Trois mois après leur arrestation à l’aéroport international de Bamako, les efforts en vue de la libération de ces soldats n’ont toujours pas porté leurs fruits.
MALI – Depuis l’éclatement de l’affaire, plusieurs initiatives diplomatiques ont été prises, d’un côté par le Mali, de l’autre par la Côte d’Ivoire.
Plusieurs initiatives personnelles ont également été prises ensuite par les présidents du Sénégal, de la Guinée-Bissau et du chef d’Etat déchu du Burkina Faso.
Cela a abouti début septembre à la libération des trois soldats du contingent pour des humanitaires, selon le communiqué de la présidence malienne.
Par la suite, la libération des 46 autres soldats traînant, la Côte d’Ivoire a sollicité la médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Mais depuis, les choses n’ont pas vraiment avancé. Le dossier se heurte maintenant à la volonté du pouvoir malien qui semble multiplier les entraves, demandant notamment l’extradition d’opposants maliens au pouvoir qui seraient censés être sur le territoire ivoirien.
Il s’agit de Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta renversé en 2020, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé ou encore Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous IBK.
Abidjan a toujours refusé d’accéder à cette demande.
Politisation
Pour l’analyste ivoirien André Silver Konan, le manque d’accord vient de la politisation du dossier. Selon lui, cette crise ivoiro-malienne est la démonstration de force de deux puissances étrangères dans la sous-région : d’un côté l’Occident, représenté par la France, et la Russie de l’autre.
André Silver explique que le dossier des 46 militaires est devenu une affaire d’intérêt géostratégique de deux blocs.
Il explique que « les militaires au pouvoir au Mali se sont davantage rapprochés de la Russie, sont sans doute actionnés dans le sens que le maintien des soldats ivoiriens, d’un pays considéré comme proche de la France, contribuerait sans doute à l’entretien d’un climat tendu dans ce pays. »
Quotidien normal
Cette crise politico-militaire qui oppose la Côte d’Ivoire au Mali n’a en revanche pas du tout affecté le quotidien et la vie des deux millions sept cent mille maliens qui vivent en Côte d’Ivoire, comme en témoignent les propos de ces Maliens interrogés au village artisanal de Marcory, dans le centre d’Abidjan.
« Ça n’a rien changé, ça n’a pas impacté mon amitié avec les ivoiriens. Même quand je viens au travail je suis tranquille hein. J’ai l’impression même d’être au Mali ici. Je n’entends pas de propos xénophobe tout ça, non pas du tout », se réjouit ce malien vivant à Abidjan.
« Ça c’est entre les politiciens, on ne sait pas ce qui se passe. Nous on vit tranquillement, on est à l’aise ici. Moi-même je loge dans une maison d’un Ivoirien, un Ébrié à Anoumabo. Donc il n’y a même ces questions qui se passent entre nous, c’est-à-dire vivre ensemble », affirme un autre.
Excuses
Depuis le début des négociations,Bamako exige des excuses de la part d’Abidjan. Une forme d’humiliation, selon certains observateurs, à laquelle la Côte d’Ivoire n’a pas consenti.
Le président ivoirien Alassane Ouattara a déclaré vendredi dernier à Abidjan que les choses évoluent bien en vue d’une libération prochaine des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis maintenant trois mois.
Mais rien n’est encore acquis.
Maderpost / Dw / Julien Adayé