Le front social est en ébullition, et rien ne présage pour le moment, une baisse de la température d’ici la Présidentielle de 2024 ! (TRIBUNE)
TRIBUNE – Disons tout de suite que ce ne sera pas facile de décrisper la tension, entre ces deux camps, l’opposition et le pouvoir que beaucoup de choses semblent séparer.
Au vu de l’évolution actuelle des choses, on peut dire que ce ne sera pas pour demain la veille, que se fera la paix des braves entre ces deux entités politiques, ou pour les irréductibles adversaires ou « ennemis » politiques que sont Macky Sall et Ousmane Sonko.
Le mal est profond, tellement profond qu’on ne peut imaginer un instant, voir le camp d’Ousmane Sonko abdiquer dans son combat contre Macky Sall, ou celui de Macky abandonner son traquenard contre Sonko.
Le pays a besoin d’apaisement, mais la réalité du terrain semble montrer une situation plus complexe. Ousmane Sonko joue son va-tout, et ses adversaires sont pressés de le voir disparaître de la scène politique.
Et ils ne seront satisfaits, que quand le régime de Macky arrivera à neutraliser le leader de Pastef.
Encore qu’il s’agisse ici, d’une affaire de conquête du pouvoir pour les partisans de Ousmane Sonko, quel que soit ce que ça pourra les coûter. Pour les fidèles de Macky Sall, c’est une lutte à mort pour la conservation du pouvoir, quels que soient les moyens qui seront utilisés.
On voit ainsi que le contexte politique actuel du pays n’est pas favorable à une accalmie. La contradiction entre l’opposition et le pouvoir a atteint son paroxysme. Les deux camps sont prêts pour le combat, ils ont presque atteint le point de non-retour.
C’est œil pour œil, dent pour dent. « Vous brûlez nos maisons, on brûle vos maisons ! » Tel est aujourd’hui le refrain le plus chantonné dans ce pays par ces apprentis politiques.
Quand le Premier ministre Amadou Bâ, qui est connu pour sa retenue légendaire s’en mêle, brocarde et pourchasse les Sonko boys, on voit combien le degré d’insanités, d’indécence et de démesure est atteint dans ce pays.
Disons que ça vole bas et même très bas ! Mais quand les gens qui semblent les plus lucides, et qui doivent jouer le rôle d’avant-garde s’emmurent ou plastronnent, en étant dans la poltronnerie ou dans le cynisme, là on peut vraiment dire que le danger est imminent, et l’incertitude totale.
Le chanteur éclairé et « fou » de la Cité, Souleymane Faye, n’a-t-il pas été quelque peu visionnaire en disant que « ceux qui savent se contentent d’ouvrir leurs yeux, en faisant semblant de ne rien voir, ou ils enroulent tout bonnement leurs langues dans leurs bouches. »
C’est ainsi que ces derniers cèdent le champ de la réflexion, de la parole et de l’action aux écervelés ou pyromanes, qui sont promptes à faire feu de tout bois.
L’éminent homme politique Amath Dansokho aimait dire, « c’est quand les mécanismes de la démocratie ne fonctionnent plus, que le pouvoir est à la portée des forces obscures ».
Evitons alors de tomber dans une sorte de démocratie à marée basse ou à la vitrine craquelée. Bref, ces gladiateurs des temps modernes sont à un pas de franchir la ligne rouge.
Les gens de Macky Sall sont habités par la peur de perdre le pouvoir. Ils sont alors tétanisés par le simple fait d’entendre le nom de Ousmane Sonko. Mais les partisans de Ousmane Sonko savent aussi, pertinemment, que le pouvoir de Macky Sall ne ménagera aucun effort pour faire la fête à leur leader, et tous les moyens seront bons pour stopper son ascension politique.
Alors que faire ? Il nous faut impérativement poser les barricades de prévention, pour la sauvegarde des acquis démocratiques et des principes de civilité, qui sont des marques de fabrique dans ce pays.
Faisons également recours à la tradition de concertation et de dialogue entre acteurs politiques, qui est pratiquement devenue une pédagogie politique au Sénégal.
D’ailleurs le Code consensuel de 1992, sous la direction du juge Kéba Mbaye, n’a-t-il pas été un acte principiel et fondateur des bonnes pratiques politiques qui ont grandement impactés sur le devenir de la nation sénégalaise ?
Il faut le dire le mérite de cette initiative revenait en grande partie au Président Abdou Diouf, et aussi à l’opposition plurielle d’alors (PDS, PIT, LD, And Jeff…)
En tout cas, c’est le temps qui nous impose d’aller résolument dans cette direction, car les nerfs se surchauffent et le pays est au bord de l’abîme.
Alors, agissons dès à présent et réglons politiquement les choses. C’est bien possible, si on s’y prend bien sûr, avec volonté, intelligence et responsabilité.
Donc sans faux-fuyants ou fioritures, et en évacuant toutes les aspérités qui peuvent empêcher la bonne marche de ce pays. Nous en avons la capacité et les moyens, encore que cela corresponde parfaitement à notre univers mental, qui nous pousse souvent à convoquer le vieux sage, qui préfère dire les choses à temps, que d’attendre le déluge ou l’apocalypse pour se prononcer.
Babacar Papis Samba- Auteur et Adepte de la pensée complexe

