On peut lire à travers les lignes des déclarations de Mimi Touré, l’idée d’un deal entre Macky Sall et le PDS, et qui remonterait de très loin. On se rappelle bien de la sortie de Mimi, en tant que ministre de la Justice, pour demander publiquement à Karim Wade de payer les 138 milliards qu’il devait à l’Etat du Sénégal, avant de fouler le sol de l’Aéroport international Blaise Diagne.
TRIBUNE – C’était en novembre 2018, on était à la veille de l’élection présidentielle de 2019, et parlait d’un retour de Karim Wade pour représenter le Parti démocratique sénégalais (PDS) dans cette élection.
Dans cette même ligne de conduite, Mimi continue de théoriser un fameux deal, qui ne traîne plus le pas mais s’accélère à la vitesse des enjambées de Usain Bolt.
Entre Macky et le PDS, Mimi soupçonne quelque chose qu’elle voit d’un très mauvais œil. Il faut dire que Mimi Touré est restée constante du début à la fin sur le dossier Karim Wade.
Encore que le contexte d’alors et celui d’aujourd’hui où il est question d’amnistie ou on ne sait quoi pour Karim Wade n’est plus le même.
Mimi avait entretemps quitté le Gouvernement de Macky Sall, et l’affaire Karim Wade était restée à l’état. Avant qu’elle ne soit portée tête de liste de Benno Bokk Yakkar pour les Législatives de 2022.
On l’attendait au perchoir. Mimi n’y sera finalement pas. Une analyse froide et lucide de la situation permet pourtant, de voir nettement que Mimi Touré n’était pas la personne idéale pour occuper ce poste. Non en termes de savoirs ou de compétences mais de confiance et de représentativité, et au regard des enjeux au sein de cet hémicycle, où la coalition au pouvoir ne bénéficie que d’une majorité relative.
Alors un, Mimi Touré n’a pas permis à la coalition Benno de sortir largement vainqueur de cette élection ; deux, elle était loin de faire l’unanimité au sein de cette quatorzième législature, autant dans le camp du pouvoir que dans le camp de l’opposition.
On ne voyait pas encore les députés de Wallu Sénégal – en tous cas plusieurs – lui accorder une indulgence à plus forte raison une caution. Donc en l’écartant de la tête de l’Assemblée nationale, Macky Sall n’était-il pas obligé de se soumettre à la Realpolitik ?
Il faut ainsi reconnaître que les barrières objectives de la disqualification de Mimi étaient déjà là. Et si Macky Sall décidait de se mettre contre la volonté de ses partenaires, il l’aurait certainement appris à ses dépens. On peut alors comprendre que Macky Sall puisse revenir – si c’était vraiment le cas – sur sa décision de la porter à la tête de l’Assemblée nationale.
Encore que ça fait vraiment désordre d’attendre dix-sept minutes avant l’ouverture de cette quatorzième législature, pour qu’elle soit informée de cette décision qui a été prise en sa défaveur, à pas de charge et à la dernière minute.
Selon sa version bien sûr, et on ne peut alors que tenir compte de la version du Président du groupe parlementaire de la coalition au pouvoir, Omar Youm qui avait annoncé que c’est Mimi qui avait violé le pacte de Saly.
Même s’il est connu qu’à l’APR, il est donné carte blanche à Macky Sall de décider sur toutes les questions qui engagent la bonne marche du parti.
Bref Aminata Touré semble oublier qu’elle a été la femme des sales besognes, l’arme entre les dents, prête à appliquer à la lettre les moindres caprices du Président Macky Sall, en donnant ainsi l’air d’une femme qui manque de candeur ou à la limite cynique et sadique.
Ce rôle elle l’a accepté en parfaite exécutrice comme dans un film hollywoodien. Mimi a été animatrice de la coalition au pouvoir, Premier ministre et ministre de la Justice, donc au cœur de la stratégie administrative et politique de Macky Sall.
Elle a également été planificatrice des plans les plus sordides du régime de Macky Sall. C’est pourquoi Mimi et Macky ont intérêt, tous les deux, à se taire parce qu’ils se connaissent des secrets et pas des moindres. Quand ça déballe, on ne sait pas ce qui pourra arriver dans ce pays !
Mimi était dans la défense des positions de sa coalition, elle allait au charbon et elle guerroyait pour un tout et pour un rien. Étant ainsi portée à solder des comptes avec tous les pourfendeurs du régime de Macky Sall.
Même si certains diront qu’elle a fait preuve d’engagement et de loyauté envers son patron et employeur le Président Macky Sall, dont il est dit qu’il avait à travers la personne de Mimi Touré instrumentalisé le pouvoir judiciaire.
Mimi pouvait bien être coriace, tenace et au service de son chef de Président et camarade de parti, qui aimait bien lui confier des missions, ou la faire exécuter des ordres, mais non pour n’importe quel job et n’importe comment !
D’ailleurs, quand certains Sénégalais la prennent comme une naïve, on ne partage pas du tout cet avis, car Mimi est à mille années lumières d’une femme naïve.
On n’a pas à apprendre à Mimi Touré que la politique dans ce pays, est l’un des domaines les plus imprévisibles, les plus sordides et les plus ingrats. Même si elle est également cette discipline majeure et centrale qui réglemente, régente et décide de nos vies.
Encore qu’elle n’est pas faite pour les enfants de chœur ! Mais enfin, Mimi n’est-elle pas finalement emportée par sa boulimie du pouvoir, son empressement, son impatience et son grand désir de vengeance ?
Cette vengeance qui, comme on le sait, aveugle les esprits et anéantit les bonnes capacités de réflexion et de discernement. On peut en tout cas tout reprocher à Mimi Touré sauf un manque de courage politique.
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe