De toutes les élections dont je suis témoin, celle de 2024 aura été la plus pénible pour ma fragile conscience pour avoir fait monter mon taux d’adrénaline à un niveau où aucune angoisse ou incertitude n’a réussi à le porter. Ce fut le paroxysme du stress et de l’incertitude. La première incertitude était liée à la participation illégitime et inacceptable du président sortant qui subissait des influences négatives dont les plus décisives sont, d’une part, celle de son ego et, d’autre part, celle d’un constitutionnaliste que l’histoire retiendra comme l’un des plus grands falsificateurs du droit un peu dans la lignée des savants de mauvaise foi que sont Gaston Maspero, Champollion-Figeac et James Henry Breasted que Cheikh Anta Diop considère comme les plus grands falsificateurs de l’Histoire.
TRIBUNE – Ensuite suivirent d’autres incertitudes comme la participation ou non de Karim Wade, de Sonko, puis de Diomaye surtout que ces deux derniers faisaient l’objet de calomnies et d’accusations fallacieuses pour les écarter de la course. Comme si cela ne suffisait pas, le processus électoral fut interrompu par un décret présidentiel inique et abusif qui plongea dans l’émoi le peuple sénégalais et tous les pays frères et amis qui suivaient de très près l’évolution de la situation inédite dans laquelle nous nous sommes retrouvés et qui allongea la liste du nombre de victimes de la doctrine sécuritaire la plus meurtrière de notre histoire mise en œuvre par un magistrat devenu ministre de l’intérieur.
C’est quand même curieux de voir des spécialistes du droit se positionner au cœur du dispositif d’une version tropicalisée de la solution finale la plus abominable par pur larbinisme et instinct de conservation pour perpétuer des avantages que confèrent des fonctions auxquelles on accède par le bon vouloir du prince. Je ne suis ni vindicatif ni revanchard mais je refuse d’être aménésique et, après tout, le rappel a aussi une valeur pédagogique: nous devons apprendre de nos erreurs et de nos horreurs. En plus, la récente sortie de l’ex garde des sceaux sur le cas de Flubert Sambou et de Didier Badji apporte la preuve suffisante que l’ouverture d’une enquête s’impose pour y voir plus clair. Parler de lapsus pour revenir sur son propos renforce la nécessité de s’y prendre incessamment. Je ferme cette parenthèse.
Avec le report de la date de l’élection présidentielle, la passe d’armes entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire nous faisait craindre le pire comme un indésirable basculement vers un régime d’exception qui aurait constitué un événement douloureux et tragique pour notre démocratie qui, comme par miracle, a réussi à se fortifier à l’issue du scrutin du 24 mars qui ouvre les portes de la magistrature suprême à un prisonnier politique qui venait à peine d’être libéré de la prison ainsi que je le prévoyais à travers un post intitulé “Ce que je pense du processus électoral” daté du 28 janvier 2024 dans lequel j’avais explicitement évoqué cette forte probabilité.
À présent, voilà cent jours que le peuple sénégalais venait d’écrire l’une des plus belles pages de son histoire. Soyons donc fiers et patients.
En effet, grâce à sa maturité, sa détermination, sa résilience et sa clairvoyance, l’inoxydable peuple sénégalais portait son choix sur un jeune président qui est un haut cadre engagé, humble et véridique coaché par un patriote visionnaire, stratège et endurant.
Issu du monde paysan, pur produit de l’école sénégalaise ayant été formé pour la haute administration en plus d’être leader politique et syndical, il venait juste de se libérer des contraintes de l’administration pénitentiaire avant de prêter serment à la date du 2 avril 2024 en qualité de Président de la République, Président du Conseil supérieur de la magistrature et Chef suprême des armées. C’est donc dire qu’il réunit, avec son coach, toutes les conditions pour connaître en profondeur les maux dont souffre notre société.
Il est encore permis de dire qu’ ils sont jeunes mais ils ont néanmoins plus de vécu que certains vieillards qui traversent l’existence sans trace ni panache. Compte tenu de l’ampleur de la tâche, 100 jours ne suffisent pas pour une évaluation objective de leur magistère. Donnons-leur alors le temps de mieux s’installer et de s’organiser pour répondre aux attentes légitimes de ce grand peuple qui continue, malgré quelques heures sombres de son histoire politique, d’être une référence en Afrique et dans le monde.
Eu égard aux urgences de l’heure, les débats puérils sur le paraître sont tout simplement de l’ordre de l’inessentiel et beaucoup ont très vite compris que nous n’étions pas à la recherche d’un m’as-tu vu ou d’un dandy pour nous représenter à un festival de la mode et du style. Nous cherchions et nous espérons avoir trouvé un combattant de la liberté sur qui nous pourrons compter pour vaincre l’injustice et la pauvreté. Ainsi s’il était question de choisir entre un lutteur frimeur “jaay taar” et un autre du genre “ñaaw gimb rafet bëré” , notre choix porterait sur ce dernier. L’élégance de Diomaye, c’est d’abord sa simplicité, son courage, son authenticité et sa posture d’intellectuel décomplexé qui lui a certainement valu des tweets du président français et du premier ministre britannique en version wolof. C’est aussi et surtout les valeurs éthiques qu’ il incarne et auxquelles il devra rester fidèle.
Tant que lui et son mentor devenu son premier ministre continueront de les porter, même vêtus de haillons, le peuple leur rendra tous les honneurs s’ils nous rendent à nous-mêmes en posant des actes qui vont dans le sens de la consolidation de nos institutions et de notre souveraineté tout en adoptant un style de gouvernance qui améliore l’environnement des affaires et promeut le plein emploi ainsi que la création des richesses par la valorisation de nos ressources humaines et naturelles. Ils devront surtout penser aux jeunes qui sont nombreux à porter le projet et qui sont de plus en plus nombreux à avoir des diplômes sans bénéficier ni d’insertion professionnelle ni d’un revenu minimum d’insertion pour être plus ou moins autonomes et vivre décemment.
Il faut immédiatement les placer au sommet de la hiérarchie dans l’ordre des priorités du quinquennat qui coïncide fort heureusement avec le démarrage de l’exploitation du gaz et du pétrole qui, pour être précieux, ne devraient pas pour autant nous faire occulter ou négliger les immenses opportunités que constituent nos ressources halieutiques, nos potentialités agricoles et l’attractivité touristique de notre beau pays merveilleusement ensoleillé et bercé à longueur de journée par les caresses des vagues de l’Atlantique. Nous sommes un pays globalement stable et riche de ses femmes, de ses hommes, de sa jeunesse, de son histoire, de sa géographie et de sa géologie.
Il suffit de bien exploiter nos richesses et de les répartir de façon juste et équitable pour qu’être pauvre devienne une option exclusivement réservée aux partisans du moindre effort. Aussi, il convient d’encadrer ceux qui sont dans le secteur informel dont les vaillants ouvriers qui sont des techniciens supérieurs et des ingénieurs analphabètes qui méritent de bénéficier d’une procédure de certification pour valoriser leur capital expérientiel et acquérir des compétences managériales surtout qu’ils forment beaucoup de jeunes qui n’ont pas réussi ou qui n’ont pas du tout été à l’école en les prenant entièrement en charge avec des revenus le plus souvent dérisoires et aléatoires sans couverture médicale et sans espoir de bénéficier d’une pension à la retraite.
Pour rassurer les jeunes, il est impératif, dès à présent, d’envoyer un signal fort au peuple. Sous ce rapport, il ne faut jamais perdre de vue que même si formellement un seul président est élu à l’issue du scrutin du 24 mars, le peuple a porté son choix sur le duo Sonko-Diomaye et les deux seront également comptables du bilan du quinquennat devant Dieu et devant l’Histoire. Ensuite, pour parer au plus pressé, ils devront nous éviter les dépenses de prestige, les institutions budgétivores et sans valeur ajoutée, les cumuls de postes, les nominations et promotions népotistes ou fantaisistes tout en conservant, bien entendu, le droit, et même le devoir, de faire appel à ceux des leurs qui ont des compétences avérées et qui leur inspirent une confiance totale dans le cadre de l’exécution correcte du programme mis en œuvre par le gouvernement. Naturellement, tous ceux qui ont encore des responsabilités et qui pourraient en toute objectivité constituer une entrave à l’atteinte des résultats escomptés devront comprendre aisément que l’heure du grand remplacement a sonné.
Pour finir, j’ai juste envie de leur dire ceci: Acceptez les critiques constructives et ne prêtez aucune attention aux aigris qui crachent du feu et aux laudateurs qui cherchent à flatter votre ego pour mieux se servir plus qu’ ils ne serviront l’intérêt général.
L’heure n’est ni aux chamailleries vaines et incertaines ni aux palabres vides de sens: il faut se mettre au travail.
Maderpost