Le Journal de l’économie sénégalaise (Lejecos) propose chaque année une analyse de la situation tendancielle du marché bancaire sénégalais. Pour cette année 2023, il sera en plus question de tracer les perspectives d’évolution. Les données analysées ont été recueillies auprès des acteurs du marché puis retraitées par Lejecos.
SENEGAL – Au 31 décembre 2023, le secteur bancaire du Sénégal compte trente-trois (33) établissements de crédit, dont vingt-neuf (29) banques et quatre (04) établissements financiers à caractère bancaire, à la faveur de l’agrément de l’Algerian Bank of Sénégal. En termes d’implantation géographique, Dakar occupe la première place bancaire de l’Union Monétaire Ouest Africain(UMOA) suivie de la Côte d’Ivoire qui concentre trente-deux (32) établissements de crédit.
A moyen terme, il est plus probable que le paysage puisse connaitre de nouvelles implantations de banques, notamment dans un contexte d’exploitation des ressources naturelles qui constituent des gisements d’opportunités commerciales et financières.
Avec 19,5% des actifs totaux de l’UMOA, la taille du marché bancaire local est dense. Le Sénégal arrive en deuxième position après la Côte d’Ivoire, avec une part de marché de 33,7%. Ils sont suivis du Burkina (13,8%), du Mali (11,5%), du Bénin (9,7%), du Togo (7,3%), du Niger (3,8%) et de la Guinée-Bissau (0,7%).
Le marché sénégalais est relativement diversifié avec une configuration bancaire comprenant quatre (04) catégories d’opérateurs : les banques à vocation universelle avec un réseau dense, celles ayant un réseau de petite taille, les banques ne disposant pas de réseau et celles avec des domaines d’activités spécialisés.
Le secteur présente un caractère oligopolistique avec quatre (04) banques de type établissements bancaires d’importance systémique (EBIS) qui détiennent 30,0% de la part du marché local en termes de bilan, 29,7% des emplois, 30,4% du portefeuille de crédits, 32,5% des ressources et 32,1% du volume des dépôts. Ils contribuent à hauteur de 45,7% au résultat net du secteur bancaire.
Sur le plan réglementaire, l’écosystème bancaire s’est enrichi de nouvelles dispositions avec des implications attendues sur le financement de l’économie, l’inclusion financière et la protection des clients. Il s’agit d’une part du relèvement du capital social minimum des banques de l’UMOA qui est passé de dix (10) à vingt (20) milliards de FCFA, et d’autre part de l’adoption de la nouvelle loi uniforme portant réglementation de l’activité bancaire et celle relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
A l’instar des autres places bancaires de l’UMOA, le marché sénégalais a été confronté à la hausse des taux directeurs liée à la situation économique conjoncturelle. L’activité bancaire a été particulièrement caractérisée par le resserrement des politiques monétaires en 2023. Ainsi, pour faire face aux pressions inflationnistes, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a poursuivi sa politique de relèvement des taux d’intérêt qui sont passés de 2,75% en janvier, à 3,25% en septembre et 3,50% en décembre 2023.
Les perspectives d’évolution du secteur bancaire restent tributaires de la hausse des taux directeurs et de l’inflation qui demeurent à des niveaux élevés. La poursuite de la digitalisation, qui bouleverse les modèles bancaires traditionnels, le développement de nouveaux produits et services plus adaptés aux besoins spécifiques des clients, de même que la prise en charge efficiente des risques liés aux changements climatiques, l’impact de la réglementation de Bâle III et la nouvelle loi uniforme sur l’activité d’intermédiation, ainsi que l’amélioration de l’inclusion financière, sont autant de facteurs qui devront contribuer à renforcer le rôle du secteur dans l’économie.
Maderpost / Lejecos