Suite au drame de Tivaouane qui a fait 11 morts, Bès bi le Jour s’est intéressé aux tables chauffantes dans les services de néonatologie, ainsi que la fourniture et la maintenance de ces équipements médicaux en général. Dr Ibrahima Ndiaye, qui s’active dans ce secteur, fait ici le point et avertit. EQUIPEMENTS MEDICAUX – Comment se porte le secteur de la fourniture d’équipements médicaux au Sénégal ? C’est un secteur en croissance certes et qui est, depuis 2019, sous le feu des projecteurs, avec la pandémie à Covid-19. C’est un secteur dynamique en perpétuelle extension eu égard aux progrès continus de la science et de la technologie. Mais je pense que c’est un secteur qui mérite plus de surveillance de la part de l’État, compte tenu de la position centrale qu’il occupe dans le dispositif de santé. Il est primordial d’ailleurs que le ministère de la Santé reconsidère et réévalue son implication dans les relations qu’il entretient avec les acteurs. La succession des événements malheureux devrait être le prétexte pour une telle démarche participative et inclusive. Depuis 2019, le secteur est ouvert à toute sorte d’entrepreneurs, à la recherche de profits, sans scrupules, sans aucune considération des règles d’éthique et de déontologie. La seule préoccupation semble être le gain. Ici, plus qu’ailleurs, une défaillance pourrait avoir des conséquences dramatiques et incommensurables. Mais ce milieu semble être sécurisé, puisque ce sont les professionnels de la santé ou les pharmaciens qui s’y activent ? A première vue, et pour tout observateur, le milieu des équipements médicaux et des dispositifs semble être la chasse gardée des professionnels de la santé, des pharmaciens, mais il n’en est rien. Bien au contraire, plus des 2/3 sont dans l’informel, en sus de n’avoir aucune formation diplômante ou universitaire. On y trouve du tout. Plus grave encore, il est infesté de mercenaires venus d’ailleurs, qui profitent des failles du système juridique en matière de création d’entreprise pour s’implanter et s’accaparer du milieu. Il y a plus d’étrangers que de nationaux. On a assisté récemment à un drame au service néonatologie de Tivaouane avec la mort de 11 bébés. Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine de ce drame, selon vous ? Est-ce un problème de tables chauffantes ? On compatit à la douleur des parents et des Sénégalais. Mais avec tous les drames similaires qui ont eu lieu auparavant, il y a lieu de se demander si nous apprenons de nos déboires et échecs ? A l’évidence, non. A Linguère tout comme à Tivaouane, l’incendie serait à l’origine des sinistres et c’est toujours au service de néonatologie. Un court-circuit électrique serait à l’origine du sinistre. Les accusations de négligence ont fusé. Même si nous sommes membres à part entière de la société, nous ne pouvons pas avoir les mêmes réactions face à une telle ampleur et à la répétition de ce type de sinistre. D’abord, nous savons tous que ce type d’appareil est truffé de technologie. C’est de l’électronique. Quelle est la spécificité de ces tables chauffantes et les éventuels dégâts qu’elles pour- raient causer ? L’électricité utilisée pour ces tables chauffantes est très faible et elle doit être mesurée et régulée. D’ailleurs, actuellement, l’essentiel des incubateurs fiables sont dotés de batteries avec des autonomies de fonctionnement. Les spécifications des appareils sont en fonction des utilisations, donc de la destination. Ce dernier aspect permet de définir les types d’appareils pour une meilleure prise en charge des besoins. On y retrouve quatre types d’incubateurs. Pas Plus. Pas moins. Il y a un incubateur d’attente pour réchauffer l’enfant quelques heures avant son transfert à la mère. Un Incubateur d’élevage. Le mot peut porter à confusion ou dérouter mais, l’appellation est en fonction de l’emploi. Il y a aussi un Incubateur de soins intensifs et de réanimation pour un enfant ayant besoin de soins fréquents et permanents. Et enfin, un Incubateur de transport pour transporter l’enfant d’un lieu à un autre, en ambulance par exemple. Donc chaque appareil répond à un besoin spécifique et avec la technologie adaptée et adéquate. Mieux, il ne peut y avoir d’interchangeabilité. Pour dire, un incubateur de soins intensifs et de réanimation ne peut être utilisé en lieu et place d’un incubateur d’attente. La plupart du temps, il y a des pannes courantes relatives à la déficience des capteurs et aux déclenchements intempestifs des capteurs. Pannes qui se règlent par des autotests simples qui facilitent la vérification du bon fonctionnement de l’appareil. Est-ce que les hôpitaux ont des maintenanciers pour s’occuper de ce matériel ? A l’évidence, la réponse devrait être affirmative. Il ne devrait pas avoir de structure, sans équipe de maintenanciers a priori, et à plus forte raison lorsqu’elle dispose d’un service de néonatologie. Il devrait impérativement avoir des équipes formées à l’entretien d’un tel équipement eu égard à la technicité et à la technologie que comportent les incubateurs. Mais les applications médicales de l’appareil imposent un niveau de formation requis pour la maintenance. Les utilisateurs doivent savoir que l’appareil impose un changement régulier et constant de l’eau du réservoir et son filtre. Parlez-nous un peu des réactifs de laboratoires que vous fournissez également aux structures hospitalières… Nous nous focalisons ces temps-ci sur le drame de Tivaouane, mais il y a pire qui nous guette. Et ce n’est pas exagéré si l’on n’y prend garde. La santé, c’est un tout. A ce titre, le maillon fort de la structure sanitaire qui donne les résultats escomptés à temps et à l’heure devrait être plus encadré. Je veux nommer les réactifs de laboratoires. Ils permettent de déterminer à temps réel les pathologies dont souffrent les patients. Mais force est de constater, pour le déplorer, qu’ils font l’objet de négligence avérée et ce, à bien des niveaux. Bien des diagnostics sont faussés, biaisés, pas parce que le médecin traitant n’a pas fait son diagnostic correctement, mais parce lorsque le même médecin sollicite du patient des analyses, les résultats qu’ils apportent du laboratoire sont en porte-à-faux avec son constat. Les causes sont à chercher dans la conservation, l’acheminement et la distribution des réactifs. Et aujourd’hui plus que jamais, l’Etat doit écouter les Sdr (Sociétés distributrices de réactifs). Nous allons droit vers le mur. Les réactifs sont acheminés dans des conditions exécrables par des épiciers, qui calculent aux marges près, leurs bénéfices, ignorant savamment les conditions de conservation et de transport et ce, à tous les niveaux de l’importation à la distribution. Maderpost / Emedia]]>
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