Interpellé à Dakar le 17 juin dernier, jour de manifestations interdites, François Mankabou était un membre présumé de la « Force spéciale ». Il lui est reproché de « faits d’actes de terrorisme et d’atteinte à la sûreté de l’État ». Il est décédé à l’hôpital. Cependant, sa famille et sa défense dénoncent des « tortures ». De son côté, le procureur a écarté la bavure. Le maître des poursuites a appuyé le médecin qui a inscrit sur l’avis de décès : « Mort accidentelle ». Pour étayer ses propos, le parquetier a informé avoir en possession une vidéo de 13 minutes montrant la victime cogner sa tête contre le mur. Pr SAMBA THIAM – Invité devant le Jury du Dimanche, le professeur agrégé d’Histoire du droit et avocat, Samba Thiam, a donné son avis sur la question. Le nouveau président de l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal (ONDH) qui a parlé au nom de son association pense qu’il y’a une fermeté qui se dégage de cette histoire. « C’est que le Sénégal n’a pas le choix. Le Sénégal est obligé d’ouvrir une enquête. Il doit répondre même à une demande internationale. Puisque les droits de l’homme, c’est un combat international. Donc, le Sénégal se doit de rendre compte à toute la communauté internationale. Cette personne a été gardée à vue et l’État a l’obligation de protéger cette personne », a-t-il soutenu devant Mamoudou Ibra Kane. Parlant de la vidéo invoquée par le procureur, l’invité du JDD a dit qu’il ne comprend pas le maître des poursuites. « Il y’a une victime, il y’a une personne qui avait été poursuivie et il y’a aussi la société. Donc, quand le procureur sort il devait s’arrêter à dire qu’une enquête a été ouverte. Je ne comprends pas qu’on y aille jusqu’à parler d’une vidéo. C’est comme si on a déjà tranché », a-t-il déclaré. Par ailleurs, le professeur Samba Thiam estime qu’on ne peut pas dire au procureur pourquoi vous avez saisi la Dic et pas la gendarmerie ? « Ce qu’on veut, c’est la lumière dans cette affaire. L’État doit mener une enquête très sérieuse parce que c’est extrêmement grave. (…) Ça m’inquiète l’enregistrement et je ne comprends pas que le procureur fasse allusion à cette vidéo. S’il en parle alors qu’on est en phase d’enquête, c’est comme si le jugement a déjà commencé et qu’on a déjà tranché », déplore le professeur. Il a rappelé qu’au cours de la garde à vue, on a la personne à l’œil. « On doit enlever à cette personne tout ce qu’il possède et on veille sur elle. On le met dans un milieu humain. Quand l’endroit où la personne est placée n’est pas un endroit humain, cela fait aussi que le pays doit être condamné. Toutes ces conditions peuvent l’amener à vouloir se désintéresser de la vie », indique le professeur Thiam. À la question de savoir est-ce que la responsabilité de l’État peut être engagée dans cette affaire, il a rétorqué qu’il peut être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. « Quand on a le temps de filmer une personne pendant 13 minutes, on a le temps de lui apporter aide et assistance », a déclaré l’invité du JDD qui s’interroge sur la pratique de la torture dans nos prisons. « Dans le cadre de la fonction que j’exerce, j’ai constaté que les locaux de la police et de la gendarmerie sont des lieux de torture. La façon de parler, c’est aussi de la torture. Le fait de rester longtemps sans s’alimenter, c’est aussi de la torture », dénonce-t-il. Maderpost / Emedia]]>
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