Le sélectionneur des Lions s’est présenté en conférence de presse à la fin du match amical victorieux contre la Bolivie.
ALIOU CISSE – Quels sont les objectifs pour la Coupe du Monde 2022 après avoir atteint les quarts de finale en 2002 ?
Il y a cinq pays africains qualifiés dans cette Coupe du Monde et, croyez-moi, tous ces pays auront leurs chances, que ce soit le Sénégal, la Tunisie, le Maroc, le Cameroun et le Ghana. De notre côté, nous sommes en train de la préparer. Si les connaisseurs et les observateurs pensent que le Sénégal est l’équipe africaine la plus outillée, cela nous fait plaisir, mais ça ne change rien. Nous restons humbles. Ce sera ma troisième Coupe du Monde donc, je sais que le niveau n’est plus le même. On doit se préparer en conséquence, avec beaucoup d’humilité. Nos ambitions restent les mêmes. On va prendre les matchs les uns après les autres.
Lors de la dernière Coupe du Monde, on a été éliminés au bout de trois matchs. Pour cette Coupe du Monde, l’objectif sera d’abord de sortir de cette poule. A partir du moment où on sortira de cette poule, on sait que ce sera des matchs à élimination directe. Dans ce cas-là, on a du vécu et de l’expérience donc on aura notre mot à dire. Mais avant, il faudra attaquer ces matchs de poules avec beaucoup de sérénité. Certains nous voient en huitième de finale, quarts de finale, mais notre philosophie est de prendre match après match. On passe la Bolivie puis on s’attaquera à l’Iran. Ce sera un match très important mais compliqué. On avance petit à petit mais avec nos certitudes.
En tant que sélectionneur, qu’est-ce qu’Aliou Cissé peut encore apporter à cette équipe pour atteindre une demi-finale de Coupe du Monde ?
Merci ! Décidemment, ça ne cessera jamais. La pression va toujours être sur nous (rires). Ça veut dire que le travail se fait bien. On se donne les moyens pour avoir ces ambitions. Je suis sélectionneur depuis sept ans et dans la direction depuis pratiquement dix ans. Il nous a fallu dix ans pour constituer une équipe capable de respecter ses ambitions. Ce que je peux apporter c’est mon expérience en tant qu’ancien footballeur. Quand on sait que la Coupe du Monde c’est l’expérience, peut-être qu’on ne commettra pas les mêmes erreurs commises en 2018. Moi, quand je parle d’expérience, je parle également sur l’organisation et pas seulement l’expérience sur le terrain ou sur le sportif. Une Coupe du Monde demande une grosse organisation. Aujourd’hui, tout le monde pousse pour que l’équipe se prépare le mieux possible pour être dans les meilleures conditions.
Est-ce que l’Iran est un cran en dessus de la Bolivie ?
On peut le penser. On a eu une assez bonne maîtrise dans le match contre la Bolivie, notamment en première période. On a trouvé des certitudes et beaucoup plus de solidité dans l’animation défensive et offensive. J’ai beaucoup aimé les transitions et les contre-attaques. On aurait pu marquer beaucoup plus si on les avait mieux joués. Nous devons nous améliorer sur l’efficacité. A un certain moment, il faut être capable de tuer les matchs quand c’est difficile. Je regrette qu’on n’ait pas marqué plus de buts, mais je ne vais pas faire la fine bouche. Je sais que, dans l’ensemble, c’était un très bon match. L’Iran est un autre gabarit. C’est une équipe qualifiée à la Coupe du Monde et qui vient juste de battre l’Uruguay. Ils sont en capitale confiance. Mais ce sont ce genre de matchs que nous recherchons dans cette période.
Sur le onze de départ ?
On a essayé des choses comme le fait d’aligner Moustapha Name au poste de latéral droit. Il était également important de voir des joueurs comme Pape Matar Sarr ou encore Pape Gueye. Ils ont été satisfaisants. Tout comme Ballo-Touré, qui a été très costaud. J’ai failli oublier Pathé Ciss. Il a fait un gros boulot au milieu de terrain. Il a apporté l’équilibre. Quand on joue en équipe, on performe. J’ai eu le sentiment que les joueurs voulaient jouer ensemble, attaquer et défendre. C’est dans cette direction qu’on atteindra nos ambitions.
Pape Matar Sarr a fait un match énorme mais n’a joué aucune minute en club. Bamba Dieng et Nampalys Mendy aussi. Est-ce un problème pour la Coupe du Monde d’avoir ces joueurs importants sans minute en club ?
Pour l’instant, ce n’est pas un véritable problème. Avant ce regroupement, on connaissait la situation de certains de nos joueurs en club. Certains ont été transférés assez tardivement. D’autres ne jouent pas beaucoup. Sans compter certaines blessures, c’est effectivement compliqué. On a essayé d’autres choses aujourd’hui parce qu’on était en déséquilibre sur les côtés. Je ne suis pas là pour les faire subir une double sentence, c’est-à-dire de ne pas les faire jouer comme en club. Le Sénégal n’en gagne rien. C’est important de leur donner du temps de jeu en sélection. Il y aura une autre équipe contre l’Iran. Ça nous permettra de donner du temps de jeu à tout le monde, même si c’est difficile.
Etes-vous déçu par la prestation de la Bolivie ?
Non ! Je repose la question d’une autre manière. Est-ce que ce n’est pas le Sénégal qui a maîtrisé son sujet ? Je pense que c’est ce qu’il faut valoriser dans ce match ;
Sur le manque d’efficacité ?
On a de purs attaquants comme Bamba Dieng, Boulaye Dia, Iliman Ndiaye ou encore Sadio Mané. Le plus difficile dans le football c’est de marquer des buts.
On a senti plus de maitrises dans votre jeu… Comment avez-vous su mettre cela en place ?
Il n’y a pas de secret là-dessus. C’est le travail. Quand le Sénégal joue sur une bonne pelouse, on est capable d’aligner de bonnes passes malgré les critiques qu’il y a eu. Je suis un entraîneur pragmatique, je m’adapte à toutes les situations par rapport aux terrains et aux adversaires. C’est difficile de jouer sur certaines pelouses, mais il faut s’adapter à certaines réalités. Notre jeu change quand il y a des matchs à éliminatoire, on devient beaucoup plus fluides. Je n’ai jamais été inquiété par notre fond de jeu. Certains ne savent pas ce qu’on endure sur certaines pelouses.
Les nouveaux ont fait un très bon match, comment vous allez en sortir pour dégager une liste pour la Coupe du Monde ?
(Rires) ! Personne n’a jamais douté du réservoir du football sénégalais ou la qualité des joueurs qui évoluent partout, en Afrique et en Europe. Maintenant, c’est un problème de richesse, et je préfère avoir ce genre de problème. L’objectif est de constituer une équipe équilibrée et homogène pour nous permettre d’exister dans cette Coupe du Monde. Je sais qu’au moment de donner la liste, je ferai des malheureux mais également des heureux. Mais ce qui est important c’est d’être prêts et compétitifs pour franchir un certain cap.
Le système de jeu ?
Il y a eu la question du 5-3-2 qui s’est posée, et on a des joueurs capables de jouer dans ce système. Mais à deux mois de la Coupe du Monde, il est important de rester cohérent et de ne pas tout chambouler. Il faut surtout évoluer. Maintenant, sur le 3-4-3 ou 5-3-2, ça peut être une variante dans le cours d’un match. On a déjà eu à le faire. Nous le travaillons à l’entraînement mais nous ne l’avons pas encore mis en place parce que je préfère encore rester sur les certitudes qui nous ont permis de gagner la Coupe d’Afrique et de se qualifier à la Coupe du Monde.
La ferveur autour de cette équipe ?
Il y a quelque chose qui est en train de naître autour de cette équipe. Beaucoup de nos concitoyens et compatriotes, que ce soit ceux du pays ou à l’étranger, s’identifient à cette Equipe Nationale. Cela nous fait plaisir. Nous jouons pour eux et on pense à eux à chaque fois qu’on rentre sur un terrain. Je pense qu’il y aurait aussi beaucoup de Sénégalais si le match se déroulait au Parc des Princes. J’ai envie de dire que notre Sénégal n’a pas de frontières. C’est ça le slogan. Partout où on est, c’est au Sénégal. Même si on allait jouer en Afghanistan, les Sénégalais seront présent là-bas. Notre Sénégal commence à Dakar et se termine partout dans le monde.
Maderpost / wiwsport