La grève des travailleurs des collectivités territoriales se poursuit. En cette veille de rentrée scolaire, devant les centres d’état civil, parents et élèves font le pied de grue. Du côté des syndicalistes, l’on estime que, sauf réaction positive de l’Etat, la situation n’est pas près de se décanter.
EDUCATION – Au Centre principal d’état civil de Rufisque, les portes sont closes. Seule affiche lisible sur place, une note d’information datée du 7 août qui annonce une cérémonie de remise de kits scolaires. Sur les raisons et la durée de la fermeture des lieux, aucune information. Les vendeurs installés à côté s’improvisent donc en agents du service d’accueil pour les usagers qui défilent : « ils sont toujours en grève », « ils ouvrent parfois pour une ou deux heures, mais on ne sait pas s’ils délivrent les extraits », « ils n’ouvriront certainement pas ».
Jusqu’à 12h, des usagers espéraient encore voir un travailleur arriver. « Leur grève vient d’avoir du buzz. Ils profitent sûrement de la rentrée pour faire monter la pression », commente ce quinquagénaire qui dit avoir, d’urgence, besoin d’un extrait d’acte de naissance pour faciliter le changement d’établissement de son fils. Il espère cependant qu’un ancien bulletin scolaire sera accepté sous réserve de régularisation ultérieure.
La même ambiance, et l’exaspération que la grève suscite au niveau des usagers des services publics, est observable dans l’essentiel des mairies du département de Pikine. A la mairie de Mbao cependant, les demandeurs de pièces d’état civil affluent. Les travailleurs, ceux qui s’occupent des extraits du registre d’acte de naissances surtout, sont à la limite débordés.
Selon Ndiaga Diop, membre de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales du Sénégal, « près de 95% des travailleurs observent la grève. Il y va de leur intérêt vu qu’il y a une augmentation qui varie entre 80 mille et 300 mille F Cfa en jeu ». Il relève toutefois une exception : « Dans le département de Pikine qui comptent 13 communes, seule la commune de Mbao fait travailler ses contractuels -il faut le préciser- à la place des permanents. » Le syndicaliste considère que la grève porte certes préjudice aux parents d’élèves, mais que toute cette situation est imputable au mutisme et aux engagements non tenus de l’Etat. « Le ministre de tutelle avait promis que le Premier ministre allait nous recevoir après le Magal », rappelle-t-il. En attendant cette rencontre, l’intersyndicale dont Ndiaga Diop est membre, a donc décidé de monter d’un cran. « On observait des grèves de 96h. On ouvrait les lundis. Avec cette promesse non tenue, nous avons corsé la lutte en décrétant 120 heures. Nous prévoyons aussi de remettre ça la semaine prochaine si rien ne change, si l’Etat ne respecte pas ses engagements. Nous sommes tous des parents d’élèves, nous savons que ce n’est pas facile, mais notre seul moyen de pression reste la grève », termine-t-il.
La fin de la grève, Abdoulaye Fané, président de l’Union nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Unapees), l’espère vivement. « Nous vivons une situation très difficile et cette grève a un impact certain sur le système éducatif et universitaire », dit-il.
Des retours qu’il reçoit, les plus affectés par la situation qui prévaut sont les élèves qui doivent s’inscrire au Cours d’initiation (Ci) ou au moyen-secondaire, les candidats aux concours des centres ou écoles de formation, les nouveaux bacheliers qui veulent étudier à l’étranger, etc. « Nous avions même demandé qu’une journée soit réservée aux élèves et étudiants, mais en vain. Nous invitons le gouvernement à négocier, car les populations souffrent, particulièrement nos enfants », poursuit-il.
Le président de l’Unapees demande par ailleurs au ministère de l’Education nationale et aux établissements, d’accepter les pièces d’identification telles que les carnets de santé ou tout autre document pouvant prouver l’identité de l’enfant et, après cette grève, régulariser sa situation.
Les travailleurs des collectivités territoriales ont pour revendications l’application de l’augmentation des salaires aux travailleurs des collectivités territoriales et le relèvement du point indiciaire de 5 points.
Maderpost / Le quotidien