Le Mali, le Burkina et le Niger, respectivement 6e, 7e et 9e économie de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), viennent d’annoncer officiellement leur retrait de la communauté économique régionale le 28 janvier 2024.
CEDEAO – La Guinée a déjà défié la Cedeao après les sanctions qui ont suivi le coup d’Etat mais reste membre pour le moment. Ce qui fait passer le nombre de pays de 15 à 12 (ou 11 + la Guinée). Au Sénégal, on appelle les supporters des lions, le 12e gaindé (ou 12e lion).
Faut-il le rappeler, la Cedeao est créée en 1975 mais ce n’est qu’en 2015 qu’elle est passée d’une zone de libre échange à une union douanière, avec l’entrée en vigueur du tarif extérieur commun (TEC). Elle n’a toujours pas réussi à concrétiser le projet de monnaie unique (l’ECO) depuis plusieurs décennies et les échanges intracommunautaires sont très faibles car n’atteignant pas 15%, en moyenne.
Toutefois, chacun des pays qui viennent d’annoncer leur retrait fait plus de 20% de ses échanges avec des pays de la Cedeao.
Ces trois (3) pays réunis représentent 8% du PIB global et 17% de la population de la Cedeao.
Le Mali risque d’être très affecté par cette décision si l’on sait que 22% de ses importations proviennent du Sénégal et une bonne partie de la Côte d’ivoire. Heureusement ses exportations vont essentiellement vers l’Afrique du Sud et la Suisse (de l’or surtout). Le coton est le deuxième produit exporté par le Mali.
Le Burkina exporte principalement de l’or, du coton et des noix de cajou. Le Mali est son deuxième client et la Côte d’ivoire, 5e. D’ailleurs si on enlève l’or que le Burkina exporte vers la Suisse, c’est le Mali qui devient la première destination des exportations. Les importations proviennent surtout de la Chine et de la Côte d’ivoire.
Quant au Niger, il exporte essentiellement de l’or, de l’uranium et des hydrocarbures. Ces produits vont vers le Mali et le Nigeria mais surtout vers la France et les Emirats arabes unis. La Chine, l’Inde et la France sont ses principaux fournisseurs.
Globalement ces 3 pays échangent beaucoup avec les autres pays de la Cedeao surtout en excluant l’or non monétaire et les produits miniers qui sont surtout vendus en Europe, en Asie et en Australie. Reste à savoir ce qu’ils feront par rapport à leur appartenance à la zone CFA et à l’Uemoa.
Si le Maroc peut postuler comme membre de la Cedeao tout en étant membre de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) dont il abrite le siège, le Burkina, le Mali et le Niger doivent pouvoir sortir de la Cedeao tout en restant dans l’Uemoa.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD
Maderpost