Pourtant, l’Afrique est en première ligne pour faire face aux effets du changement climatique. Déjà, des pays sont confrontés à des catastrophes naturelles plus fréquentes, à un temps plus chaud, à des précipitations irrégulières et à une élévation du niveau de la mer. Chaque événement de ce type cause des tragédies humaines, des bouleversements sociaux et des perturbations économiques – par exemple, on estime qu’à moyen terme, pour chaque sécheresse la croissance économique annuelle par habitant en Afrique peut diminuer d’un point de pourcentage supplémentaire. CLIMAT – Comme les pays du monde entier, les gouvernements africains doivent embrasser l’inévitable transition mondiale vers une économie à faible émission de carbone. Et parallèlement à des programmes économiques vitaux pour élever le niveau de vie, ils sont également confrontés à un besoin urgent de s’adapter aux chocs climatiques, en particulier dans les pays qui dépendent de l’agriculture pluviale. L’Union africaine a approuvé le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique qui décrit les actions les plus cruciales à mettre en œuvre. Des investissements pour la construction d’infrastructures résilientes, pour une agriculture intelligente face au climat, pour accélérer la numérisation et les réformes commerciales, et pour l’élargissement des filets de sécurité généreront des emplois, augmenteront les revenus et amélioreront le niveau de vie. Et de tels investissements sont jusqu’à 12 fois plus rentables que les mesures mises en œuvre lorsqu’une catastrophe survient. Mais le prix à payer pour l’action climatique est lourd et s’ajoute aux besoins financiers plus largement nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable. Lors de la COP26, les dirigeants africains ont indiqué que la région aurait besoin de 1300 milliards de dollars au cours des deux prochaines décennies pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Ces montants sont hors de portée pour les pays d’Afrique, spécialement dans un contexte d’endettement élevé et de croissance contrainte à la suite de la pandémie. Et les efforts de la communauté internationale ont jusqu’à présent été insuffisants. Nous avons besoin de nouvelles idées et de nouvelles approches. Premièrement, plus de financements concessionnels doivent avoir des impacts plus forts et plus intelligents, qu’ils soient fournis directement ou par le biais de fonds multilatéraux pour le climat et de banques de développement. Simplifier l’approbation des projets, tout en maintenant les garanties nécessaires, peut permettre à l’argent de circuler plus rapidement là où il est indispensable. Et des interventions bien ciblées qui permettent de débloquer les goulots d’étranglement ou de remédier aux défaillances du marché peuvent aider à attirer les financements du secteur privé. Pensez par exemple à la façon dont la connectivité numérique permet aux entrepreneurs de fournir une assurance-récolte, des services météorologiques ou des conseils agricoles en temps réel. Deuxièmement, nous devons renforcer les nouveaux mécanismes de financement dans les secteurs public et privé. Les obligations vertes peuvent aider à financer des initiatives liées au climat à des taux relativement bas, mais l’Afrique reste à la traîne des autres régions. De 2007 à 2018, l’Afrique a représenté environ 2 milliards de dollars d’émissions, soit seulement 0,4 % du marché mondial des obligations vertes. Ailleurs, de nouveaux programmes mettent directement en lien la finance et l’action climatique. Le Royaume-Uni a récemment accepté de fournir 500 millions de dollars à la République Démocratique du Congo pour freiner la déforestation—en d’autres termes, il s’agit d’un financement pour préserver la capacité d’absorption des émissions. La Norvège a un accord similaire avec le Gabon pour 150 millions de dollars. L’idée de lier l’allégement de la dette à l’action climatique – connue sous le nom de « dette contre changements climatiques » – va encore plus loin, même si cela nécessiterait un large éventail de dettes échangeables avec des indicateurs de performance et des données y relatives. Troisièmement, aider les gouvernements africains à accéder à de nouvelles sources de capitaux—y compris via des innovations dans le financement climatique—, dépend fortement de la réduction des profils de crédit et de risque pays. Sur le plan national, cela signifie améliorer la gouvernance, en particulier par le biais de réformes dans la passation des marchés et la gestion des investissements publics, des finances publiques et de la dette, et avoir des plans d’investissement soigneusement chiffrés et financièrement viables. Le FMI joue déjà un rôle important en aidant à renforcer les capacités techniques en lien avec le changement climatique dans les gouvernements nationaux, la RDC étant l’un des premiers bénéficiaires d’assistance technique prenant en compte les enjeux climatiques dans la gestion des investissements publics. Et la surveillance du Fonds au titre de l’article IV tient les investisseurs informés des progrès des pays, y compris des mesures d’adaptation au changement climatique dans les pays vulnérables. Sur le plan international, des mesures standardisées telles qu’un système de garanties pour un premier sinistre, pourraient contribuer à réduire les profils de risque et à catalyser les flux financiers privés. Un tel système devrait être conçu de façon minutieuse pour assurer un partage adéquat des risques entre les secteurs public et privé. L’obligation bleue des Seychelles en 2018 pourrait servir de modèle. Garanties par la Banque mondiale, ces obligations pour 15 millions de dollars ont financé des projets océaniques et le taux d’intérêt réduit a contribué à réduire la dette nationale. Ces exemples montrent ce qui est possible. Mais pour le continent africain, nous avons besoin d’une action à une échelle beaucoup plus large et globale. Le statu quo aurait des impacts désastreux sur les vies et les moyens de subsistance. Mais bien mise en œuvre, une adaptation adéquatement financée peut garantir que les progrès de développement du continent se poursuivront et que sa population sera préparée pour vivre, travailler et prospérer dans la nouvelle économie climatique. La bonne nouvelle est la volonté réaffirmée de faire face à la crise climatique et de saisir les opportunités climatiques. À Glasgow, nous avons vu des accords mondiaux sur des questions difficiles comme les subventions au charbon et à l’énergie, ainsi que des accords sur mesure tels que la combinaison de 8,5 milliards de dollars de subventions et de prêts à taux réduits pour aider l’Afrique du Sud à décarboner son économie. Et à la suite de la récente allocation de 650 milliards de dollars de nouveaux droits de tirage spéciaux, le FMI a obtenu le feu vert pour mettre en place un nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la soutenabilité. Cette nouvelle facilité fournira un financement abordable et à plus long terme aux pays membres pauvres ou à revenu intermédiaire mais vulnérables, ainsi qu’aux petits États qui entreprennent des réformes structurelles pour transformer leurs économies, telles que la lutte contre les risques climatiques. On entrevoit quelques promesses, mais comme le dit l’adage : « une hirondelle ne fait pas le printemps ». S’attaquer à la crise climatique en Afrique et placer le continent sur une nouvelle trajectoire de croissance durable nécessite des efforts concertés de la part des gouvernements, du secteur privé et de la communauté internationale. Le temps n’est pas de notre côté. Nous devons tous agir maintenant. Maderpost / Lejecos]]>
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