Autant la prestation face à la Bolivie avait laissé espérer des lendemains enchanteurs, autant trois jours plus tard, devant un adversaire d’un niveau plus élevé, les Lions du Sénégal ont fait ressortir leurs doutes habituels.
FOOTBALL – Certitude principale : il sera difficile de bouger cette équipe du Sénégal et de lui inscrire plus de deux buts. Malgré des absences majeures notamment en défense, dans les rangs des champions d’Afrique, l’Iran n’aura pas réussi la où le Brésil, pourtant impitoyable face à la Tunisie (5-1 ce mardi) et au Ghana (3-0 samedi), a échoué face aux Lions (1-1 en amical, il y a trois ans à Singapour).
Principal doute : il sera difficile à cette équipe du Sénégal d’emballer le public qui l’attend au Qatar et de proposer un jeu à même de lui offrir plusieurs buts, surtout si la forme de son meilleur joueur, Sadio Mané, visiblement émoussé et sans inspiration, n’évoluait pas positivement dans les prochaines semaines.
On le devinait déjà, que la partie face à l’Iran n’allait pas avoir la même allure de promenade de santé que le duel presque sans relief de samedi, contre des Boliviens déterminés, mais limités.
QUEIROZ – CISSÉ, JEU D’ÉCHECS SANS FIN
Hier, la BSFZ Arena sonnait creux parce que l’Iran, pays hôte de ce match amical disputé à Maria Enzersdorf, en Autriche, a souhaité ne pas être envahi pour d’éventuels manifestants politiques. Sans forcément s’ennuyer, ils seraient certainement moins emballés que le public du stade d’Orléans. Pour cause, les deux adversaires de ce match amical calé dans la dernière fenêtre de préparation avant le déplacement au Qatar pour la Coupe du monde, n’ont pas sorti attendu de deux gros outsiders : l’Iran, 22e au classement FIFA, qui a surclassé (8 victoires, un nul et une défaite) son groupe de qualification au Mondial et le Sénégal, 18e mondial, champion d’Afrique en titre et qualifié à l’issue d’une double confrontation contre l’Égypte alors entraînée par le Portugais Carlos Queiroz. Le même technicien retrouvait justement son principal bourreau qui l’a privé de victoire finale en Can et de qualification à la Coupe du monde et on pouvait imaginer que sa volonté était grande de faire déjouer un adversaire qu’il croisait pour la 4e fois de l’année après deux défaites frustrantes aux tirs-au-but et une victoire (1-0) dans le jeu mais finalement inutile.
D’entrée, l’Iran se présentait donc avec l’ambition de faire mainmise sur le jeu. Par des passes courtes et précises sous la dictée de la tour de contrôle, Saed Ezatolahi. En face, le Sénégal se présentait avec une bonne partie de ceux qui semblent constituer l’équipe-type d’Aliou Cissé. Six des titulaires de la finale de la CAN au Cameroun étaient présents sur la pelouse : Kalidou Koulibaly, Nampalys Mendy, Gana Gueye, Ismaila Sarr, Sadio Mané et Boulaye Dia. Les cinq autres ? Quatre (Abdou Diallo, Saliou Ciss, Bouna Sarr et Edouard Mendy) étaient empêchés et finalement, seul Pape Gueye était sur le banc. C’était l’occasion à ne pas manquer pour Aliou Cissé de (re)lancer dans le bain certains joueurs. Krépin Diatta enchaînait une deuxième titularisation après dix mois d’absence, tandis que Formose Mendy et Ismail Jakobs débutaient pour la première fois.
SOLIDES DERRIÈRE, BROUILLONS DEVANT
En laissant délibérément le contrôle du ballon à l’adversaire qu’il contenait parfaitement dès qu’il pointait le dernier tiers, le Sénégal procédait par des attaques rapides qui auraient pu être dévastateurs si Ismaila Sarr, principalement, mais également Sadio Mané, Krépin Diatta, Boulaye Dia et même Idrissa Guèye se montraient lucides devant le but. Pendant que Seny Dieng passait une après-midi tranquille, Seyed Hosseini, son collègue de 105 mètres plus loin, lui, se déployait à cinq reprises pour empêcher l’ouverture du score. Les deux équipes se quittaient dos à dos après 45 minutes plutôt rythmées, entre les attaques placées iraniennes et les contres des champions d’Afrique. Un bon compromis qui pouvait rassurer les deux staffs techniques, selon qu’ils voyaient le verre plutôt à moitié plein que vide.
Au retour des vestiaires, Queiroz opérait d’entrée à quatre changements et un cinquième un quart d’heure plus tard, qui eurent pour conséquence de déséquilibrer son bloc. Entre temps, le Sénégal en profitait allègrement pour bénéficier du premier but du match. Un CSC de Pouraliganji, entré en jeu dix minutes plus tôt, qui dévie dans son camp, un centre d’Ismail Jakobs en direction d’Ismaila Sarr (55e, 1-0).
POINTS PERDUS
On croyait alors que le plus dur était fait pour le Sénégal qui savait jusqu’ici se préserver des coups de boutoirs iraniens. Que nenni ! C’est même à ce moment que les Lions ont totalement perdu leurs esprits et le contrôle de la partie. Et Aliou Cissé, son inspiration. En se la jouant facile, Pape Abdou Cissé aligné à côté de Kalidou Koulibaly, ne saisit pas réellement sa chance de monter dans la hiérarchie des centraux, quand, à la 64e minute, sa sortie hasardeuse crée un gouffre dans lequel Sardar Azmoun, entré 5 minutes plus tôt, plongeait pour récupérer un centre de l’arrière gauche Ehsan Safi et tromper Seny Dieng de très près. S’il y en a peu qui ont marqué des points dans ce match, le défenseur central d’Olympiacos lui semble en avoir perdu sur cette faute de concentration, en attendant les retours de Diallo et Niakhaté.
À partir de là, alors qu’on s’attendait à ce qu’il lançât des profils offensifs comme Iliman Ndiaye, Nicolas Jackson ou encore Demba Seck, le coach aux dreadlocks préférait la solution de sécurité défensive en sortant Boulaye Dia pour Cheikhou Kouyaté, à la minute suivant le but encaissé. Il ne se passera plus rien, quand bien même, pour le dernier quart d’heure, Pape Matar Sarr entré à la 76e tentera de fluidifier le jeu, Bamba Dieng essaiera d’apporter de la profondeur dans l’attaque des Lions et Iliman Ndiaye de toucher au moins un ballon pour ses trois uniques minutes de présence sur la pelouse… en deux matchs.
Pour le reste, à 55 jours de leur entrée en lice au Mondial, le 21 novembre prochain face au Pays-Bas, les Lions rentrent dans leurs clubs respectifs avec les mêmes certitudes et les mêmes doutes avec lesquels ils étaient venus à cette dernière de préparation.
Maderpost / Emedia