A partir de lundi, il n’y aura plus d’audiences dans les cours et Tribunaux pour une durée de trois semaines. Décision prise par Me Malick Sall, le ministre de la Justice. Il explique sa décision par le fait que les audiences concentrent beaucoup de personnes. Et que la mesure a été prise pour protéger les détenus contre le Covid-19. JUSTICE – Entendons-nous bien : comme tous les Sénégalais, je suis sensible à la lutte contre le Coronavirus. Je soutiens parfaitement toutes les actions du gouvernement en faveur de ce combat. Mais je le dis tout de suite : je ne pense pas que la décision du ministre de la Justice soit bonne. En effet, le ministre annule les audiences, mais n’annule pas les déferrements. Il ne peut d’ailleurs pas le faire. Ce ne sont pas dans ses prérogatives, car cela équivaudrait à fermer les commissariats, brigades de gendarmeries et postes de police dont la mission est de défendre les personnes et leurs biens, de traquer et mettre hors d’état de nuire les malfaiteurs en les confiant à la justice. Et les dispositions du Code de procédure pénale ne donnent à ces officiers de police judiciaire qu’une possibilité de garder à vue un mis en cause durant 48 heures, renouvelable une fois (sauf dans certaines infractions comme l’atteinte à la Sûreté de l’Etat, de terrorisme… où les délais de garde à vue sont plus longs). On le sait, tous les jours, sauf les week-end, tout ce que les régions comptent de brigades de gendarmerie, de commissariats de police et de postes de police conduisent à la cave des palais de justice les personnes qui ont commis des infractions. Des centaines de personnes sont placées sous mandat de dépôt quotidiennement dans les 37 prisons que compte le Sénégal. Si on reste 30 jours, sans organiser une seule audience, les milliers de nouveaux pensionnaires finiront par rendre nos prisons invivables. Des prisons qui souffrent déjà de vétusté et de surpopulation carcérale. Humblement, je pense que le ministre peut empêcher les rassemblements dans les salles d’audience, tout en évitant d’encombrer davantage les prisons, en décidant tout simplement de faire tenir les audiences à huis clos. Les innocents regagneront rapidement leurs domiciles, les coupables seront fixés sur le sort, les prisons respireront mieux et le Coronavirus pourrait épargner nos geôles. Mais, si le ministre maintient sa décision, la promiscuité qui sera exacerbée par cette nouvelle mesure pourrait ne pas être sans conséquence : on luttera contre le coronavirus, mais on risque de faire face à d’autres fléaux. Je pense que le ministre ignore combien les prisons Sénégalaises sont encombrées. Par exemple : rien que Rebeuss qui a une capacité théorique de 550 détenus, héberge aujourd’hui plus de 2500 pensionnaires. Si on ajoute tous les jours pas moins 50 détenus pendant 21 jours au moins sans qu’aucun n’en sorte, qu’est-ce qui adviendrait ? Encore que cette nouvelle mesure n’est pas de nature à épargner les détenus du Covid-19, parce qu’à ce jour, il n’y a aucun test effectué sur les détenus fraichement placés sous mandat de dépôt. Eux-mêmes pourraient introduire le coronavirus dans les prisons. C’est mon avis. Maderpost / IGFM / Daouda MINE]]>
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