S’il y a un vendredi qui ne débute pas comme les autres, c’est celui-ci. Un ajuma à faire perdre nos babouches, tant il installe le doute, alors que nous étions convaincus, il y a seulement quelques jours, de notre invincibilité au Mondial qatari.
De l’euphorie soporifique à l’humilité normalisée par la douche batave, nous voilà à redouter de finir rôti sur un lit de riz assaisonné, accompagné de salade et de sauce d’un bon majboos au lion.
D’où la psychose de tomber de Charybde en Scylla.
Comme si les Qataris, de leur côté, ne craignent pas de faire leurs adieux, à domicile, de leur Coupe du Monde, qu’ils organisent á prix d’or, sous le regard mauvais d’un Occident désappointé par les cultures arabes, africaines regardantes et à cheval sur leurs valeurs.
Assurément, ce vendredi ne commence pas comme les autres. La tonalité matinale en témoigne.
L’humour passe par accroc dans les mailles du filet, telles des feuilles mortes tombant sur un pré jaune débordant de raccrocs.
Acides que nous sommes, par les offensives lactiques d’un suc gastrique qui va nous remonter jusqu’à 13h00 et plus, si la bande à coach Cissé, nous fait le malin plaisir de nous infliger des crampes d’estomac.
Jamais mon fidèle ami Maalox ne me sera aussi proche qu’en ces moments d’angoisses permanentes servies par la tanière.
Cela dit, si c’est la peur au ventre que nous devons faire face aux milliardaires du Qatar, autant faire les valises, prendre congé des pétrodollars et des Incas, et nous remettre à l’ouvrage pour d’autres rendez-vous.
Mais non ! Ce serait trop facile, indécent et anti-Ceddoo.
On y est, on y reste, le plus longtemps possible ne serait-ce que pour le plaisir d’aller plus loin qu’en 2002. Pour un challenge sportif, mais aussi pour changer un certain monde de sa perception du football cartésien, que déroulerait une pseudo suprématie, dont je tais la mélanine par décence á l’homme de couleur que je suis.
Rarement une Coupe du monde n’a autant charrié de condescendance et d’irrévérence. Il est heureux qu’Infantino ait pris le clairon, pour siffler la fin de la partie civilisationnelle engagée par un Occident convaincu que tout le reste n’est que culture après sa civilisation.
Je ne vois pas pourquoi je sors du match, pour parler des coulisses. La peur sans doute d’un vendredi pas comme les autres. Qui vous prend les tripes et vous fait raconter n’importe quoi, par la crainte du pire.
Encore que ce n’est pas la confiance qui manque.
Parce que s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que nos Gaindés sortiront leurs griffes, pour se faire respecter, et offrir á l’Afrique noire, sa première victoire dans ce Mondial de toutes les bizarreries.
Ils ne peuvent faire autrement que prendre le meilleur, quitte à le faire sans la manière, en attendant de déguster le Maito de pescado le 29 novembre prochain.
D’ici là, je suis au Maalox, je ne vous conseille pas d’en faire autant, mais d’envoyer plutôt des ondes positives à la bande d’Aliou Cissé.
Moi avoir peur du Qatar après avoir juré mordicus que la coupe viendra à Niayes Thokers. Cey Sénégalais ! Qui l’eut dit.
Maderpost / Charles Faye