Le nouveau putsch au Burkina Faso a mis en lumière l’important rôle de médiateur joué par les chefs coutumiers et religieux qui ont permis d’éviter le pire.
BURKINA FASO – Lors de ce putsch, le deuxième en huit mois, des chefs coutumiers et religieux ont permis d’éviter un affrontement entre militaires. Parmi eux, la caste des forgerons joue un rôle ancestral dans la résolution des conflits.
Au Burkina Faso, les chefs coutumiers sont l’interface entre les ancêtres et les populations. Vénéré et honoré, le chef coutumier détient un pouvoir légué des ancêtres qu’il utilise pour prôner la cohésion sociale et la paix.
Et ceux-ci ont joué un rôle important en évitant que le coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré ne se transforme en une guerre interne au sein de l’armée burkinabè.
Dans son palais royal à Zagtouli, une localité située à la sortie ouest de Ouagadougou, le chef coutumier, appelé le Naaba Kango de Zagtouli, explique le rôle de la chefferie dans la société.
Selon lui, “le rôle premier de la chefferie coutumière est d’œuvrer à la cohésion sociale et cette cohésion ne peut se faire que sur un certain nombre de facteurs, à savoir le poids social de la chefferie coutumière dans la localité ou dans le pays. Un chef doit être impartial, exemplaire et très sage.”
Eviter l’escalade
Face aux risques d’escalade après le nouveau coup d’Etat militaire qui a porté à la tête du pays le capitaine Ibrahim Traoré, une déclaration des communautés religieuse et coutumière a pu éviter le pire lors d’une médiation avec l’ancien président, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
Seydou Ouédraogo secrétaire général du bureau local de la communauté musulmane, propose ainsi la création d’un comité de veille religieux.
Il compte “demander aux autorités coutumières et religieuses de faire tout pour aider le capitaine Ibrahim Traoré à mettre en place un gouvernement de transition.”
Il existe aussi une caste qui joue un rôle essentiel dans les médiations : celle des forgerons qui, à travers des rituels en l’honneur des ancêtres, aident à apaiser les tensions.
Alliance ethnique
Jean-Marie Sam est forgeron, il rappelle que le pardon d’un forgeron est sacré et ne peut être refusé.
“Chez les forgerons, si deux personnes sont en conflit, le chef coutumier peut avoir recours à un forgeron pour apaiser la paix. S’il y a un problème, le premier recours, c’est d’abord le forgeron. Même quand la foudre abat une personne, ce sont les forgerons qui viennent demander pardon à la nature avant d’enlever le corps. Pour la recherche de la paix en tant de crise, il y a des rites qui sont effectués pour demander aux mânes des ancêtres d’apaiser la situation”, explique-t-t-il
Enfin, il ne faut pas oublier ce qu’on appelle “la parenté à plaisanterie” qui est aussi un outil ancestral de règlements des litiges au Burkina Faso qui compte une soixantaine d’ethnie avec des coutumes différentes.
L’alliance ethnique, ou la parenté à plaisanterie, est une pratique qui consiste à résoudre les tensions par la parole en se disant certaines vérités. C’est une tradition qui aide à apaiser les liens entre les communautés au Burkina Faso.
Maderpost / Dw / Charles Bako