Dans sa fascination pour l’homme blanc et l’école occidentale le Président Senghor confia le portefeuille de l’économie et des finances du tout jeune état indépendant du Sénégal à un vétérinaire qui fit ses humanités à Paris André Peytavin, éponyme de la fameuse bâtisse de l’administration économique et financière de notre administration – ici à Dakar – sur laquelle trône acculement Mouhamadou M. Ba l’humble argentier.
TRIBUNE – En parisien issu de l’émigration roumaine et voulant tout prouver à sa seconde patrie le Sénégal , le ministre A. Peytavin, premier administrateur du FMI au nom du Sénégal vers 1961 – 1962 fut remarqué dans son premier speech à Washington par un réquisitoire sans détour sur les conditionnalités trop dures du FMI et milita dans le finale de son discours pour plus de libéralités dans les prêts internationaux et le respect de la souveraineté des états dans la conduite de leur destin économique. 60 ans plus tard, Dakar semble revivifier l’esprit de ce discours héroïque du mohican de l’indépendance.
Le 11 mai 2023, l’accord entre Les autorités sénégalaises et le FMI sur les politiques économiques ponctué par une financement au titre du Mécanisme Élargi de Crédit (MEC) et de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) d’un montant de 1,526 milliard de dollars américains, combinés à la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) d’un montant de 327,1 millions de dollars américains soit plus de 1 100 milliards sur 3 ans est en soit un “milestone”.
Ce montant de 1 100 milliards sur 3 ans est d’abord négligeable si on les compare aux agrégats budgétaires du Sénégal qui plafonnent à plus de 6 000 milliards de Fcfa auxquels il faut agréger à partir de 2024 les recettes issues du gaz et du pétrole. Avec un baril de 60 dollars US ce n’est pas moins 25 000 milliards de Fcfa qui attendent le Sénégal sur 20 ans avec le niveau du dollars US actuellement. C’est une estimation minimale.
Dans ce contexte le FMI n’a plus d’arguments au Sénégal surtout avec la consistance et le substance de l’administration économique et financière de la place Peytavin à DAKAR . Cependant notre Sénégal a besoin de Bretton Woods pour la surveillance et le monitoring de sa lourde dette et un échéancier de son apurement progressif.
C’est un niveau de maturité historique que le Sénégal semble avoir gagné dans son partenariat avec Bretton Woods – FMI et Banque Mondiale – et notre pays est le seul à y parvenir en Afrique au Sud du Sahara après que le Ghana semble y être parvenu avant d’être rattrapé par sa gestion trop hasardeuse et clientéliste de la manne pétrolière et gazière. Un nouveau paradigme se dessine donc pour l’économie sénégalaise qui doit impérativement relever le défi de l’endettement presque explosif et d’une gestion vertueuse de la manne pétrolière gazière avec une gouvernance économique et budgétaire à toute épreuve.
Le seul argument que nos partenaires pourraient brandir serait les lenteurs suspectes dans le traitement de dossier comme l’affaire des 1000 milliards du fond force Covid 19. D’ailleurs ou en sommes-nous avec un projet aussi structurant et intensif en main – d’œuvre comme le PRODAC.
Voici les vrais débats de l’heure. Le Sénégal doit impérativement dépasser une actualité de faits divers pour des débats sérieux d’avenir dignes surtout à l’endroit des gros investisseurs qui scrutent les opportunités économiques de notre pays à l’ère de la ZLECAF avec l’énergie bon marché de notre gaz si abondant.
Dorénavant le Sénégal peut bien se passer des chèques du FMI et appuis de la Banque Mondiale, leur assistance technique semble être le seul élément utile dans le nouveau partenariat qui nous prépare décisivement vers une nouvelle phase- voire une nouvelle cadence – de l’économie Sénégal qui passe de l’arachide, aux services avec les télécom et commerce aujourd’hui, pour aller vers le pétrole et le gaz demain. Exceptionnellement le taux de croissance devrait approcher les deux chiffres, un niveau jamais atteint par notre pays.
Soyons donc maîtres et possesseurs de notre destin économique comme André Peytavin le déclamait haut et fort dans son premier discours à l’Assemblée Générale du FMI et de la Banque Mondiale il y a plus de 60 ans à Washington.
Moustapha DIAKHATE
Ex Cons. Special Pm
Cons. Et Expert Infrastructure
Maderpost / Dakaractu