L’avocat Me Doudou Ndoye, ex-garde des Sceaux a indiqué dans les colonnes de L’Observateur paru ce mardi les possibilités qui s’offrent au président de la République suite à l’annonce du rapport définitif de la Cour des comptes portant sur le Contrôle de la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid 19 – Gestion 2020-2022 sur la gestion des fonds du Covid 19, qui aura fait l’objet de festin dans certains départements.
GOUVERNANCE – L’affaire serait d’une gravité aussi haute qu’une « montagne », qu’un « génocide financier de la santé », une « tuerie de masse », une « dinguerie industrielle révélant au grand jour la macdonalisation de la corruption au Sénégal » pour reprendre un célèbre spécialiste de la communication, qu’elle accoucherait d’une souris si le President Macky Sall décidait de la mettre « sous le coude », comme il l’avait maladroitement dit il y a quelques années.
Le Président Macky Sall s’était-il ainsi exprimé sans en parler à ces conseillers ou s’en était-il arrêté à sa lecture personnelle, ses prérogatives, à son pouvoir discrétionnaire, son sens élevé de l’orthodoxie, de l’intégrité, la morale, l’équité et l’éthique pour « mettre sous le coude » les dossiers.
Comme le dit Me Doudou Ndoye, plusieurs possibilités s’offrent à lui à la suite de la qualification par ses soins personnels des faits retenus par le rapport ou après en recueilli des conseils avisés de son entourage spécialisé en sciences politiques, en économie, sur les questions sociales, juridiques.
Classer le dossier
L’ancien garde des Sceaux dit pour sa part que l’une des trois possibilités qui s’offrent à lui est de classer le dossier. « Lorsque le Président reçoit un rapport, il s’offre à lui trois possibilités. Il peut dire : ‘Ce que vous venez de décrire contre untel ne me semble pas suffisant pour poursuivre l’intéressé donc, je classe le dossier’ ».
Cette décision devrait cependant reposer une lecture sans complaisance, tenant compte du fait qu’il s’agit pour lui de prendre la décision qui s’impose pour le présent, mais aussi pour l’histoire.
Renvoi devant les juridictions spécialisées
L’autre possibilité s’offrant au Président Macky Sall est le renvoi des cadres épinglés par le rapport devant les juridictions spécialisées après qu’il eut apprécié une faute budgétaire justifiant des poursuites devant la juridiction jugeant les fautes budgétaires et non les vols. Comme pour la première possibilité, le Président doit différencier la faute budgétaire du vol.
Le poursuites judiciaires
La troisième possibilité qui s’offre au Président Macky Sall, toujours selon Me Doudou Ndoye, est de demander des poursuites pénales contre les personnes dont il est convaincu des accusations de vol formulées par le rapport parce qu’étayées. Le chef de l’Etat demande au ministre de la Justice d’ouvrir des poursuites pénales.
« Mettre sous le coude »
L’expression du Président Sall de « mettre sous le coude » des dossiers issus de contrôle ne sied pas selon Me Ndoye qui parle plutôt de « maladresse ».
Outre les possibilités, les valeurs morales d’un président de la République
Pour autant, un président de la République ne peut et ne doit faire comme bon lui semble. Gouverné par les valeurs morales, il n’est pas « n’importe qui », « ne dit pas et ne fait pas n’importe quoi » et ne fait encore moins « dans le détail ». Un président de la République est celui qui fait de la loyauté à sa patrie sa première valeur.
Armé de son amour ou la vocation pour le métier du commandement et non du commandement comme on le voit hélas en Afrique, il est imbu de sa mission. Affranchi des entraves, se consacrant au fondement de sa mission, il veille et fait veiller au respect de la loi, de la Constitution, qu’il ne charcute au gré de ses ambitions personnelles.
Il doit du respect aussi bien à ses collaborateurs qu’à peuple, surtout ce dernier dont il est garant de sa sécurité, de ses biens, de son argent. Se sacrifiant et renonçant avec abnégation à tout ce qui n’est pas en relation avec ses attributions, un président de la République est celui qui élève l’honneur au rang de la dignité morale. En ce sens, il a beaucoup à faire dans ce Sénégal gangréné par l’ambition démesurée, par l’ineptocratie, par la souillure de l’argent facile, par des intérêts matériels bassement soutenus.
C’est dire ô comment l’intégrité constitue pour un président de la République un verrou contre la corruption. C’est dire combien le courage devient une valeur essentielle pour un président de la République qui sait qu’il sera appelé à prendre tôt ou tard des décisions politiques, économiques, sociales, parfois difficiles voire douloureuses dans des moments difficiles, mais dans l’esprit de toujours servir ses contemporains et baliser le chemin aux prochaines générations.
Outre les possibilités qui s’offrent au Président Macky Sall à la suite du rapport définitif de la Cours des comptes bouclé en août 2022 sous le sceau de la confidentialité, il est attendu de lui qu’il assure et assume sa mission.
Maderpost / Charles Faye