Dernier prix Nobel scientifique avant la littérature et la paix, la distinction en chimie est venue récompenser les Américains Carolyn Bertozzi et Barry Sharpless et le Danois Morten Meldal, mercredi 5 octobre.
PRIX NOBEL – Le prix Nobel de chimie a été attribué mercredi 5 octobre aux Américains Carolyn Bertozzi et Barry Sharpless et au Danois Morten Meldal pour leurs travaux sur le développement de la chimie « clic » et bio orthogonale, qui permettent de fabriquer facilement des molécules.
Normalement, « fabriquer » une molécule demande de faire une première réaction, qui va donner un premier élément utile et d’autres inutiles.
Puis, une deuxième réaction donne un second ingrédient utile et, là encore, des déchets. À chaque étape de la recette, il faut donc nettoyer la table. Avec la chimie « clic », ces éléments inutiles n’existent pas. On prend les différents ingrédients et on les mélange, sans laisser une trace de salissures.
Penser les molécules comme des briques lego
Barry Sharpless a été le premier à théoriser cette approche « lego » de la chimie. Le Danois Morten Meldal a réussi le premier exemple de liaison « clic », un peu par hasard, alors qu’il construisait une bibliothèque de molécules.
Depuis les années 2000, la simplicité de la chimie « clic » a fait son chemin jusque dans l’industrie pour le développement de polymères et de nouveaux matériaux.
Carolyn Bertozzi, de son côté, a repris l’idée pour l’appliquer au monde du vivant et, ce faisant, a donné naissance à la chimie « bio orthogonale ».
En ciblant l’échelle cellulaire mais sans influencer sur le fonctionnement des cellules, ses travaux permettent de suivre une molécule donnée dans un organisme, ce qui est utile par exemple pour les radiothérapies ou certains traitements.
Des prix Nobel toujours très masculins
L’Américaine est la première femme de l’édition 2022 à être récompensée. Après un millésime 2021 très masculin (12 hommes et une femme, aucune pour les prix scientifiques), l’année 2022 a continué sur cette tendance, avec les Nobel du Suédois Svante Pääbo en médecine et d’Alain Aspect (France), John Clauser (États-Unis) et Anton Zeilinger (Autriche) en physique.
Fait rare, Barry Sharpless devient la cinquième personne à remporter un Nobel pour la deuxième fois. Il l’avait déjà obtenu en 2001, également en chimie, pour ses travaux sur la catalyse chirale.
L’année dernière, le Nobel de chimie était revenu à l’Américano-Britannique David MacMillan et à l’Allemand Benjamin List pour le développement de l’organocatalyse asymétrique. Derrière cette technique, leurs travaux ont contribué à une chimie plus verte.
Maderpost / La Croix / Audrey Dufour