Ce qui était impensable jusqu’alors, l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février de cette année, se déplace à la limite de la confrontation nucléaire en Europe. Les menaces et la rhétorique nucléaires ont été la toile de fond horrifiante de cette guerre. Si l’on en arrive à une guerre nucléaire, il y aura des conséquences catastrophiques dans le monde entier, sans exception.
TRIBUNE –Dans une situation apocalyptique, la civilisation s’arrête avec l’activité économique mondiale concomitante. Il y aura des pertes de vies humaines dignes de la Bible et les activités d’approvisionnement seront arrêtées dans le monde entier. La stagnation économique mondiale, la dépression, le désespoir, la misère, les maladies liées aux radiations se métastaseront dans le monde entier.
Les ravages causés par la pandémie de Covid-19 dans le monde ne seront que la partie émergée de l’iceberg, comparée à la catastrophe himalayenne d’un holocauste nucléaire. En Gambie et dans le reste de l’Afrique, par exemple, les difficultés économiques et sociales seront insondables (il sera prudent pour les autorités gouvernementales du monde entier de préparer des plans d’urgence pour leurs citoyens) !
Sept mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on constate que le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, n’a pas envisagé ou réfléchi, avant d’ordonner à ses forces armées d’envahir l’Ukraine, à la réponse forte et draconienne des États-Unis et de ses alliés de l’OTAN, qui ont imposé des sanctions économiques punitives et armé l’Ukraine pour lutter contre l’agression.
L’invasion de l’Ukraine, un échec colossal pour Poutine
A l’analyse, le calcul de Poutine imite l’annexion forcée de la Crimée en 2014. Sauf que cette fois, son calcul a été un échec colossal ! L’économie russe est dans le marasme, les oligarques russes sont décimés, le Kremlin et l’establishment moscovite sont aux prises avec d’étranges incertitudes et la Fédération de Russie tout entière est dans les limbes !
Poutine, malgré ses peccadilles, ses tendances hégémonistes et sa bellicosité, est resté l’homme le plus puissant du monde, juste derrière le président américain Biden. Poutine est le principal gardien de plus de six mille ogives nucléaires (le plus grand stock nucléaire du monde), y compris des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables de frapper n’importe quel endroit du globe.
Les griefs légitimes de Poutine comprennent entre autres : L’expansion de l’OTAN à sa porte ; le rempart monté par l’armée ukrainienne de concert avec l’OTAN et les États-Unis ; l’armement de l’Ukraine par l’OTAN d’une manière impensable avant la guerre.
Selon ses déclarations publiques, il s’agit de menaces existentielles pour la Fédération de Russie. L’idiosyncrasie et l’état d’esprit du président Poutine reflètent encore le fantassin de l’Union soviétique. Ancien agent du KGB, la philosophie et le dogme staliniens et communistes sont toujours ancrés dans son esprit, malgré la transformation capitaliste de Moscou au cours des deux dernières décennies.
Poutine est resté un communiste pur et dur. La guerre en Ukraine nous rappelle de manière frappante qu’en dépit de la transformation de la nation russe en une société entrepreneuriale dynamique de style occidental au cours des deux dernières décennies, notamment en accueillant la Coupe du monde de football, les Jeux olympiques non boycottés, le sommet des chefs d’État de l’Union africaine et la Bourse de Moscou, les reliques et les vestiges du communisme et de l’idéologie marxiste-léniniste subsistent.
Le Résultat apocalyptique est assuré !
Le monde est dans un état de dystopie. C’est un précipice, le président américain Biden ayant fait référence à un “Armageddon” nucléaire ! Comment et quand cette bataille sera menée, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu. Le Résultat apocalyptique est assuré !
Poutine est entre le diable et la grande bleue. Les chances qu’il gagne en Ukraine par une campagne militaire conventionnelle sont minces, ce qui rend l’utilisation d’armes nucléaires ou chimiques très probable. Dès le début de la guerre, Poutine et ses principaux collaborateurs au Kremlin se sont livrés à une bataille de sabre nucléaire et, compte tenu des pertes énormes subies par les forces russes, cette bataille pourrait se transformer en une guerre non conventionnelle, qui devient de plus en plus macabre avec le temps.
Le précieux pont de Crimée, touché par une explosion (8-9 ocobre), a accentué la situation difficile dans laquelle se trouve Poutine et tout porte à croire à une défaite militaire conventionnelle. Compte tenu de cette dure réalité sur le champ de bataille en Ukraine, personne ne sait combien de temps le règne de Poutine va encore durer !
Une crise mondiale majeure est à portée de main et, si un cessez-le-feu n’est pas obtenu rapidement, une confrontation nucléaire impliquant les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN contre la Fédération de Russie se prépare !
L’histoire ne peut être réécrite, mais elle peut être répétée !
La Seconde Guerre mondiale s’est déroulée en Europe et dans le Pacifique. Dans ces conditions, une troisième guerre mondiale en Europe et dans le Pacifique n’est pas hors de portée, étant donné les récentes activités belliqueuses de la RPDC dans la péninsule coréenne, qui a tiré des missiles balistiques au-dessus du Japon et qui est sur le point de procéder à son septième essai nucléaire après une interruption de cinq ans.
Le dernier essai nucléaire effectué par la Corée du Nord remonte à 2017. Si cela est lié à la guerre Russie-Ukraine, c’est du déjà-vu dans les années 1940 !
En conclusion, je crois fermement que l’annexion de quatre régions ukrainiennes par Poutine, est une façon de sauver la face en sortant du conflit après avoir subi des défaites ignominieuses sur le champ de bataille en Ukraine.
L’agression ne doit en aucun cas être récompensée, mais pour éviter une issue apocalyptique en Ukraine et en Europe, céder ces territoires à Poutine pourrait être un point de départ plausible pour des négociations diplomatiques.
Le président Volodymyr Zelensky et le peuple ukrainien doivent acquiescer et sauver ce qui reste de leur pays. Une guerre nucléaire ruinera encore plus l’Ukraine et la destruction sera totale. Ce qui est primordial à ce stade, c’est la désescalade et le cessez-le-feu immédiat, qui seront suivis de négociations diplomatiques.
La possibilité d’une guerre non conventionnelle dans ce conflit est élevée, étant donné le bourbier dans lequel se trouve la Russie. La seule façon d’aller de l’avant dans ce conflit est la désescalade, le cessez-le-feu et la diplomatie, faute de quoi, c’est : jeu, set et match pour la civilisation moderne.
Musa Bassadi Jawara, Observateur économique, politique et de sécurité