La confrérie Layène née au sein de la société lébou, une communauté vivant sur le territoire Sénégalais et ayant cédé une place de la capitale Dakar, célèbre cette année la 139ème Appel de son fondateur, Seydina Limamou Laye Al Mahdi. Un dossier d’IGFM que Maderpost partage.
RELIGION – Les lébou, très conservateurs du patrimoine, occupent dans la capitale sénégalaise une place particulière. Encore aujourd’hui, à travers leurs représentants traditionnels à commencer par le Grand Serigne de Dakar. Ces autorités apparaissent comme les garants de la conservation d’un certain héritage et d’une certaine culture, concurrencée par la croissance de la capitale Dakar. Pourtant, il est un phénomène relativement oublié dans cette société lébou : dès la haute période coloniale et alors que Dakar est en pleine construction, ils participent au grand mouvement confrérique d’Afrique de l’Ouest.
Le mythe du Mahdi, Limamou Thiaw devenu Seydina Limamou Laye…
Limamou Thiaw (1843-1909) était un pêcheur et agriculteur lébou de Yoff. Le récit fondateur veut qu’en 1883, alors qu’une comète passe dans le ciel, il lance son appel : il se déclare l’envoyé de Dieu, le Mahdi. On lui prête cet appel : « Adjibo dahiya laye ya marsaral ins wal djin ini raasouloulahi ileykoum », qui signifie : « Venez à l’appel de Dieu, vous, hommes et djinns, je suis l’envoyé de Dieu. L’arabe blanc s’est noirci ».
Limamou Thiaw a 40 ans, l’âge de la prophétie suivant certaines traditions musulmanes. Il se rebaptise “Laye” : une déformation d’Allah en wolof.
Aussitôt, une partie de l’entourage du prophète lébou redoute une possession et pratique des rites exorcistes à son sujet. Son oncle lui-même est pris à parti est prié d’aller soigner la folie de son neveu.
«Adjibo dahiya laye ya marsaral ins wal djin ini raasouloulahi ileykoum»
Limamou Thiaw, devenu Seydina Limamou Laye, participe de cette «révolution du jihad» qui a traversé et transformé l’Afrique de l’Ouest au XIXe siècle et dont les confréries ont été des acteurs essentiels. Laye prône aujourd’hui, le retour à un islam rigoureux.
Il combat le culte des génies et autres dieux protecteurs au sein de la société lébou. Malgré les violentes oppositions qu’il affronte, son enseignement connaît un évident succès à travers les miracles et guérisons qui lui sont attribués. La combinaison de ces facteurs, autant des prédications que des guérisons, lui vaut de gagner rapidement de nombreux disciples au sein de la société lébou.
Dès 1887, les autorités coloniales françaises s’inquiètent de ce phénomène qui est Le Mahdi. Le pouvoir colonial craint que ses prédications ne provoquent des désordres aux portes de la capitale coloniale. Seydina Limamou Laye Al Mahdi est isolé sur l’île de Gorée où il est assigné trois mois à résidence.
À son retour, il se réinstalle à Yoff où il reprend ses prédications. Sur la fin de sa vie, il est devenu aveugle ne perd rien de son énergie religieuse. Il meurt en 1909. Son mausolée est bâti à Yoff Layène, face à la mer. On ne conserve de lui aucun portrait, malgré plusieurs tentatives auxquelles il s’est toujours refusé.
Seydina Issa Diop, fidèle et membre de la comité d’organisation, retrace le parcours de Seydina Limamou Laye Al Mahdi.
«Dans un des hadiths du prophète Mohamed (Psl), on nous dit qu’il va réapparaître dans un sable fin, à l’extrême ouest de l’Afrique près de l’océan atlantique. En même temps, on nous indique que le Prophète (Psl) va réapparaître en peau noire. Le Prophète (Psl) lui-même avait dit qu’avant la fin des temps, il va revenir près de l’océan atlantique et sera le Mahdi. Donc-là, nous avons suffisamment de preuves que Limamou Laye est le prophète Mohamed (Psl)»
Kambëreen, ville d’exil de Seydina Limamou Laye Al Mahdi.
Selon les layènes, Yoff est Kambëreen, C’est la nouvelle forme du Prophète Mohamed de Makka-Médina.
Kambëreen est la déformation de Kem-Médine. Quand Seydina Limamou Laye revint de son séjour de Gorée où il est resté trois mois après son exil de Nguédiaga-Malika de trois jours et après avoir séjourné quelques mois à Dakar chez Tafsir Mbaye Sylla, il ne dormit qu’une nuit à Yoff et alla à l’ancien emplacement du village de Kambëreen, aujourd’hui Guintaba.
Il traça les contours de la mosquée et les gens installèrent leurs cases en paille. Il appela son village Kem-Médine qui fut rebaptisé en Kambëreen. D’ailleurs, c’est ici que l’on retrouve le mausolée de Seydina Issa Rouhou Laye, fils aîné de Seydina Limamou Laye.
Seydina Issa Rouhoulahi est Jésus Christ…
Chez les Layénes, le fils du Mahdi, Seydina Issa Rouhou Laye, est la nouvelle forme de Jésus Christ. En effet, ces deux illustres fils du Sénégal, Seydina Limamou Laye Al Mahdi et son fils aîné Seydina Issa Rouhou Laye avaient déjà existé sous une forme arabe (Mohamed (Psl) et sous une forme juive (Jésus Christ).
Après leur disparition, Dieu les a fait renaître au Sénégal et à l’âge de 39 ans (années chrétiennes) soit 40 ans (années musulmanes), Seydina Limamou Laye lança son célèbre appel le dimanche 25 Mai 1884. Il a clamé haut et fort qu’il était le Mahdi que le monde attendait.
Comme toujours quand il s’agit d’une affaire de foi, il y a les trois groupes : le groupe des croyants, le groupe des neutres, le groupe des rebelles -mécréants – futurs perdants. Seydina Limamou Laye l’intime de son Seigneur et son fils Seydina Issa Rouhou Laye. Seydina Limamou Laye Al Mahdi prêcha pendant 26 ans 13 jours et mourut dans la nuit du 13eme au 14eme jour du mois de Korité.
L’histoire de la grotte de Ngor racontée par Abdoulaye Thiaw Laye
« C’est dans cette grotte que la lumière du Mahdi a séjourné pendant plus de 1 000 ans avant son apparition sur terre…»
Située à Ngor, au bout d’un vaste espace rocailleux sur les berges de l’Atlantique, la grotte de Seydina Limamoulahi Al Mahdi est en effet un véritable sanctuaire religieux. Un symbole de la pureté Layène, un lieu plein de mystères avec ses secrets encore méconnus du grand public.
Cet endroit est le point de convergence de fidèles en quête de lumière et de félicité. De grosses pierres noires jonchent le sol à son entrée, les couloirs parfumés donnent à l’endroit une dimension hautement divine. Ici, Abdoulaye Thiaw Laye, fils du 4ème khalife des Layènes et actuel conservateur de la grotte, nous décline l’histoire.
Mariem SALL/IGFM