Alors que les États-Unis commémorent les vingt ans des attaques, les audiences préliminaires des cinq présumés coupables des attentats du 11 septembre 2001 à Guantanamo Bay commencent cette semaine, après une pause d’un an et demi en raison de la pandémie.
ETATS-UNIS – Les cinq hommes, emprisonnés depuis quinze ans dans la prison de la base navale américaine de Guantanamo, au sud-est de Cuba, n’ont plus comparu depuis le début de l’année 2019, avant que la pandémie de Covid-19 ne mette la procédure à l’arrêt.
Khalid Cheikh Mohammed, considéré comme le cerveau présumé du 11-Septembre, Ammar al-Baluchi, Walid bin Attash, Ramzi bin al-Shibh, et Mustafa al Hawsawi, accusés de « meurtre » et d’« actes terroristes », comparaîtront dans une salle d’audience sous haute sécurité, entourée de grillages avec barbelés. Ils risquent la peine de mort.
Leur procès, qui relève d’une justice militaire d’exception, devrait reprendre comme il s’est arrêté, avec une défense invoquant des actes de tortures, lorsque les accusés étaient aux mains de la CIA, pour faire invalider la plupart des preuves avancées par les autorités américaines.
La procédure est menée par un nouveau magistrat militaire, le colonel Matthew McCall, qui est le huitième à s’en emparer. L’officier a fait comprendre qu’il ne se précipiterait pas, en décidant que l’audience mardi serait consacrée à ses propres qualifications. Il entend passer le reste de la semaine essentiellement en réunions avec l’accusation et la défense.
Un procès à l’issue aussi lointaine qu’incertaine
Il pourrait s’écouler encore des mois, voire plus d’une année, avant que le procès n’entre dans sa phase vraiment décisive, au vu des très nombreux recours déposés par les avocats de la défense pour obtenir des pièces confidentielles que le gouvernement refuse jusqu’ici de livrer, que cela concerne le programme de torture, les conditions de détention à Guantanamo ou la santé des accusés.
La défense fait valoir que les cinq accusés portent encore les séquelles des tortures infligées par la CIA, pendant leur détention dans les prisons secrètes de l’agence de renseignements entre 2002 et 2006. Sans compter, selon leurs avocats, l’effet de quinze ans d’emprisonnement dans des conditions de grand isolement. Elle veut aussi entendre des dizaines de témoins supplémentaires, en plus des douze ayant déjà défilé devant la juridiction militaire, notamment deux hommes ayant supervisé le programme d’interrogatoires de la CIA.
Torture
« Il n’y a aucune chance qu’il puisse y avoir un jour un procès équitable, estime Alka Pradhan, l’avocate de l’un des accusés. Non seulement parce que la torture qu’ils ont subi était odieuse et illégale, mais aussi parce que Guantanamo est l’endroit où le programme de torture se déroule. Lorsque les États-Unis veulent rendre la justice, ils mènent les suspects dans des tribunaux normauxet ils les jugent selon les mêmes règles que tout le monde. C’est le but de notre système judiciaire. Lorsqu’ils veulent cacher des choses, ils emmènent les gens à Guantanamo et ils créent un tout nouveau tribunal et c’est exactement ce qu’ils ont fait pour ses hommes. Non seulement ils sont physiquement et mentalement brisés mais tout le processus est corrompu. Le gouvernement œuvre par le biais de règles qui lui permettent de faire de la rétention d’information et qui lui permettent de choisir ce qu’il veut bien nous divulguer ou pas alors que l’on parle de condamnations à mort. Donc en aucun cas peut-on parler d’un procès équitable. »
Alka Pradhan rejette la responsabilité des longs délais sur le gouvernement américain, rappelant qu’il a fallu six ans pour admettre que le FBI avait participé au programme de torture de la CIA.
Maderpost / Rfi