Le prix de l’huile connait une hausse considérable au Sénégal, l’un des plus grands producteurs d’arachides au monde, jugé est « incapable de produire » de l’huile d’arachide pour ses habitants. Le professeur en économie internationale à l’Ecole nationale d’administration (ENA), El Hadji Alioune Diouf, dans un entretien avec le Temoin, revient sur la politique économique de la société nationale de commercialisation des oléagineux (SONACOS). Selon l’économiste : « C’est la Sonacos qui a provoqué sa propre chute en important de l’huile au lieu d’en produire… ». EL HADJI ALIOUNE DIOUF – Le professeur en économie internationale à l’Ecole nationale d’administration (ENA), El Hadji Alioune Diouf, note pour sa part que c’est à partir du moment où la Sonacos a mené cette politique d’importation d’huile végétale que les privés se sont lancés eux aussi dans ce business aussi juteux que la vente de l’or en ce sens qu’il rapportait des centaines de milliards de bénéfices combinés aux importateurs privés. « Cependant, en ouvrant cette brèche aux privés nationaux, la Sonacos se tirait une balle dans le pied car, avec la concurrence, son huile d’arachide n’était plus compétitive sur le marché national parce que le marché est inondé d’huile de tournesol, de soja, etc… Surtout que les importateurs s’approvisionnent sur le marché de la sous-région auprès de pays comme la Côte d’ivoire qui leur vendait de l’huile de palme. Résultat, l’huilier national est rattrapé par ses erreurs de gestion. C’est cette situation qui prévaut de nos jours où le marché sénégalais est inondé d’huiles importées plus abordable que celle de la Sonacos qui n’existe presque plus dans les rayons car toute sa production est exportée vers les pays riches. Le pire est que la Sonacos vend nos graines d’arachide aux étrangers qui la triturent à sa place alors qu’elle a été créée pour justement cela. L’échec de la politique économique de cette société nationale de commercialisation des oléagineux va hélas de mal en pis » se désole l’ancien directeur du Commerce intérieur. Autre difficulté, c’est le fait que la Sonacos ne propose pas un bon prix au kg lors des campagnes arachidières, ce qui fait que les privés étrangers notamment chinois achètent la plus grande partie des récoltes car offrant de meilleurs prix. Conséquence, elle n’a plus la possibilité d’avoir une quantité de graines lui permettant de produire de l’huile au moins pour la consommation intérieure. Selon Modou Diagne Fada, l’explication de cette incapacité à produire de l’huile se trouve dans la cherté du coût de production. Une explication trouvée très légère par notre économiste qui persiste et signe que la Sonacos a failli sur toute la ligne. Imposer à la Sonacos de se consacrer entièrement à la production d’huile d’arachide Alors faut-il détruire la Sonacos ? Nos interlocuteurs répondent NON. La Sonacos reste un outil industriel indispensable pour le Sénégal. Mais ils pensent que si cette société a failli à sa mission, c’est parce que sa gouvernance politico-stratégique n’a pas été bien menée par les différents régimes. Ainsi, l’économiste El Hadj Alioune Diouf soutient que c’est au gouvernement de prendre ses responsabilités car il est paradoxal d’avoir un outil comme la Sonacos et ne pas pouvoir prendre en charge la demande en huile des Sénégalais avec une production nationale soutenue. Selon l’ancien directeur du Commerce intérieur, la crise ukrainienne impose au Sénégal de développer de nouveaux paradigmes. Elle impose au gouvernement d’interdire non seulement l’exportation de graines d’arachide, comme le font la Sonacos et les privés, mais aussi cette interdiction doit s’étendre à toute production agricole pour assurer l’approvisionnement du marché intérieur et surtout pour pouvoir disposer des stocks. Dans le même sillage, El Hadji Alioune Diouf invite les autorités à instruire la Sonacos de produire de l’huile en quantité et d’en stoker pour se préparer à affronter les chocs économiques extérieurs qui s’annoncent. C’est d’ailleurs, selon lui, irréaliste de continuer à exporter des produits quelle que soit leur nature vers l’étranger dans un contexte de crise économique dont on ne sait pas quand est-ce qu’elle va s’arrêter. C’est le même principe d’anticipation qui devrait animer le régime en place « qui doit stoker des produits de base indispensables à la consommation intérieure », sans quoi le Sénégal ne va pas tenir face aux perturbations économiques mondiales. Déjà, le consommateur local commence à ressentir la cherté des denrées surtout de l’huile dont le prix ne cesse de flamber. Il en est de même pour le riz, le sucre, l’oignon, la pomme de terre etc… Maderpost]]>
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