Le député Moustapha Guirassy s’est illustré sur le prétoire de l’Assemblée nationale en allant sur un terrain à risque sur lequel beaucoup n’osent s’aventurer même s’ils pensent la même chose, c’est-à-dire le leadership culturel assumé et exprimé depuis le département non pas comme étant l’expression unique de certains aspects folkloriques de la culture mais comme étant la sève nourricière et le soubassement du développement social et économique dont la culture en est au début et à la fin, comme le disait le premier président du Sénégal, feu Léopold Sédar Senghor.
Le député a osé et ce n’est pas le ministre Abdoulaye Diop connu pour son cursus et son adhésion au leadership culturel qui dira le contraire, même s’il a été apostrophé sur une question aussi sérieuse que celle soulevée par Guirassy invité à prendre la parole dans un registre passant souvent pour une séance de foire à la “xawaree” à l’Assemblée nationale.
L’invitation faite au ministre de la Culture d’opérer une révolution culturelle dépassant l’approche des aspects spectaculaires et événementiels de la culture pour une transformation de la culture mettant en place les termes de la transformation de notre société à partir de la culture, recoupe historiquement les préoccupations et la vision de Senghor.
Vision senghorienne que le successeur, Abdou Diouf, ne suivra pas. D’une part, parce la désenghorisation s’invitait dans un nouveau projet politique se voulant “plus pragmatique et moins aérien”, donc “moins culturel”, et parce que, d’autre part, la “libéralisation” à outrance dictée par les “politiques d’ajustement politique” imposées par les institutions de Bretton Woods et la volonté affichée et rapidement torpillée de réprimer l’enrichissement illicite, perdront Abdou Diouf et le processus d’un développement social et économique bâti sur le socle d’une culture aussi leader que charismatique.
On comprend dès lors que Guirassy en fils d’un terroir riche d’us, coutumes, traditions et culture interpelle le ministre et rappelle une voie non négligeable, voire incontournable dans le processus de développement social et économique.
« Vous devez avoir le courage, je veux voir l’impact des dahiras dans les entreprises, écoles, universités diaspora et dans les différentes capitales et ce que ça fait en termes d’encadrement de nos jeunes, comment c’est devenu un levier de transformation vers quelque chose de plus sain », dit-il, comme pour rappeler qu’il y a dans la notion du savoir-servir du talibé, un leadership non étudié et exploité pour une emprise nouvelle et porteuse des germes d’un projet nouveau conforme aux réalités sénégalaises.
«On ne sent pas le positionnement du ministre de la Culture, il y a comme une peur d’être apprécié négativement et une sorte de connexion de complicité avec la religion, on a peur de cela, il faut de l’audace», conclut le député. Le terme n’est pas lâché, mais il résonne clairement. Le Talibéship au service du savoir-servir, sa famille, son quartier, sa commune, son département, sa ville, sa région, son pays. Un vrai programme culturel.
Maderpost