Le gouvernement de guerre ou anti-Sonko mis en place samedi dernier à la faveur de la nomination du Premier ministre Amadou Ba pour apporter des réponses sociales et économiques aux nombreuses attentes des Sénégalais, cap pour l’après Macky Sall, c’est-à-dire la concrétisation des termes de références et performances cadrant avec loyauté et attachement aux valeurs APR mais aussi avec succès politique parce que l’avenir du deal dépend de l’empreinte que l’équipe gouvernementale laissera aux Sénégalais au premier jour de la campagne électorale du premier tour de la présidentielle de 2024.
POLITIQUE – Les dés sont jetés, les jeux sont faits. Le Président Macky Sall a nommé ses proches, placé ses hommes de confiance. Ne faisons pas attention aux patronymes même s’ils ne manqueront pas de faire jaser. A coup sûr. C’est une question de temps. Mais la question n’est pas là. Le président a fait un choix, qui rentre dans les limites de ses prérogatives que lui confère la Constitution, celle de choisir ses hommes.
Par contre, on y reconnaitra des anti-Sonko avérés. Ce qui se comprend. Une logique « républicaine » qui veut que la bataille fasse rage pour lui barrer la route. A défaut d’un troisième mandat, ce sera du « tout sauf Sonko ».
Telle est la lecture que nous faisons du nouvel attelage gouvernemental piloté par celui que personne n’attendait à la primature, tant tout montrait que le Président Sall avait fait une croix sur lui.
Sauf que, contrairement à tout ce qui se dit dans la maison marron-beige, le largage de Mimi Touré en plein orage parlementaire a autant fait mal dans les rangs qu’il a emmené Roume à reconsidérer la feuille de route présidentielle.
De maitre du jeu, le leader est devenu joker. Un Joker de luxe qui ne se contentera pas cependant de suivre depuis les gradins une course se jouant sans lui, sous ses yeux. A défaut d’enfourcher lui-même le cheval du parti, il prendra le fouet pour que le projet successoral ne souffre d’aucune défaillance et ne soit surtout pas partant au deuxième tour de la présidentielle 2024.
C’est dire qu’elle est la nouvelle réalité de la gouvernance du locataire de Roume. Une présidence de transition pour les 17 mois à venir, pendant lesquels Amadou Ba et son équipe devront non seulement faire face : aux inondations ; aux hausses des prix des denrées de première nécessité ; de ceux des hydrocarbures ; de l’accès à l’eau ; aux problèmes et grèves récurrentes dans les secteurs de l’éducation et de la santé, etc.
Mais encore gagner le cœur des Sénégalais et par conséquent des électeurs pour inverser la courbe électorale favorable à l’opposition au regard des législatives de juillet dernier.
Il faudra sans doute attendre le décret de répartition qui donnera une claire idée de l’orientation que le Président prendra pour ses 17 prochains mois, mais a l’issue desquels son équipe et lui auront soit réussi ou échoué à faire converger les électeurs vers leur projet.
Car autant Macky Sall attend beaucoup de ses hommes pour savoir jusqu’où il ira, autant Amadou Ba sait avoir 17 mois pour prouver aux Sénégalais qu’il peut être leur président. Cela dit, il importe aussi pour le nouveau chef du gouvernement de savoir qui de lui ou de Abdoulaye Daouda Diallo sera le mieux servi par le décret de répartition, autrement dit de savoir qui des deux aura la main libre pour aller jusqu’au bout d’un projet obscur et lent à se dessiner.
Non sans oublier qu’en face, les autres ne seront pas manchots. Ousmane Sonko n’ayant pas dit son dernier mot, tout comme Khalifa Sall, Karim Wade, les autres opposants et une certaine Mimi Touré qui a une carte à jouer.
C’est dire quelle est la densité des nouveaux enjeux si tant on peut les considérer comme tels, mais surtout qu’il va de la nécessité pour le Président Macky Sall de faire au mieux dans ces 17 prochains mois afin de laisser aux Sénégalais une empreinte indélébile de son passage et du président historique qui organisera une présidentielle à laquelle il n’est pas partie prenante, ou un peu peut-être…
Maderpost