Les journalistes politiques Assane Samb et Abdoulaye Mbow sont outrés par l’adoption au forcing de la proposition de loi constitutionnelle du PDS portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal ayant abouti au report de la présidentielle jusqu’au 15 décembre 2024.
REPORT PRESIDENTIELLE – Dans un entretien téléphonique accordé à Maderpost, les journalistes et analystes politiques Assane Samb, et Abdoulaye Mbow reviennent sur les bases légales d’un report d’élection. Règles fixées même par la constitution du Sénégal.
”Nous vivons une situation vraiment inquiétante parce qu’elle n’a pas de base légale.la constitution du Sénégal ne prévoit pas une suspension du processus électoral sauf en tant de crises institutionnelles avéré ou en cas de force majeure : tremblement de terre, guerre ou décès d’un candidat.
En dehors de ces cas, ni le Président, ni l’assemblée nationale, ni une quelconque institution ne peuvent bloquer le processus électoral.” déclare M. Samb
Le report des élections semble découler d’une volonté manifeste du président à retenir ces adversaires du Pastef si l’on se fie à ses propos.
” En réalité le président n’a pas voulu partir parce que ça relève des décisions du Conseil constitutionnel qui l’ont surpris à deux niveaux, la validation de la candidature de Bassirou Diomaye Faye malgré le recours qui avait été porté contre sa candidature et le rejet de celle de Karim Wade.
Surtout le cas Diomaye qui lui a posé problème. Dans le schéma du président de la République avec la théorie du “Gatsa Gatsa” , il n’est pas question qu’un membre du Pastef ou quelqu’un d’affilé soit candidats”. Dit-il.
Selon M. Samb l’exécutif et le parlement sont les deux à avoir traîner dans la boue une démocratie sénégalaise longtemps acclamée.
” La première illégalité repose sur le fait que Le président, en faisant son discours à parler de prendre un décret qui annule le décret qui convoquait le collège électoral. Je rappelle que je le décret qui convoquait le collège électoral, était basé sur une loi qui demandait au président de prendre un décret, alors que le décret qui abroge ce décret-là n’est pas basé sur une loi qui permet au président de prendre un nouveau décret d’abrogation.
La deuxième illégalité, l’assemblée nationale qui se réunit soi-disant pour reporter le scrutin, n’a aucune base légale qui lui permet de se réunir” dixit M. Samb.
Dans la même logique, Abdoulaye Mbow, journaliste chroniqueur ajoute : “qu’on le veuille ou non, l’article 27 de la constitution est très clair, Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Le mandat ne pouvait être prorogé d’un seul jour sans donner le rappelle de la clause d’éternité. C’est dommage aujourd’hui que l’on puisse vivre pour la première fois depuis 1963, le non-respect du calendrier républicain qui est l’organisation d’une élection présidentielle au Sénégal “.
Par ailleurs, selon Abdoulaye Mbow une autre alternative assez lucide pouvait être tentée ne serait-ce que pour honorer la démocratie du Sénégal tant louée.
” Cela donne une autre image à la démocratie sénégalaise mais également l’état de droit dans son entièreté. Les députés ont forcé le passage en allant dans le sens de voter une proposition de loi pour proroger le mandat du président. C’est dommage pour la démocratie sénégalaise que l’on puisse donner l’occasion sur la basse de présumé corruption concernant deux juges. Je pense qu’on pouvait trouver un autre subterfuge pour cerner cette problématique et permettre le processus d’aller à terme avec la tenue de l’élection présidentielle au matin du 25 Février 2024″.
En outre, selon lui ce recul démocratique que cette proposition de loi a enfanté pourrait être dans l’avenir un passage justifié bien qu’anticonstitutionnel.
“Nous sommes entrées dans une jurisprudence liée au prorogement de mandat. Demain, si un autre président refait la même chose, on dira que c’est bis repetita “ a indiqué le journaliste Abdoulaye Mbow.
Maderpost/ SGS stagiaire