aisément que Bolloré, Elf et Orange ne gagnent pas les marchés par la loi de l’offre et de la demande ».
Dans le même ordre d’idées, l’historien souligne que cette politique de la canonnière s’est accompagnée d’une nouvelle conscience et autant de voiles comme l’émergence pour camoufler injustement l’enveloppement de l’Afrique. Par la même occasion, Pr Ibrahima Thioub indique que la décolonisation n’a pas fait sortir du caractère toxique de la relation entre l’Europe et l’Afrique.
Sans langue de bois, l’ex-recteur de l’Ucad pense que pour refonder les liens, il est nécessaire de réévaluer les cinq siècles de capitalisme européen appliqué à la périphérie africaine. « Car dans le processus, l’Europe est allée dans l’atteinte de l’Afrique, de l’être de l’Afrique », renchérit l’historien en marge de ce sommet qui réunit des sommités intellectuelles du Sénégal et du continent. A l’en croire, pour refonder les relations entre l’Afrique et l’Europe, il faut arrêter de les penser en termes d’extraction mais de dialogue et d’échéances entre humains, lit-on dans les colonnes du journal L’AS.
Maderpost / Mamadou Ba